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Macron à l'offensive

Retraite contre reprise de la dette SNCF : Une arnaque phénoménale !

C’est l’annonce présidentielle qui a animé l’actualité médiatique toute cette semaine.

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Le Monde révélait dans un entretien datant de Juin dernier que le président Macron envisageait la reprise d’une partie ou de toute la dette de l’entreprise, en échange du sacrifice du régime de retraite à la SNCF.

Voilà un chantage très bien orchestré pour mettre l’opinion publique contre les cheminots : d’un coté, une dette colossale avec un réseau de plus en plus dégradé, et de l’autre, des cheminots vus comme des privilégiés avec un âge de départ à la retraite différent de celui du secteur privé.

Mais les cheminots doivent-ils payer la politique gouvernementale des 30 dernières années ?

La première chose qu’on se demande, c’est : quelle est la corrélation entre la dette du réseau ferroviaire qui est une dette d’investissement de l’infrastructure et le régime de retraite SNCF ? Nous avons beau retourner le problème dans tout les sens, impossible de trouver le rapport entre les deux.

D’un coté un régime de retraite financé par les cotisations salariales et patronales de 150000 cheminots, et de l’autre, une dette historique relevant de différentes politiques d’aménagement du territoire et du tout TGV.

Pour montrer à quel point les deux n’ont rien à voir : c’est comme si on demandait par exemple aux personnels hospitaliers d’accepter de payer avec une partie de leurs salaires les lits d’hôpitaux pour rembourser la dette de la sécurité sociale, ou bien encore aux jardiniers de la mairie de Montpellier de payer de leur poche leur matériel de jardinage pour rembourser la dette de l’Etat.

Qu’est-ce que recouvre la dette de la SNCF ?

Le dernier chiffre précis de la dette SNCF, intérêt compris, provient du rapport Mariton en date du 30 Juin 2015, chiffrant la dette à 44,1 milliards d’Euros. Le tableau ci dessous montre qu’entre 1997 et 2016 la dette SNCF a doubler.

Cette évolution n’est pas linéaire et recouvre en réalité plusieurs phases. Entre 1997 et 2001, la dette de RFF a connu une croissance relativement modérée, de l’ordre de +1,9% par an. Elle a ensuite cru fortement en 2002 et 2003, du fait notamment du financement de la première phase des travaux de laLGV Est européenne. Entre 2004 et 2010, la dette de RFF est restée globalement stable, et a même diminué au cours de l’exercice 2005. C’est à partir de 2010 que l’endettement de RFF a connu une croissance à nouveau très soutenue, de l’ordre de 7% par an, représentant au total une augmentation de plus de 12Md€ en l’espace de cinq exercices. Celle-ci s’explique principalement par le lancement simultané dela construction de quatre lignes à grande vitesse (LGV)lancées à la suite du Grenelle de l’environnement (LGV Sud Europe Atlantique entre Tours et Bordeaux, Bretagne-Pays de la Loire, contournement de Nîmes-Montpellier et LGV Est 2ème phase Paris-Strasbourg), qui ont nécessité l’engagement des financements correspondants, mais également par la hausse continue du montant des investissements de renouvellement.

Et aujourd’hui les investissements continuent, avec en juillet dernier l’inauguration de la LGV vers Bordeaux, pour gagner 30min en moins sur le parcours, ainsi que la nouvelle Tangantielle Nord, reliant Epinay sur Seine au Bourget et exploité par la filiale privée de la SNCF (Transkéo). Ou encore le projet EOLE qui prolonge le RER E jusqu’à la défense, et bientôt le projet CDG Express, qui sera une ligne de RER qui ira directement sans arrêt vers l’Aéroport Roissy CDG.

On pourrait se dire que tout cela rajoute des lignes et des gares pour créer de l’emploi ? Pas du tout, bien au contraire, si on compare la période de la dette avec celle de la masse salariale SNCF, les cheminots sont passés en presque 30ans de 400000 cheminots dans les années 70 à 150000 cheminots aujourd’hui. Alors en quoi cette politique qu’ont voulue chaque gouvernement et chaque président, devrait être l’affaire des cheminots et faire l’objet d’un chantage à l’arnaque ?

Le rapport officiel du ministère des transports explique même que«  le coût de portage de la dette devrait s’établir autour de 1,5 Md€ par an . Les frais financiers liés à la dette pèseront donc un poids très important dans les comptes de l’établissement au cours de la prochaine décennie ».

1,5 milliards d’euros d’interêt par an, et cela s’accumulera tant que la dette augmentera : dans le jargon on appelle ca un crédit à la consommation. Comprenez donc que le capitalisme et les banques vivent de cela et n’ont aucun intérêt à ce que la dette soit payée, étant donné le bénéfice exponentiel qu’ils récupèrent chaque année avec son accroissement. Et le rapport explique même que « SNCF Réseau dispose de plusieurs programmes de financement, de maturité diverse, lui permettant de couvrir son besoin de financement. L’établissement assure son financement sur les marchés de dette organisés ou de gré à gré . »

Et SNCF réseau est très apprécié des actionnaires et, malgré sa dette, n’a aucun problème pour trouver de l’argent et avoir de nouveaux projets. « dans l’objectif d’élargir sa base d’investisseurs, SNCF Réseau prévoit de mettre encore plus l’accent sur la diversification géographique de ses sources de financement et sur la diversification des instruments pouvant être proposés aux investisseurs . »

À qui donc profite le crime ? Aux cheminots ? Sûrement pas, et nous le voyons chaque jour avec le nombre d’attaque qu’ils subissent, justement sous couvert de cet endettement, entre suppression massive d’emplois, gels des salaires depuis plusieurs années, dégradation du déroulement de carrière, réforme ferroviaire en 2014 et attaque des acquis sociaux comme en 2016 avec la suppression de la réglementation du travail des cheminots ( RH077 ). Et le pire reste à craindre avec l’arrivée de la concurrence et l’augmentation des récupérations de ligne par les filiales privées de la SNCF. Un vrai dumping social sauvagement orchestré, et ceux payant l’addition étant toujours les mêmes : les cheminots !

Alors, pas étonnant que les cheminots soient en grève et continuent à se battre pour maintenir le rail dans un service public et non dans un service privé où les prix vont bondir des l’arrivée de la concurrence.

Car la finalité de cette soi-disant reprise de dette n’ira que s’accumuler dans la dette de l’Etat qui, elle même, ne diminue pas, bien au contraire, et dont les contribuables payeront l’addition. à coup d’augmentation des impôts, suppression du modèle social, et avec un coup plus élevé des transports avec la privatisation du rail. Il suffit de voir comment la privatisation du rail chez nos voisins européens a déjà triplé les prix des trains. Au final c’est 100% gagnant pour le capital et 100% perdant pour les cheminots et les usagers de la SNCF. Un coup de maître de Jupiter Macron qui n’a, comme les autres, qu’un seul intérêt : celui de servir ceux qui l’ont aidé à être élu.

Alors, on ne comprend que trop bien cette politique libérale, qui vise à précariser la jeunesse avec la suppression de 5€ d’APL et à supprimer 150000 emplois aidés, tout cela pour raboter des miettes afin de renflouer la dette colossale de l’Etat ; et de l’autre, faire bénéficier les plus riches avec la suppression de l’ISF ou encore les patrons avec, une fois de plus, 25 milliards de CICE. Pourquoi vouloir absolument économiser 350 millions d’euros d’APL, dont les précaires ont le plus besoin, si c’est au final pour augmenter la dette de l’Etat de 50 milliards qui, même si elle est reprise continuera d’augmenter de 1,5 milliards d’intérêt pour les banques chaque année ? Il y’a vraiment de quoi devenir fou, ou bien non, tout simplement logique, car la dette n’est rien à coté de la précarisation des masses et de la suppression des acquis sociaux comme celui de la retraite des cheminots !

Et pourquoi maintenant et tout de suite ?

Macron a bien compris que l’heure tourne est qu’il n’a que 5ans pour faire un maximum de réformes libérales, que son successeur continuera en expliquant que, en 2022, il va falloir que les français payent la dette SNCF reprise par Macron. Voilà comment définir le libéralisme, un cercle vicieux, dont seul les français payent les pots cassés pendant que les patrons empochent l’argent.


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