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Législatives

Repose en paix le Parti Socialiste !

C'est une débâcle historique. Le Parti socialiste et ses alliés sont crédités de seulement 10% des voix au premier tour des élections législatives. Une défaite qui s'inscrit dans la crise consommée du bipartisme en France et qui emmènera peut-être le PS dans les livres d'histoire.

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GUILLAUME COLLET/SIPA

Il n’y aura sans doute pas grand monde à son enterrement. Après cinq années au pouvoir le Parti socialiste a vu ses membres déserter vers le mouvement de Macron et sa base sociale, le peuple de gauche, rompre avec le parti d’Epinay. Cinq ans de politique ultra-libérale, de passage en force avec le 49.3 et d’une politique impérialiste qui a emmené la guerre sur le territoire français sonne comme l’oraison funèbre du parti traditionnel de la gauche.

Si le secrétaire général du PS, Jean-Christophe Cambadélis, dans la soirée de dimanche, trouve le culot de nous appeler à nous « mobiliser au second tour pour donner à la gauche et au Parti Socialiste les moyens de [nous] défendre », il faut d’ores et déjà admettre que le PS n’est plus. Si ce n’est encore une poignée de sourd muet et aveugle qui pense que le PS est de gauche, la majorité du pays a appris à ses dépens, au fil des années de trahison des socialistes pour arriver au quinquennat de Hollande qui s’est avéré désastreux pour les travailleurs, que le PS n’est que la deuxième face d’une même pièce du bipartisme. De fait le parti du congrès d’Epinay enregistre sa pire déconvenue sous la Vème République et pourrait voir son groupe parlementaire divisé par dix. Il faut s’attendre à de nombreuses tensions en son sein comme ça a déjà été le cas dans le Nord après leur claque monumentale.

En effet, le PS qui avait 18 sièges dans la région, huit sièges du Nord et dix dans le Pas-de-Calais, se retrouve éliminé dans le premier tour. Aucun des candidats investis par le PS dans ces deux départements ne s’est qualifié pour le second tour. Du jamais-vu. C’est la fin d’un PS hégémonique sur ces terres aux origines ouvrières. Ce n’est pas la faute du FN ou de la pseudo vague macroniste qui aura la majorité parlementaire en ayant récolté à peine 16% de voix des inscrits... Car ce sont notamment les politiques néo-libérales du PS qui a creusé le terreau de la montée du FN.

Juste après la proclamation des résultats dans le Nord, l’ancien député et ancien adjoint de Pierre Mauroy Alain Cacheux explique que « c’est l’aboutissement d’un processus d’autodestruction entamé il y a cinq ans. » « Voilà ce qui arrive quand on passe son temps à mener campagne contre le gouvernement ». Par-là, il attaque de face les frondeurs et Martine Aubry en premier lieu qui ont critiqué faiblement le gouvernement Hollande pendant son quinquennat anti-travailleurs, le paroxisme de la fronde n’étant pas sur la politique économique et sociale du gouvernement mais sur la déchéance de la nationalité. Du côté des frondeurs on ne s’est pas fait attendre non plus. L’ancien député de l’Essonne François Lamy, a attaqué sur les réseaux sociaux dès 21 heures :« Dans cette soirée de bérézina pour la gauche, un grand merci à François Hollande et Manuel Valls… #mercipourcesmoments. »

La guerre interne au PS risque d’être ravivée dans les prochains jours ce qui lui mettra encore plus la tête sous l’eau. Et on ne peut pas compter sur un quelconque messie puisque tous les ténord se sont pris une volée.

Benoît Hamon qui aurait pu être l’espoir d’un PS moribond a été défait dès le premier tour (une fois de plus). Dans la 11ème circonscription des Yvelines, où il avait été élu député il y a cinq ans, il échoue à ce qualifier au second tour à 80 voix près.

Celle qui lui avait succédé au ministère de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, n’est certes pas éliminée mais elle en ballottage défavorable dans la 6ème circonscription du Rhône où elle a récolté 16,54% des voix contre 36% pour Bruno Bonnell d’En Marche. Une victoire semble plus que compromis.

Aurélie Filippetti est éliminée en Moselle et a évoqué avec la défaite historique du PS « la disparition de la gauche ». Mais elle ne devrait pas s’en faire la gauche réformiste ne mourra pas contrairement au PS. C’est Thierry Mandon, ex ministre PS qui le dit : « On est à terre, décapité, éclaté, c’est quand même difficile d’avoir un soir de premier tour aussi violent ».

Mais une défaite aussi importante, 9,51% des voix, en réalité si on prend en compte l’abstention, un peu plus de 4%, cela implique une énorme perte de revenu pour le parti.

En effet, le score historiquement bas enregistré par le PS lors du 1er tour des législatives va avoir des effets dévastateurs pour ses finances puisque celles ci dépendent principalement des dotations publiques allouées par l’Etat. Or, elles sont calculées en fonction des suffrages recueillis au 1er tour des législatives, du nombre total de sièges de parlementaires obtenus et du respect de la parité hommes-femmes. Seuls les partis ayant obtenu au moins 1% des suffrages dans au moins 50 circonscriptions (sur 577) aux législatives peuvent prétendre à ce financement public. Et chaque voix vaut, en 2017, 1,42 euro. Chaque siège de sénateur ou député donne droit à 37 280 euros

Le Parti socialiste touche plus de 25 millions d’euros par an depuis 2012. Il y a cinq ans, il avait récolté 8 millions de voix et 295 députés. De quoi lui assurer 11,1 millions d’euros au titre des suffrages obtenus et 17,4 millions correspondant à ses 417 parlementaires. Mais avec ses 9,5% il ne devrait pas dépasser le cap des 30 sièges. Si l’on ajoute ses sénateurs les dotations publiques pourraient descendre en dessous de 5 millions d’euros.

Or, le Parti Socialiste est un organe impressionnant, il compte pas moins de 110 salariés permanents. Le parti devra pour équilibrer ses fiances faire ce qu’ils ont fait à des milliers d’autres travailleurs depuis 5ans, des plans de licenciements...

Pour combler ce manque à gagner, il serait question de vendre le siège du parti de Solférino dans le très chic 7ème arrondissement de Paris. Cet hôtel particulier de 3000 mètres carrés, propriété du PS depuis 1986, est estimé à au moins 53 millions d’euros. D’ailleurs, sur Internet, une annonce sur le Bon Coin, propose à la vente ce « monument historique » pour cause de « mauvais résultats électoraux ». Il y est marqué que ça serait « Bien pour en faire un musée, folklore français ».

On pourrait y faire un musée au parti du passé qu’est le Parti Socialiste. Il a vécu, connu ses instants de gloire comme en 1981 et le grand espoir mais surtout il a déçu par ses politiques catastrophiques qui n’ont jamais été en faveur des travailleurs, le quinquennat de Hollande en est le summum et l’on ne regrettera pas ce parti de la trahison sociale.

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