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Obama en Allemagne

Rejet massif du traité de libre échange transatlantique impulsé par Obama et Merkel

Samedi dernier, à Hanovre en Allemagne, s’est déroulée une manifestation massive visant à s’opposer à la conclusion du TTIP entre les Etats-Unis et l’Union européenne, impulsé par Obama et Merkel, dans un contexte de difficultés économiques aggravées. Guadalupe Bravo Trad. N. Kirmizi

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Le président étasunien Barack Obama vient d’effectuer sa dernière visite en Allemagne en tant que chef d’État. A l’agenda d’Obama et d’Angela Merkel, des discussions et des échanges sur la situation mondiale, centrés autour du projet de nouveau traité de libre échange entre les Etats-Unis et l’Union Européenne.Tout cela se joue dans un contexte difficile pour l’économie mondiale, dont les prévisions de croissance n’augurent rien de bon, alors que les Etats-Unis ne parviennent pas à assurer une reprise de croissance stable, que la crise pétrolière se maintient, et qu’en Europe se consolide le risque d’un « Brexit » (sortie de la Grande – Bretagne de l’UE). Pour Obama et Merkel, le très polémique accord aurait pour objectif de « dynamiser » les investissements, principalement des Etats-Unis vers l’Europe.

Obama a également appelé ses alliés européens à augmenter leur budget de défense afin de faire face à la menace que constitue l’Etat Islamique, alors que lui-même vient d’annoncer l’envoi de nouvelles troupes en Syrie pour collaborer avec les forces locales qui combattent l’EI.

L’accord transatlantique à la faveur des multinationales

Le TTIP (partenariat transatlantique de commerce et d’investissement) est un accord commercial bilatéral entre les Etats-Unis et l’Europe. Cette semaine, à New York, aura lieu une nouvelle réunion afin d’accélérer les négociations et de confirmer la mise en marche de l’accord.L’accord transatlantique est fortement contesté. Derrière les arguments en faveur des bénéfices économiques mutuels et des points de croissance, il y a le côté sombre de l’accord, beaucoup moins revendiqué par les dirigeants. En effet, le traité vise non seulement à abaisser ce qui reste des maigres barrières douanières subsistant entre les Etats-Unis et l’Europe, afin d’améliorer la circulation des marchandises entre les deux sous-continents, mais également et surtout à supprimer l’ensemble des normes environnementales et sanitaires, qui constituent aujourd’hui un frein à l’entrée massive des OGM et des produits de l’agro-industrie sur le territoire européen. De plus, le traité aura également un impact sur le droit social en accentuant la concurrence et en faisant pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail. Enfin, il vise également à renforcer les droits de propriété intellectuelle des multinationales sur les innovations technologiques et les produits pharmaceutiques. Que des bénéfices pour les grandes entreprises, tandis que les travailleurs subiront de plein fouet une concurrence accrue et des conditions sanitaires et de travail en déréliction.Ainsi, « l’harmonisation » des normes (à la baisse, faut-il le préciser ?) concerne une vaste catégorie de produits allant des cosmétiques aux nouvelles technologies en passant par le matériel médical, les pesticides, les produits pharmaceutiques, les textiles ou les voitures ; un accord qui s’appliquera sur une zone produisant 60% des richesses mondiales.Samedi, à Hanovre ainsi que dans d’autres villes allemandes, des manifestations massives ont eu lieu pour protester contre la mise en place d’un tel accord : des groupes écologistes aux organisations humanitaires, des syndicats aux partis politiques, tout le monde était dans la rue pour s’opposer à un accord qui va très certainement réduire à peau de chagrin les standards de qualité de l’alimentation, augmenter les dommages environnementaux du fait de la levée de nombreuses normes de régulation et avoir des impact sur le droit du travail des différents pays.

Maintenir l’Europe unie

Obama a lancé, en guise de conclusion de ces échanges, un appel au maintien de l’unité au sein du vieux continent en déclarant : « je suis venu aujourd’hui au cœur de l’Europe – un cœur, contre toute attente, qui est désormais plus allemand que britannique – pour dire que les Etats-Unis et le monde ont besoin d’une Europe forte et prospère, démocratique et unie ». Un clin d’œil à son allié britannique, semble-t-il.A un peu plus de six mois de la fin de son second mandat présidentiel, l’administration Obama passe à l’offensive, dans l’objectif d’obtenir la conclusion de l’accord au plus vite et de renforcer son pouvoir de marché, à l’image de la politique développée envers Cuba. Côté européen, si Merkel a bien accueilli les négociations, le président Hollande s’est montré plus frileux, non pas par conviction écologique bien entendu, mais parce qu’il craint plus que tout la reprise de la mobilisation contre la loi travail et compte éviter à tout prix, alors que les braises sont encore chaudes, de jeter de l’huile sur le feu.


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