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Après les fonctionnaires, les chômeurs

Réduction des indemnités et contrôles drastiques : Macron s’attaque aux chômeurs

L’humour de répétition à propos du programme inconnu d’Emmanuel Macron se tarit peu à peu : après avoir exposé ses propositions pour la sécurité, qui comprennent 10 000 flics en plus et 15 000 nouvelles places de prisons, il a annoncé vouloir supprimer 120 000 fonctionnaires ! En bon progressiste, Emmanuel Macron a décidé de supprimer moins de fonctionnaire que François Fillon. Et son programme social ne s’arrête pas là ! Face au chômage, l’ex-banquier souhaite non seulement en finir avec l’assurance-chômage assurantielle, mais souhaite aussi mettre au pas les chômeurs. Retour sur les propositions que le champion de la bourgeoisie a exposé aux Echos vendredi dernier.

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Emmanuel Macron peut-il toujours se donner l’étiquette de « candidat progressiste » ? Ses dernières propositions pour l’économie et l’emploi questionneront sûrement son électorat tant celui-ci est loin de satisfaire les besoins d’une population dont 10% des travailleurs est au chômage, qui subit la précarité au quotidien et qui voit sa retraite s’éloigner petit à petit. Parmi ses propositions, de nombreuses concernent la question du chômage. L’idée est simple : Emmanuel Macron souhaite séduire tous les « entrepreneurs », petits patrons et artisans à qui il promet une assurance chômage pour les indépendants. En échange, il promet de contrôler encore plus les chômeurs, non seulement en détruisant ce régime assuranciel par la nationalisation de l’UNEDIC, mais aussi et contrôlant les contrôleurs d’emploi de façon plus drastique voir en obligeant ceux-ci à accepter un emploi, quand bien même celui-ci serait à mille lieues des compétences et des envies du dit chômeur.

Nationaliser l’UNEDIC pour détruire l’assurance-chômage : Macron veut une France comme dans Moi, Daniel Blake

Le candidat avait déjà annoncé quelque chose qui s’annonce être un tremblement de terre pour tous les chômeurs : en annonçant en décembre qu’il voulait supprimer les cotisations chômages et le remplacer par une hausse de la CSG, le candidat annonçait vouloir nationaliser l’UNEDIC. Cette nationalisation, et le passage d’une logique assurantielle (où chacun cotise et reçoit des droits correspondants) à une logique de principe de solidarité : beaucoup plus de monde est couvert, mais l’est beaucoup moins. Globalement, cela permet surtout pour l’Etat et le patronat de moins payer à la fin. De surcroit, la nationalisation de l’UNEDIC permet à un Etat au service du Medef de faire ce qu’il veut du chômage, et ce, sans que les partenaires sociaux (les syndicats) s’en mêlent. In fine, les travailleurs sont moins représentés dans le processus de décision, et moins bien assurés à la fin.

Et cela se voit dans le calcul du candidat : aujourd’hui, l’assurance-chômage, qui représente 2,4% du salaire brut, donne 30 milliards d’euros pour les chômeurs. En supprimant cette assurance et en le remplaçant par un impôt, la CSG, par une hausse de 1,7 points. Or, cette hausse de 1,7% rapporterait environ 18,7 milliards d’euros, soit plus de 11 milliards d’euros de moins pour rembourser les chômeurs. Dans la pratique, les indemnités chômages seront bien moindre, comme en Angleterre où le chômage représente un peu moins de 300£ par mois et ce, quel que soit son revenu.

Contrôles drastiques sur la recherche de l’emploi et chantage aux versements : Macron se la joue Tony Blair

Moins payer les chômeurs ne suffit pas pour Emmanuel Macron : il faut aussi pouvoir mieux les contrôler ! Et ce contrôle se fera par plus de contrôle par le Pôle Emploi de ce que fait le demandeur d’emploi. Dans les faits, il propose qu’à l’arrivée à Pôle Emploi, un bilan de compétence soit fait, avant d’être dirigé vers une formation « vraiment qualifiante ». Jusque là, on pourrait se dire que les salariés auront plus de chance de retrouver un travail. Sauf que Macron explicite ensuite le fond de sa pensée : une fois formé, le salarié « devra accepter les offres qui lui sont proposés ». En fait, tous les chômeurs seront orientés vers des formations dont les grandes entreprises ont besoin, même si celles ci ne correspondent pas du tout aux envies du salarié, et il pourra ensuite être obligé d’accepter un emploi loin de ses compétences, grâce à un chantage aux droits par l’administration. Cette politique rappelle celle que Sarkozy avait mise en place en 2008 avec sa loi sur les « devoirs des chômeurs ». Déjà, l’idée d’obliger quelqu’un à prendre un emploi avait émergé, avec évidemment beaucoup de méfiance. Finalement, le candidat précise que « toute prestation sera conditionnée aux efforts de recherche, avec un contrôle drastique » : cela rappelle Daniel Blake, dans le récent film de Ken Loach, errer toute la journée à distribuer au hasard des CV même s’il ne peut pas travailler pour des raisons de santé.

Assurer les indépendants au détriment des ouvriers : le banquier de Rothschild drague son électorat

Car si tout ce programme ne plaira évidemment pas à toutes celles et ceux qui travaillent au quotidien pour guère plus qu’un SMIC, celui-ci a évidemment une « cible électorale ». Celle-ci, ce sont les petits entrepreneurs, les artisans, les patrons des PME, lesquels seront maintenant aussi protégés du chômage. Ces « indépendants », en libéral, pourront en effet accéder à ces droits, et c’est cet électorat, bien loin des salariés des grandes multinationales, exploités à longueur de journée, que le candidat cherche à séduire. Une population, qui, si elle subit au quotidien la pression des grandes entreprises qui cherchent aussi à faire leurs marges sur ces travailleurs en libéral, n’a en fait aucun intérêt à niveler par le bas des droits qui de toute façon ne les protègeront pas.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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