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#ImmunitéOuvrière

Rétro 2017. Quand Poutou retrouvait son usine dès la fin de la campagne présidentielle

En cette fin d’année 2017, l’heure est à la rétrospective. Nous republions ci-dessous un article, paru le 3 mai dernier, traitant du retour de Philippe Poutou à l’usine, dès la fin de la campagne électorale. Un candidat décidément pas comme les autres…

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Crédit Photo : Photothèque Rouge /Meno

Philippe Poutou n’était pas un candidat comme les autres. Travailleur à l’usine Ford de Blanquefort, aux antipodes de tous les politiciens professionnels, il n’a pas touché son salaire d’ouvrier durant les six semaines qu’a duré la campagne. Ce mardi 3 mai, il est retourné travailler auprès de ses collègues, qu’il n’avait pas abandonnés pour autant ces derniers mois. En effet, en parallèle de la campagne présidentielle, Philippe Poutou qui est également délégué syndical CGT, a mené une grève pour la sauvegarde des emplois menacés à Ford. Il était donc non seulement l’unique candidat ouvrier de ce premier tour, mais également le seul qui risquait de perdre son emploi.

Avant le lancement officiel de la campagne, Philippe Poutou n’était pas en train de se la couler douce sur les bancs de l’Assemblée ou sur le yacht d’un de ses amis milliardaires. Outre les horaires et le travail compliqué à l’usine et son travail syndical, il sillonnait les routes de campagne aux côtés des militants et sympathisants du NPA pour décrocher les 500 signatures d’élus nécessaires à la validation de sa candidature. Une fois le précieux sésame en poche, il est entré dans l’arène pour s’affronter aux représentants des classes dominantes et leurs chiens de garde.

Si l’on ne devait retenir que deux éléments marquants de la campagne du NPA, il y aurait en premier lieu les deux passages de Philippe Poutou à On n’est pas couché, l’émission de Ruquier. Les chroniqueurs ont alors révélé le vrai visage des médias tout dévoués à la reproduction de l’idéologie dominante, en faisant preuve d’un mépris de classe sans égal. Le fou rire de Vanessa Burggraf à l’évocation des licenciements que risquaient le candidat du NPA et ses collègues fut très révélateur. Et Yann Moix et Laurent Ruquier n’ont pas hésité à remettre le couvert lors du deuxième passage de Philippe Poutou dans l’émission, lui coupant la parole et l’empêchant de dérouler son programme.

Le deuxième évènement marquant de la campagne fut bien évidemment le coup d’éclat de Philippe Poutou lors du grand débat et notamment sa sortie très remarquée sur l’absence d’immunité ouvrière qu’il a opposée à l’immunité parlementaire de Marine Le Pen. Sa capacité à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas eu un écho à l’internationale. Et les éditorialistes français, découvrant le potentiel subversif de la candidature ouvrière du NPA, s’en sont dhonné à cœur joie par la suite, enchaînant les déclarations haineuses et les articles rageurs. Menacé de procès par François Fillon, insulté par Marion Maréchal-Le Pen, le capital sympathie de Philippe Poutou a considérablement augmenté le soir du 4 avril. Mais, pression au « vote utile » oblige, son score ne fut pas représentatif de l’écho rencontré par la campagne dans les lieux d’études et de travail.

D’ailleurs, ce mardi, ses collègues lui ont réservé un accueil triomphal.

On est très fier de ce qu’il a fait lors du débat. Il a parlé de nous. C’est ça la vraie vie !

Et comme le résume Philippe Poutou lui-même, « on a pu faire entendre une voix d’en bas et ça suscite beaucoup de sympathie ». Lorsque les journalistes lui demandent ce qu’il trouve le plus dur entre mener une campagne présidentielle et travailler à l’usine, il répond :

Je pense que c’est quand même l’usine. […] D’ailleurs les politiciens repoussent leur départ à la retraite alors que nous, il nous tarde d’y être !

Après avoir passé la matinée à l’atelier, le candidat ouvrier enchaîne avec une réunion syndicale. Un bon pied de nez à la nièce Le Pen qui affirmait qu’en tant que syndicaliste, Philippe Poutou ne connaissait rien au travail à l’usine. Une démonstration en temps réel que lorsque les ouvriers ne ferment pas leur gueule, qu’ils relèvent la tête, ils ont la force de se penser comme sujet social et politique à part entière et qu’ils sont les mieux placés pour porter la voix de notre camp social. Une démonstration également que la politique ne doit pas être l’affaire de professionnels, d’une élite corrompue qui ne sert que ses propres intérêts et ceux du patronat.

Mais les luttes, la politique, ne s’arrêtent pas à l’issue de cette élection. Et Philippe Poutou le sait, il n’a pas abandonné ses convictions en franchissant les portes de l’usine : désormais, c’est dans la rue que ça se joue !


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