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Mise en concurrence

RATP : contre la grève, Pécresse veut accélérer la privatisation

Dans une interview au Parisien, Valérie Pécresse a annoncé mercredi avoir "tiré des enseignements de la grève" et vouloir "accélérer l'ouverture à la concurrence de la RATP", dès 2023 pour les Transiliens puis 2030 pour les métros et RER. À peine cachée par l'argument inlassablement répété depuis le 5 décembre du "droit des Français à aller travailler", il s'agit d'une nouvelle attaque dans la campagne de répression envers les grévistes.

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Crédit photo : RTL

La loi LOM -loi d’Orientation des Mobilités- prévoit l’ouverture des lignes de la RATP à la concurrence en 2039, et 2033 celles des lignes RER partagées entre la SNCF et la RATP. "C’est trop tardif" selon Valérie Pécresse, la conseillère régionale d’Ile de France, qui justifie cette ouverture à la concurrence anticipée en avançant une prétendue "amélioration de la qualité de service" et des avantages pour les voyageurs. Il s’agissait déjà des arguments utilisés par le gouvernement pour la SNCF, qui a vu ses lignes TER et Intercités s’ouvrir à la concurrence en décembre dernier. Mais pour certains spécialistes, rien n’est moins sûr. "L’ouverture à la concurrence ne garantit en rien une baisse des prix favorable au voyageur ; ceux-ci pourraient même remonter" ont écrit deux économistes, Frédéric Cherbonnier et Marc Ivaldi, dans le journal Le Monde.

Si Valérie Pécresse dément dans le Parisien, la stratégie est claire : faire un grand pas vers la privatisation de la RATP. Derrière une prétendue baisse des coûts et une amélioration fictive du service pour les voyageurs, c’est un argument avec lequel les Français sont devenus familiers depuis début décembre qui pointe le bout de son nez : le fameux « droit de travailler ». "Le droit de grève doit être respecté. Mais le droit des Français à aller travailler doit l’être tout autant]" a ainsi déclaré Pécresse au Parisien. "L’entrave au droit de travailler", c’est également ce qui est reproché à Alexandre, machiniste du dépot de Vitry menacé de licenciement.

"C’est « Vite, vite mettez la en concurrence comme ça la RATP ne nous embêtera plus  » !" explique Elodie, machiniste du dépôt de Fontenay-aux-roses. Et ça, Valérie Pécresse ne le cache pas. Elle dit dans son interview au Parisien avoir "tiré des enseignements de la grève". Le principal enseignement ? Resserrer l’étau sur les agents de la RATP et étouffer toute contestation. "Elle veut avancer l’ouverture à la concurrence. Pourquoi faire ? Tout simplement parce qu’elle est en train de se dire qu’en province ce n’est pas la même mobilisation que sur Paris quand la SNCF et la RATP se sont mis en grève. C’est une dame qui croit fermement que l’ouverture à la concurrence ça va faire que nous, agents de la RATP, on ne va plus ouvrir nos bouches par peur de perte de l’emploi" analyse Elodie. Dans les régions où les transports en communs sont privatisés, comme à Lyon avec la société TCL (Transport en Commun à Lyon), la mobilisation contre la réforme des retraites n’a pas eue la même ampleur que celle de la RATP, et c’est bien ce que recherche Pécresse.

"Si une telle grève se reproduit, il faut qu’on ait un plan B", insiste Pécresse. Puisqu’ envoyer la police sur les piquets matraquer, gazer et embarquer les grévistes et les soutiens ou menacer les noyaux de la grève ne suffit pas pour mater la détermination des travailleurs de la RATP, il ne lui reste effectivement qu’un plan B : accélérer la mise en concurrence et donc la privatisation. Elle ne cache pas sa volonté de restreindre par tous les moyens possibles le droit de grève des agents, et revendique l’obligation à se déclarer en grève 72h à l’avance. "C’est encore un moyen de mettre mal la grève en prévoyant tous les services en avance… C’est vicieux" répond Elodie.

A peine couvert par les arguments devenus lassants du droit de travailler et de prétendus avantages aux usagers, Pécresse montre le vrai visage de l’ouverture à la concurrence et de la privatisation : celle de la répression des travailleurs et de la casse du droit de grève. Une campagne que le gouvernement mène main dans la main avec la direction de la RATP qui, après avoir réprimé violemment les piquets en décembre, cherche tous les moyens possible pour casser le mouvement qui a soudé les grévistes et étouffer toute contestation future.


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