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Entretien avec Santiago Palazzo

Reggae sans frontières : Rototom Sunsplash festival

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Se joue en ce moment dans l’Etat espagnol le plus grand festival de reggae au monde, le Rototom Sunsplash festival. Tous les ans, plusieurs milliers de personnes venues de tout pays se déplacent vers Bénicàssim pendant 7 jours pour y écouter des groupes de différentes nationalités. Ce festival alternatif haut en couleurs musicales, qui prône des valeurs de paix, de solidarité et d’écologie, est mondialement reconnu. Eau recyclée, emballages biodégradables, éclairages led, plantation d’arbres… chaque année le festival tient au centre de son attention la question écologique et tente de faire au-delà d’un simple festival de musique un lieu de réflexion sur les questions environnementales mais aussi sur l’internationalisme et la question de la solidarité, en reversant une partie des recettes à plusieurs ONG.
En parallèle des concerts se jouant sur les 4 scènes, ont cours discussions et débats culturels.
La Izquierda Diario a recueilli le témoignage de Santiago Palazzo qui s’occupe de la radio du festival et de l’émission de radio La De Dios en Argentine. Il nous parle de cette 13e édition du Festival Rototom Sunsplash qui a lieu en ce moment du 13 au 20 août.

Ezequiel Montpellier

Santiago Palazzo qui s’occupe de la radio du festival et de l’émission de radio La De Dios en Argentine nous raconte : « La première fois que je suis allé à Rototom, c’est la dernière année où il se passait en Italie à Osoppo. À cette occasion, j’y suis allé avec une accréditation presse et je suis tombé amoureux du festival. Il se déroulait pendant dix jours et mon émission de radio La De Dios fut le premier média d’Amérique du sud à le couvrir. Depuis, j’y suis retourné chaque année pour couvrir le festival et, il y a quatre ans, on m’a proposé de faire partie de l’organisation de l’émission de radio du festival : Radio Rototom, et cela me plait beaucoup. »

Santiago nous explique qu’après 2010 le festival a dû migrer de l’Italie vers l’Espagne, lorsque le gouvernement de Berlusconi commença à poursuivre ses organisateurs en les accusant de promotion du cannabis. Santiago Palazzo nous raconte dans quel contexte il a crée son émission de radio en Argentine, La De Dios, dont le nom fait référence à l’expression utilisée par Diego Maradona pour qualifier son fameux but marqué avec une main.

« La De Dios commence au début de l’année 2003, à un moment où il y a justement peu de musique jamaïquaine en Argentine. Ce genre musical avait pourtant connu une forte effervescence pendant les années 80 et 90 avec des groupes comme “La Zimbabwe”, “Los Pericos” et “Los Fabulosos Cadillacs”. J’ai toujours aimé la musique jamaïquaine, le reggae et j’ai proposé de donner plus d’espace à ce genre de musique »

Santiago Palazzo analyse la situation actuelle des groupes de reggae en Argentine. Il distingue dans un premier temps les groupes qui peuvent vivre des recettes de leurs disques et spectacles, comme “Dread Mar I”, “Los Cafres”, “Los Pericos” ou “Fidel Nadal”. Dans un second temps, il y a des groupes assez connus mais dont la plupart des membres du groupe ne peuvent pas vivre de la musique et ont besoin d’une entrée d’argent supplémentaire. Et dans un troisième temps, la majorité des groupes de reggae, au moins une centaine de groupes et d’artistes, ceux qui ne peuvent pas vivre de leur musique et qui ont pourtant une production musicale de très grande qualité.

Rototom n’est pas seulement un festival de musique reggae et de musique jamaïquaine, il comprend d’autres genres comme le ska, le dub et le dancehall. Parmi les artistes qui ne font pas de reggae et qui ont participé au festival, il y a par exemple Calle 13, Morcheeaba, Cheb Khaled… et cette année ce sera le tour de Manu Chao.

Pour Santiago, un autre aspect qui fait de Rototom un festival alternatif c’est « ce que les organisateurs appellent du parrainage éthique, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de pollution visuelle, pas de marques pouvant faire leur publicité, c’est un festival qui fonctionne sans sponsor alors que la plupart des festivals fonctionnent avec et sont donc dépendants économiquement des marques. »

Le festival compte des espaces culturels et un Forum Social où se tiennent des conférences avec des intellectuels, comme le sociologue Zygmunt Bauman. Cette année « le Forum Social aura pour thème la crise économique avec de nombreux conférenciers, j’ai eu l’occasion de participer à certains débats avec les membres de Cultura Profética de Puerto Rico et Alerta Camarada de la Colombie ». En parallèle de nombreux débats se tiennent, comme un débat sur le rôle de l’Europe en ce qui concerne les politiques migratoires par exemple.
Santiago nous parle du groupe Sierra Leone’s Refugee All Star, qui s’est formé dans un camp de réfugié en Guinée dans les années 90 en fuyant la guerre au Sierra Leone : « J’ai eu l’occasion de les interviewer et ils m’ont raconté comment ils se sont connus et comment ils ont commencé à composer avec des instruments acoustiques, comment la Croix Rouge, Médecins Sans Frontières et des psychologues, leur ont expliqué l’importance de pouvoir réunir les réfugiés qui allaient les voir jouer. Je crois que ceci est un bel exemple et que la musique a une dimension révolutionnaire ».


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