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Chaises musicales à l’Elysée

Rien ne va plus en Macronie. Les conseillers intimes du « Patron » partent les uns après les autres

Sur fond de révolte des Gilets jaunes et d’une affaire Benalla qui n’en finit pas de rebondir, Macron ne peut plus compter sur l’équipe triomphante LREM qui s’était constituée autour de lui en mai 2017. Après 18 mois d’exercice du pouvoir, le caractère artificiel d’une majorité obtenue par défaut ne résiste plus. Les départs s’enchaînent. Un vide que Macron a sans doute l’intention de combler, au mieux de ses intérêts, en vue des élections européennes.

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Des vagues de départs, signes de décomposition

Les départs ne sont pas nouveaux. Ils avaient commencé dès l’été dernier dans les rangs du gouvernement, avec Nicolas Hulot et Gérard Collomb. Depuis le mois de janvier 2019, sur fond de crise des Gilets Jaunes et d’amplification de l’affaire Benalla, une nouvelle vague s’enclenche parmi les membres rapprochés du cabinet présidentiel.
C’est d’abord Stéphane Séjourné, ancien conseiller politique d’Emmanuel Macron qui quitte l’Elysée, le 15 janvier dernier. Il est, avec quelques autres, membre de la bande des « Mormons » prêts à tout pour défendre les couleurs du président.

Puis vient le tour de Sylvain Fort, le 25 janvier 2019. Directeur de la communication de l’Elysée depuis la rentrée dernière, il avait joué pendant la première année du quinquennat le rôle de « plume » du président. Après l’irruption de l’affaire Benalla, l’été dernier, et la réorganisation de l’Elysée qu’elle a entraînée, il a repris en charge la communication, poste qu’il occupait déjà durant la campagne présidentielle.

Troisième homme à avoir quitté l’Elysée, il y a tout juste trois jour, Ismaël Emelien, co-« Mormon » avec Stéphane Séjourné, et qui formait, avec Alexis Kholer, le duo proche accompagnateur de Macron. « Conseiller spécial » du président cet ancien partisan de Dominique Strauss-Kahn a rencontré Macron en 2012. Après l’avoir suivi à Bercy, il a fait partie des fondateurs d’En Marche !

Ce sont là les figures les plus marquantes qui aujourd’hui quittent l’Elysée. Peut-être d’ailleurs seront-elles rejointes bientôt par Alexis Kholer ? En tout cas, dans leur sillage, la liste des conseiller.e.s en partance s’allonge…

De faux prétextes et de vraies raisons

Sous le feu des questions des médias, tout ce que la Macronie compte d’amis et d’ennemis se penche sur les raisons qui ont pu conduire à ces départs. Les intéressés eux-mêmes ont bien sûr des réponses.

Selon Stéphane Séjourné, il serait parti pour diriger la campagne de LREM pour les élections européennes. Un avenir qui peut toutefois apparaître incertain dans la mesure où Macron refuse actuellement de parler d’une tête de liste tant que le grand débat n’est pas terminé.

Sylvain Fort, quant à lui, annonce vouloir prendre de longues vacances et retourner dans le privé.

Et enfin, Ismaël Emelien partirait pour assurer la promotion d’un essai qu’il a écrit sur la doctrine du macronisme, à paraître le 27 mars. D’un commun accord, le chef de l’État et les conseillers auraient considéré que la publication d’un ouvrage et un poste à l’Élysée n’étaient pas conciliables.

Chez les habitants du « Palais », la raison à la fois la plus noble et la plus politiquement correcte invoquée est celle de l’usure au pouvoir. Non sans glisser parfois un peu de venin : somme toute, tous ces gens-là auraient bien le droit d’aller se reposer après plusieurs mois d’un dur labeur auprès d’un président « lessivant » et pas très « écoutant ». Au moment où plusieurs villes sont soi-disant sous le coup des « casseurs » et où le chef « mouille la chemise » pour son grand-débat-marathon, ce soudain besoin de repos a de quoi surprendre.

Encore moins plausible, évidemment, est l’argument fourni par Ismaël Emelien. Entre un poste de conseiller auprès du président et la promotion d’un livre, fût-il à la gloire des idées macroniennes, les deux plateaux de la balance ne paraissent pas très équilibrés. C’est pourtant cette même raison qu’invoque, pour son propre départ, un autre conseiller de Macron, co-auteur de l’ouvrage, David Amiel.

Les Européennes, une boussole que Macron ne veut pas lâcher

Difficile de démêler, dans ce mouvement vers la sortie de l’Elysée, quelle est la part des démissions volontaires et la part des incitations, d’autant que chaque cas est évidemment spécifique. Deux paramètres sont cependant certainement présents : les implications dans l’affaire Benalla -très plausibles notamment en ce qui concerne Ismaël Emelien- qui pourraient retomber sur le président lui-même ; mais au-delà du scandale et des éclaboussures possibles, un réel remue-ménage politique qui est en train de s’opérer dans la perspective des élections européennes.

A ce jeu des départs, Macron pourrait apparaître de plus en plus comme un homme seul entouré de rats qui quittent le navire. Mais ce serait probablement une erreur stratégique que d’interpréter de cette façon ce phénomène. Macron n’oublie pas, même s’il ne le reconnaît jamais, qu’il a été élu par défaut, grâce à une crise fondamentale au sein des partis traditionnels de droite et de gauche. Avec l’effritement des voix à gauche, et à la gauche de la gauche, et avec une droite qui peine à se recomposer, il n’est pas exclu que Macron puisse obtenir une victoire aux européennes.

C’est sans doute pour ne pas insulter l’avenir et se laisser des possibilités de manier en temps utile les ficelles du clientélisme, qu’il ne se presse pas pour poser de nouveaux pions sur son échiquier politique. Quitte à laisser quelques cases vides, y compris celle de la tête de liste dont Stéphane Séjourné risque de ne pas être le bénéficiaire malgré le motif officiel de son départ.


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