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Pas de reprise le 11 mai !

Reprise scolaire au "volontariat" : des foyers épidémiques pour les enfants de classes populaires ?

Edouard Philippe a revu la copie de Blanquer sur la réouverture des établissements scolaires : le 11 mai, reprise « au volontariat » des parents pour le primaire, ajournement au 18 mai pour les 6ème et les 5ème des collèges, report sine die des cours au lycée… S’il cherche à calmer la grogne en laissant le « choix » de faire garder leurs enfants aux parents, Philippe assume aussi le vide sanitaire : pas de masque ni dépistage pour les enfants, et toujours ces groupes de 15 qui rendent impossible les gestes barrières.

Nina Kirmizi

29 avril 2020

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Une « école garderie » assumée par Edouard Philippe

C’est un semi-désaveu pour Jean-Michel Blanquer, qui avait cru bon d’anticiper le plan national de déconfinement en annonçant la reprise des écoles pour le 11 mai. En modulant son projet initial, le premier ministre vient ainsi lui rappeler qui est à la tête de l’exécutif, et que Blanquer n’est encore que premier ministrable…
Du projet Blanquer, Philippe garde en vérité la logique générale : une reprise « progressive » - le 11 mai dans les écoles primaires et à partir du 18 mai pour les collèges -, et la limitation à des effectifs à 15 élèves par classe.

Mais plus encore que Blanquer, Philippe confirme le rôle que l’école aura à jouer dans la période : il n’est plus question de résorber les inégalités sociales, que le gouvernement semblait découvrir à l’occasion du confinement. En demandant l’ouverture des crèches, du primaire sans distinction de niveaux et des classes de 6ème et de 5ème au collège, Edouard Philippe le dit haut et clair : il faut garder les petits enfants pour que les parents puissent retourner bosser. Exit donc le lycée professionnel, pourtant jugé jusque-là prioritaire, ainsi que les lycées généraux et technologiques, dont la réouverture est reportée jusqu’à nouvel ordre.

Reprise scolaire au « volontariat », mais pour qui ?

Edouard Philippe cherche parallèlement à ménager la colère des parents d’élèves. Car Sur les « réseaux sociaux » fustigés par le premier ministre, aux côtés d’un #SansMoiLe11 des enseignants, des parents expriment d’ores et déjà leurs refus de remettre leurs enfants dans les écoles. La FCPE, première association de parents d’élèves, est aussi allée dans ce sens-là en dénonçant les modalités de reprise de l’école dans le plan Blanquer.

Ainsi, avec la « reprise des cours au volontariat », Philippe tente de rassurer les parents. On peut toutefois s’interroger : qui seront les parents qui pourront se permettre de garder leurs enfants à la maison avec la réouverture des entreprises et des commerces ? Peuvent se rassurer ceux qui auront les moyens de garder eux-mêmes leurs enfants, de télétravailler ou de faire appel à une baby-sitter.
Pour les autres, ceux dont l’emploi ne leur permet pas de travailler à distance, et pour qui les moyens de garde coutent trop chers, pas moyens d’y échapper. L’école leur offrira un moyen de garde pour qu’ils retournent bosser, ou alors, s’ils préfèrent garder leurs enfants eux-mêmes, ils devront se passer du chômage partiel.

En matière de retour à l’école, rien ne sera « volontaire », et tout financier. Les postes d’exécutants, ouvriers et employés qui font tourner l’économie se retrouveront, une fois de plus en première ligne. Et avec eux, leurs enfants.

Toujours aucune réelle garantie sanitaire : pas de reprise le 11 mai

Pas de test systématique pour les écoliers ni leurs enseignants, pas de masques pour les enfants en crèche, maternelle et primaire, une très hypothétique distribution dans les collèges et toujours l’effectif à 15 qui rend impossible tout geste barrière dans des classes de moins de 30 mètres carrés. Le Conseil Scientifique, après avoir désapprouvé la décision du gouvernement conseille : le lavage des salles, leur aération, pas de contact entre les élèves des différents groupes, la prise des repas dans les salles, le nettoyage des mains toutes les heures… Sur le papier, ces recommandations font sérieuses. Mais elles semblent tout à fait impossibles à respecter sur le terrain. La question du « comment », Philippe la renvoie au local : directeurs d’écoles, les maires qui prendront toutes les responsabilités…
Dans ces conditions, la reprise des écoles n’est pas possible, tant pour les personnels d’éducation que pour les enfants et leurs parents. Tant qu’il n’y aura pas de tests et de masques gratuits mis à disposition des agents et des élèves, tant que les regroupements d’élèves, réduit à 10 pour l’ensemble de la population, seront maintenus à 15, les enseignants ne doivent pas céder au chantage de l’inégalité scolaire et des difficultés liées au confinement.

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