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État d’urgence

Réprimer pour mieux régner : des manifestants interdits de manifester ce mardi

Depuis samedi, plusieurs dizaines de manifestants, « remarqués » grâce aux renseignements de la préfecture lors des dernières mobilisations contre la loi « travail », ont reçu en main propre des forces de l’ordre un arrêté qui leur interdit de manifester ce mardi 17 mai, sous peine de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amendes. Cécile Manchette

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Alors que la mobilisation est en passe de prendre un nouveau tournant cette semaine, le gouvernement en crise déploie tous les moyens en son pouvoir pour faire avorter la lutte en marche. Pour cela, il tente grossièrement de regagner le terrain médiatique en agitant la figure du « casseurextrémiste » afin de justifier l’encadrement quasi militaire de chaque manifestation et la répression policière.

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui tient très bien ce rôle d’agitateur a donc choisi ce week-end de personnifier ce « casseur », ennemi public n°1 du gouvernement, en s’attaquant au droit de manifester de militants politiques ainsi que d’un journaliste photographe. L’état d’urgence et la lutte contre le « terrorisme » sont venus porter secours au ministre de l’Intérieur afin qu’il puisse en toute « légalité » retirer, unilatéralement, un droit de manifester constitutionnel à des manifestants, et intimider les autres. C’est sans compter sur la solidarité entre les manifestants et leur volonté de faire « bloc » dès demain dans la rue face à ces nouvelles mesures.

Pour résumer, des interdictions préventives « d’interdiction de séjour », reçues par des dizaines de manifestants, ont été délivrées ce week-end sur la seule base de « présomptions » : une présence répétée aux dernières manifestations contre les violences policières et la loi « travail », qui attesterait d’une participation à des « actions violentes ». Néanmoins, aucune des personnes qui a pris connaissance ces derniers jours de ces arrêtés préfectoraux n’a été interpellée ou poursuivie lors de ces manifestations. C’est ainsi que la préfecture justifie l’interdiction de participer « aux prochains rassemblements contre le projet de loi » et notamment à la manifestation interprofessionnelle du mardi 17 mai marquée par le départ en grève de nombreux secteurs de travailleurs mobilisés. Pour compléter le tableau, l’accès à la place de la République a aussi été interdit aux militants de région parisienne.

Qui sont les cibles de ces interdictions ? Elles visent clairement des militants, engagés politiquement et pour la majorité des jeunes. Il s’agit de manifestants dont plusieurs sont plus ou moins proches du Mouvement inter-lutte indépendant (MILI) et de l’Action antifasciste Paris banlieue, mais également un journaliste, collaborateur du magazine Fumigène, ayant récemment photographié et filmé les violences policières. Ce dernier a immédiatement saisi le tribunal administratif pour « atteinte à la liberté de la presse ». Quelques dizaines de manifestants ont ainsi demandé justice devant le tribunal administratif pour pouvoir participer à la manifestation du mardi 17 mai, l’audience aura lieu mardi matin. Effectivement, le gouvernement ne cesse de faire la démonstration que « socialiste » ou encore « démocratie » ne sont pour lui que des étiquettes.

Actuellement, le gouvernement construit de toute pièce un discours sur ces « activistes violents », ces « casseurs » afin d’avancer toujours plus des mesures répressives et « exceptionnelles ». Hier, les manifestants étaient « nassés », gazés, interpellés, violentés, aujourd’hui des militants sont empêchés de manifester. Vers quoi s’achemine-t-on ? Après avoir utilisé le 49.3 pour faire passer son projet de loi, comment faire taire la colère de milliers de jeunes, chômeurs, travailleurs, précaires ? Annoncer aux personnes qui descendent dans la rue qu’elles risquent des représailles, et interdire progressivement tout rassemblement, toute manifestation sous le prétexte que systématique des « éléments perturbateurs » créent des « débordements », blessent les forces de l’ordre et engendrent des « dégradations » dans l’espace public. Bernard Cazeneuve, comme Manuel Valls, ont choisi d’endosser le costume de « gardiens » de l’ordre et de la paix pour sauver un pays qui risquerait d’être ravagé par de dangereux « activistes ».

Il y a quelques mois, l’état d’urgence était instauré pour nous protéger des « ennemis extérieurs », très vite les « mesures exceptionnelles » permises par l’état d’urgence ont en réalité visé à assigner à résidence, réprimer, désormais interdire de manifester, « l’ennemi intérieur » de l’État : tous ceux qui s’opposent à lui. Pour faire passer son projet de loi, l’État n’a pas d’autre choix que de durcir le ton. Mais face à cette escalade de la répression, les personnes mobilisées contre la « loi travail et son monde »depuis deux mois, les personnes qui arrivent dans la lutte, les travailleurs qui se mettent en grève cette semaine, doivent tous répondre en bloc à ces mesures en restant solidaires et combatifs. Ce qui nous rassemble est de savoir qui sont les véritables « casseurs ». Ce qui doit nous rassembler est de mettre à l’œuvre nos outils, ceux de notre classe, pour obtenir le retrait de ce projet de loi ainsi que la fin de ce régime autoritaire et anti-démocratique.


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