×

A l'appel de grévistes RATP & SNCF

Rencontre interpro IDF le 6 décembre « pour que la grève appartienne aux grévistes »

La grève du 5 décembre sera d'une ampleur inédite et marquera le début d'une mobilisation comparable à celles de 1995. La question qui se pose pour beaucoup est désormais celle de la reconduire et de l'élargir à tous les secteurs professionnels et à la jeunesse pour gagner contre le gouvernement. Pour construire ce rapport de force des travailleurs de la RATP, de la SNCF, mais aussi des enseignants, des grévistes de l'hôtel Ibis Batignolles en grève depuis plusieurs mois, des gilets jaunes, des salariés municipaux et des étudiants se sont réunis ce mercredi 27 novembre lors de la troisième Rencontre appelée par le Collectif Intergare et le collectif d'agents RATP L'Union fait notre force. De cette rencontre a émané un appel à une rencontre interprofessionnelle des Assemblées générales et comités qui vise à se coordonner en Île-de-France, vendredi 6 à 15h à Paris, pour commencer à décider à la base des suites du mouvement.

Facebook Twitter

Photo : 3e rencontre RATP-SNCF le 27 novembre / Révolution Permanente

L’événement facebook disponible ici

Mercredi 27 novembre, une centaine d’agents RATP et SNCF, d’enseignants du 93, de salariés municipaux, de gilets jaunes et d’étudiants, ainsi que les grévistes de l’hôtel Ibis Paris Batignolles, syndiqués et non-syndiqués, se réunissaient à la Bourse du Travail de Saint-Denis pour préparer la grève du 5 décembre. Dans leur communiqué ils annonçaient ainsi la couleur : « la grève doit s’organiser à la base, dans les Assemblées Générales, comités de mobilisation ou de grève ou les formes que les grévistes décideront, dans nos dépôts, gares, établissements, hôpitaux, entreprises, dans nos lieux d’étude, dès le 5 décembre ».

Et pour cause, nombreux sont ceux qui ont participé aux mouvement des Gilets jaunes, et qui ne veulent plus se résigner à la stratégie perdante des journées de grève « saute-mouton », ni aux « manifs traditionnelles, du style camion, merguez et compagnie » comme le résume Torya, cheminote et syndiquée SUD Rail. Les cheminots de la SNCF qui ont fait la « bataille du rail » de 2018, se rappellent trop bien que trois mois de grève pourtant suivis massivement, ne les avaient mené qu’à la défaite à cause de la stratégie d’une « grève perlée » et d’une grève à l’économie proposée par les directions syndicales, c’est à dire trois jours de grève sur cinq, qui avait considérablement réduit l’action et le pouvoir de blocage des cheminots pour faire plier le gouvernement.

Dans leur communiqué, ils interpellent les « confédérations syndicales à prendre leurs responsabilités et à appeler dès aujourd’hui à une grève RECONDUCTIBLE à partir du 5 décembre pour tous les travailleurs et travailleuses de ce pays ».

La défiance envers ces directions est donc forte. D’autant plus alors que cela fait maintenant plus de 18 mois que ces mêmes directions, celle de la CGT comprise, participent à des concertations avec le gouvernement au sujet d’une réforme des retraites pour laquelle il n’y a pourtant rien à négocier d’autre que le retrait pur et simple. D’où l’interpellation des « confédérations syndicales à prendre leurs responsabilités et à appeler dès aujourd’hui à une grève RECONDUCTIBLE à partir du 5 décembre pour tous les travailleurs et travailleuses de ce pays ».

Car aujourd’hui personne en veut de négociation secteur par secteur ou de « clause grand-père » qui viserait à n’appliquer la réforme qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail, pour contenter les directions syndicales et donner l’impression aux travailleurs qu’ils auraient été entendus, tout en condamnant leurs enfants non seulement à une vie de précarité, mais en plus à une retraite de misère. Le mot d’ordre qui rassemble tout le monde reste celui des retraites et du retrait de la réforme mais nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui ne souhaitent pas en rester là. Alors que le mouvement des Gilets jaunes a entraîné dans son sillage des explosions de colère chez les hospitaliers depuis neuf mois, mais aussi chez les profs après le suicide de Christine Renon, chez les femmes qui ont été 150.000 à manifester le 23 novembre contre les violences sexistes, mais aussi contre les violences sociales qu’elles subissent en première ligne, ou encore chez les étudiants dont les conditions de vie ont a été brutalement dévoilées avec l’immolation d’Anas à Lyon, il ne s’agit pas aujourd’hui de se contenter de défendre le système tel qu’il fonctionne actuellement. Un système qui impose les bas-salaires et la souffrance aux travailleurs, la précarité aux étudiants, la misère aux retraités, les coups de matraque et les flashballs aux Gilets jaunes...

Au contraire, il s’agit pour tout le monde de se battre « comme en 1995 », lorsqu’un grand mouvement de grève unifiait la colère des secteurs exploités et opprimés de la population contre le gouvernement de l’époque, pour un « monde plus juste, et en finir avec celui qui détruit la planète et ceux qui l’habitent au nom des profits d’une minorité au pouvoir. » Les Gilets jaunes l’ont compris, c’est pourquoi un certains nombre d’entre eux assurent qu’ils seront présents sur les piquets de grève pour épauler les grévistes. Les étudiants aussi, une délégation venue de la fac de Paris VIII expliquant que cette grève redonne confiance en la possibilité de gagner.

« L’enjeu c’est de reconduire le 6 », prédit donc Elise, professeure à Stains. C’est à la base de faire en sorte que la grève soit reconduite, car comme le dit Adel syndiqué UNSA RATP, « ils peuvent dire ce qu’ils veulent à la direction de l’UNSA, maintenant c’est nous qui décidons. » Notamment pour poursuivre au-delà du 9, car beaucoup craignent qu’avec le week-end le mouvement s’essouffle. Pour éviter cela se pose donc la question de se coordonner, dès le 6 décembre, après le premier jour de grève, se compter, échanger l’expérience entre les différents secteurs mobilisés, et surtout décider ensemble : « on décide quand on arrête tous ensemble, et quand on décide quand on reprend tous ensemble, des mots d’Anasse Kazib, cheminots SUD Rail au Bourget, se référant à la grève des ONET de gare du Nord en 2017.

C’est dans cette perspective de coordonner les différentes AG de grévistes, coordination locale et départementales, et comités de mobilisation dans toutes l’Île-de France, de discuter des suites du mouvement, et d’organiser des actions communes, que le rendez-vous est donné pour le 6 décembre à 15h à Paris. Un rendez-vous à diffuser partout, à tous les grévistes syndiqués ou non, cheminots, profs, hospitaliers, salariés du privé comme du public, mais aussi tous les jeunes, tous les Gilets jaunes, tous ceux qui veulent se battre pour « un monde meilleur » et qui n’ont pas l’intention d’en rester là.

COMMUNIQUE DES AGENTS RATP-SNCF RÉUNIS LE 27 NOVEMBRE 2019 A LA BOURSE DU TRAVAIL DE ST DENIS

A la veille du mouvement historique qui débutera le 5 décembre contre la réforme des retraites, des salariés de la SNCF, de la RATP et d’autres secteurs professionnels tels l’éducation ou la fonction publique, des grévistes de l’hôtel Ibis Batignolles et des étudiants se sont réunis à la bourse du travail de Saint-Denis.

Nous prenons position sur trois points :

1-Nous ne pourrons pas faire reculer le gouvernement sur une réforme aussi emblématique du quinquennat Macron avec une seule journée de grève, aussi forte soit elle. Nous constatons la multitude inédite des préavis qui ont été déposé pour le 5 décembre. Nous y voyons le signe d’une contestation large et unanime de la réforme des retraites portée par Delevoye, qui va diminuer les pensions de tous et toucher davantage les plus précaires d’entre nous et accentuer les inégalités hommes/femmes.

Mais bien plus de préavis reconductibles sont nécessaires ! Personne ne pourra accepter et comprendre une position syndicale autre que celle d’un appel à la grève reconductible et générale ! Tou-te-s les salarié-e-s doivent avoir la possibilité de faire entendre leur colère au-delà du 5 Décembre !

Voilà pourquoi nous interpellons les confédérations syndicales à prendre leurs responsabilités et à appeler dès aujourd’hui à une grève RECONDUCTIBLE à partir du 5 décembre pour tous les travailleurs et travailleuses de ce pays.

2- Notre mot d’ordre reste et restera le retrait pur et simple du projet de réforme. Pour l’obtenir, la grève doit s’organiser à la base, dans les Assemblées Générales, comités de mobilisation ou de grève ou les formes que les grévistes décideront, dans nos dépôts, gares, établissements, hôpitaux, entreprises, dans nos lieux d’étude, dès le 5 décembre. Nous proposons que ces différentes Assemblées Générales communiquent ensemble lors de réunions régulières en Ile-de-France, à même de dégager des positions émanant des grévistes et de leurs cadres d’auto-organisation qui, à terme, seront les seules que le gouvernement devra écouter ! Nous proposons de tenir une première réunion qui vise à mettre en place une coordination des différents cadres locaux et sectoriels en Ile-de-France le vendredi 6 décembre à 15h, lieu à confirmer, pour discuter des actions et des perspectives du mouvement ensemble.

3-Cette grève intervient dans un contexte social tendu qui ne peut-être mis de côté. La jeunesse et les gilets jaunes se battent contre la précarité. Les hospitaliers veulent les moyens de soigner la population et souffrent d’en manquer. Les enseignants veulent pouvoir éduquer nos enfants dans des bonnes conditions. Nos aînés veulent être traités avec dignité dans les EHPAD par un personnel respecté et en nombre suffisant. La jeunesse des quartiers veut arrêter d’être discriminée et réprimée. Personne ne veut regarder à côté quand les violences conjugales tuent tant de femmes dans notre pays. Enfin, tous craignent le désastre écologique qui s’annonce. Le gouvernement a répondu à ces justes revendications par la seule répression violente et la division, en cherchant à nous monter les uns contre les autres. Nous ne l’acceptons plus !

Ainsi, si le retrait de la réforme est la revendication principale qui va tous nous unir au mois de décembre, nous ne nous contenterons pas de ça. Comme le disaient les gilets jaunes : nous voulons dégager Macron et sa politique ! Nous ne voulons plus nous contenter de nous défendre contre une attaque de trop. Nous irons chercher par la force des travailleurs qui est la grève, et dans la rue par les manifestations et les blocages, un système plus juste, et en finir avec celui qui détruit la planète et ceux qui l’habitent au nom des profits d’une minorité au pouvoir.


Facebook Twitter
Fonction publique : le 19 mars doit servir à construire une grève dure !

Fonction publique : le 19 mars doit servir à construire une grève dure !

Répression : accusé d'avoir « harcelé » un chef, un ancien délégué CGT convoqué par sa direction

Répression : accusé d’avoir « harcelé » un chef, un ancien délégué CGT convoqué par sa direction

« On ne va pas lâcher ! » : dans les centrales nucléaires, les travailleuses du sous-traitant Atalian en lutte

« On ne va pas lâcher ! » : dans les centrales nucléaires, les travailleuses du sous-traitant Atalian en lutte

Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend réprimés par la SNCF : 200 personnes réunies en soutien

Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend réprimés par la SNCF : 200 personnes réunies en soutien

« Salariés pas esclaves ! » : les grévistes d'Onela réunissent leurs soutiens après 6 semaines de lutte

« Salariés pas esclaves ! » : les grévistes d’Onela réunissent leurs soutiens après 6 semaines de lutte

Profs du 93 convoqués pour un Tik Tok : la mobilisation fait reculer le ministère !

Profs du 93 convoqués pour un Tik Tok : la mobilisation fait reculer le ministère !

ID Logistics : des bénéfices en hausse de 36 %, mais des salariés payés au lance-pierre

ID Logistics : des bénéfices en hausse de 36 %, mais des salariés payés au lance-pierre


Rassemblement au siège de Conforama contre les licenciements : « On n'a plus rien à perdre »

Rassemblement au siège de Conforama contre les licenciements : « On n’a plus rien à perdre »