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Retraites. Ce mardi, Martinez de retour à Matignon, mais à quoi bon ?

A quelques encablures du 5 décembre, le bureau confédéral de la CGT réuni ce lundi 18 novembre a décidé en urgence d’accepter un ultime rendez-vous avec le gouvernement qui compte bien utiliser ces négociations avec les « partenaires sociaux » pour désamorcer la grève qui monte. Mais à quoi bon négocier quand on connait le plan de bataille du gouvernement qui a affiché sa détermination à ne rien lâcher avant le 5 décembre ?

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Crédit photo : Thomas SAMSON / AFP

Depuis près d’une semaine, le gouvernement est reparti à l’offensive démontrant à de multiples reprises qu’il n’était en aucun cas prêt à battre en retraite. Fustigeant le 5 décembre par la voie de ses porte-paroles gouvernementaux, comme une grève qui sera « très corporatiste », pour « défendre les inégalités », il essaye de rejouer la rhétorique des « pseudo privilégiés » pour tenter d’infléchir l’opinion de la population aujourd’hui largement en soutien du mouvement de grève du 5 décembre. La ficelle est usée tant elle consiste à diviser le monde du travail entre les grévistes « égoïstes » et le reste du monde du travail, entre le public et le privé. Son objectif : tenter de retourner l’opinion publique et déminer toute potentialité d’un « tous ensemble » après le 5 décembre.

Maniant le bâton d’un côté et les appels au « dialogue » de l’autre, le gouvernement, à travers le premier ministre, a appelé syndicats et patronat à des rencontres à Matignon au sujet de la réforme des retraites. Les jours précédents, le gouvernement avait fustigé les syndicats qui ne « connaissent pas la réforme » rajoutant de l’huile sur le feu mais tendant une perche aux directions syndicales qui se refusent « au dialogue ». Avec ces négociations, Edouard Philippe tente ainsi un ultime dialogue avec les syndicats avant la grève du 5 décembre qui s’annonce massive.

C’est dans ce contexte, et alors que le gouvernement a été ferme dans ses intentions, que le bureau confédéral de la CGT, réuni en urgence le lundi 18 novembre, a répondu favorablement à une rencontre avec le gouvernement affirmant qu’à « défaut de réponse concrète du gouvernement » quant à ses revendications, « la CGT quitterait la séance. »

Si le scénario de la porte qui claque est le plus probable, si l’on en croit la motion du bureau confédéral de la CGT, le fait que le secrétaire confédéral de la CGT, Philippe Martinez, se rende aux négociations, participe à légitimer le processus de « dialogue » que le gouvernement feint d’avoir. Mais c’est aussi un mauvais signal adressé à l’ensemble des travailleurs qui s’apprêtent au combat, dont un certain nombre en grève reconductible, et ce avant même que le rapport de force ne soit construit. Plutôt que de montrer sa disposition à négocier à Matignon, une direction déterminée ne devrait-elle pas se montrer intransigeante face à un gouvernement des plus déterminés ? Plus que la disposition au combat, c’est plutôt la crainte d’être lâché par sa direction que cette rencontre va alimenter.

Plus encore, la direction de la CGT se subordonne aux menaces du gouvernement qui fustigeait la CGT pour ne pas « jouer le jeu de la démocratie sociale ». Et cela est d’autant plus problématique que le gouvernement a énoncé qu’aucune concession n’aurait lieu avant le 5 décembre, et ce lundi qu’une « feuille de route » est en préparation en vue de nouvelles échéances après le 5 décembre pour tenter d’enjamber la mobilisation.

Si le secrétaire général de la CGT a accusé dimanche Macron de vouloir « diviser les Français », démontrer le sérieux d’une telle déclaration passerait par le refus clair et net de toute rencontre avec l’ennemi. Il s’agirait d’exiger de Martinez, bien au contraire, une tout autre attitude : celle d’un chef de combat déterminé qui appelle à la grève reconductible, et ne fait pas reposer la responsabilité de la reconduction seulement sur les travailleurs qui, quoi qu’on en pense, voient la détermination de leur dirigeant comme un élément clé du moral pour partir au combat.

Contre toute négociation avec l’ennemi, dont on peut par ailleurs questionner la décision prise en urgence et la dimension démocratique, il s’agit, pour le monde du travail, d’imposer, par des Assemblées Générales, des comités interprofessionnels et des comités de grève, nos décisions à la base. C’est bien à travers l’auto-organisation, à la base, qu’il s’agit d’étendre la grève au privé comme au public pour généraliser la grève reconductible, construire la grève générale pour défaire Macron et imposer notre propre issue.

Ci-dessous le mandat donné par le Comité Confédéral National (CCN) de la CGT :

« Le bureau confédéral réuni le lundi 18 novembre propose de répondre favorablement à une éventuelle rencontre, et d’exiger des réponses immédiates sur nos principales revendications à savoir :

  •  le maintien et l’amélioration du système de retraite actuel ;
  •  l’augmentation du SMIC, des salaires et du point d’indice ;
  •  l’égalité salariale femmes / hommes…
    A défaut de réponse concrète du gouvernement, la CGT quitterait la séance.
    La consultation du CCN et des membres de la CE a exprimé une nette majorité pour assister à la rencontre avec le gouvernement sur les bases de la note communiquée avec le bulletin de vote.
    Cette rencontre pourrait avoir lieu mardi 26 novembre prochain.
    Résultat : Sur 107 retours
    87 Pour
    19 Contre
    1 Abstention »

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