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Islamophobie et chasse aux sorcières

Réunions non-mixtes racisés : le Sénat adopte un amendement réactionnaire permettant de dissoudre les associations

Ce jeudi 1er avril au soir, le Sénat a franchi un nouveau cap dans l’offensive réactionnaire. Un « amendement UNEF » a été adopté dans le cadre de la loi séparatisme, permettant la dissolution par un décret en conseil des ministres des associations organisant des réunions non-mixtes racisées.

Julian Vadis

2 avril 2021

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Crédits photo : Public Sénat

Depuis les déclarations de la présidente de l’UNEF Mélanie Luce au micro d’Europe 1 concernant la tenue de réunions en non mixité au sein du syndicat étudiant le 17 mars dernier, les réac’ de tout poil courent les plateaux pour crier leur indignation. La droite et l’extrême droite, bien sûr, ont sauté sur l’occasion, allant jusqu’à réclamer la dissolution de l’organisation, argumentant sans fin sous couvert de prétendues vertus anti-racistes, le tout alimenté par les déclarations fracassantes du gouvernement, Jean-Michel Blanquer en tête qui n’a pas hésité à parler d’une forme de « fascisme ». Dans ce concert réactionnaire, basé sur l’argumentaire d’extrême-droite sur l’imaginaire question du « racisme anti-blanc », une partie de la gauche institutionnelle n’est pas exempte d’ambiguïtés réactionnaires, PS et PCF en tête.

Mais un nouveau cap a été franchi ce 1er avril au soir. Alors que le projet de loi confortant le respect des principes de la République, plus connu sous le nom de loi séparatisme, est discuté en première lecture au Sénat, la droite a proposé un amendement, qui a été adopté. L’objectif ? Permettre la dissolution par décret pris en conseil des ministres des associations organisant des réunions non-mixtes racisées.

Comme le précise un article du Monde, cet amendement entend permettre la dissolution des associations « qui interdisent à une personne ou un groupe de personnes à raison de leur couleur, leur origine ou leur appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée de participer à une réunion ». Lors de la présentation de l’amendement, le sénateur des Républicains Stéphane Le Rudulier ne s’est pas encombré de frioritures. L’objectif est ainsi de cibler « les journées non mixtes interdites aux blancs » et les réunions « interdites aux blancs organisées par l’UNEF ».

1er avril oblige, on pourrait se contenter de faire remarquer que cet amendement a été adopté par un hémicyble quasi-exclusivement consitué d’homme blanc d’un âge avancé si la situation n’était pas aussi grave. En effet, les réunions non-mixtes de minorités opprimées, qu’elles soient de genre ou de race, sont sont un outil utilisé par la quasi-intégralité d’un arc de force allant de la gauche radicale à la gauche anti-capitaliste et révolutionnaire. Au delà de l’interdiction de ces cadres de discussions à celles et ceux qui subissent ces oppressions spécifiques, ce sont donc l’ensemble des organisations syndicales, politiques ou associatives de gauche qui pourraient être dissoutes au bon vouloir de sa majesté jupitérienne, ou de celles et ceux qui lui succéderont. Une attaque anti-démocratique d’ampleur donc.

Malgré cela, d’après Le Monde toujours, l’amendement aurait été voté à l’unanimité, le PCF et EELV finissant par retirer leur opposition et le PS par se rallier à l’amendement. Une attitude scandaleuse. Contre cette passivité ou cette adhésion aux attaques réactionnaires de la droite, l’affaire est trop grave pour se contenter de croiser les doigts en attendant de savoir si cet amendement sera jugé constitutionnel ou pas, ou si l’Assemblée Nationale décidera de le voter à son tour. L’ensemble des forces politiques, syndicales et associatives progressistes qui refusent de s’aligner sur la politique raciste du gouvernement devaient se mobiliser pour le retrait total du projet de loi islamophobe et liberticide qu’est la loi séparatisme. Quant à parler de dissolution, une seule nous vient à l’esprit : celle de cette institution anti-démocratique qu’est le Sénat !


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