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Les dents longues et le regard torve

Sainte-Jeanne-Macron. Emmanuel fend l’armure et donne des gages aux patrons

On connaissait les sympathies de l’extrême droite pour les hommages rendues à la Pucelle d’Orléans. Désormais, il faudra tenir compte de celles du ministre-banquier, non pas pour la Jeanne qui « balbutie un sentiment populaire national en un temps dynastique où la nation n’a pas encore de sens » dont parlait Daniel Bensaïd [mettre le lien en direction de l’article qu’on va charger], mais une Jeanne plus instrumentalisée que jamais dans sa mémoire et son histoire. Pour Macron, invité ce week-end par le maire de droite d’Orléans pour les 567èmes Fêtes de Jeanne d’Arc, c’était l’occasion de monter un grossier stratagème pour se démarquer de Hollande et donner davantage de gages au Medef. Jean-Patrick Clech

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Le discours était aussi fin qu’une pétoire du Moyen-âge. Rien à voir, pour le coup avec la fine stratège militaire qu’a su être la Pucelle au cours de la dernière phase de la Guerre de Cent Ans. Dans son allucution, sans jamais citer Hollande, à qui il « devrait tout » selon le président, il a décrit une Jeanne d’Arc qui serait son alter-ego. Signe supplémentaire de l’ego surdimensionné du ministre-banquier qui cache de moins en moins ses ambitions de candidat « ni droite-ni gauche » pour 2017.

La Pucelle aurait symbolisé, selon Macron, « la puissance d’un destin qui démontre que l’ordre des choses ne tient pas si cet ordre est injuste ». Il en sait quelque chose. Jeanne aurait ainsi été celle dont « l’arrivée suscite l’espérance » et qui « galvanise ». « A certains moments de l’Histoire, a poursuivi Macron, il faut savoir rassembler les énergies autour d’un même projet, d’une même ambition ». De ce point de vue, Macron n’a jamais eu les dents aussi longues. « La France réussira, a-t-il conclu, si elle parvient à réconcilier les Frances ». Un final que personne, de la droite à l’extrême droite en passant par les sociaux-libéraux, ne saurait renier.

Mais Macron n’était pas à Orléans uniquement pour s’adonner au lyrisme d’un discours écrit par ses conseillers en communication. L’objectif était double : continuer à instiller l’idée qu’il pourrait être un candidat alternatif si Hollande était incapable de se présenter (un faux pas ou un mauvais 49.3 est si vite arrivé…), mais abonder une fois encore dans le sens du « petit peuple », en l’occurrence celui que Macron connaît le mieux, les patrons.

Le nouveau projet de Macron ne saurait mieux répondre aux aboiements de Gattaz : il veut être celui qui fera, « à gauche », ce que même la droite n’aura jamais osé faire. Non seulement revenir sur cet ISF instauré en 1982 par le gouvernement Mauroy, mais aussi créer un « compte entrepreneur-investisseur » privilégiant le « risque face à la rente ». L’idée de fond, c’est de faire baisser un peu plus l’imposition sur le capital, sorte de complément à la loi Macron sur la libéralisation de l’économie.

Dans un souci de recadrer son action « à gauche » pour faire oublier la pilule amer de la loi travail et le scud du (possible) 49.3, Hollande disait le 3 mai, au Théâtre du Rond-Point, lors de son numéro de claquettes, vouloir des baisses d’impôts pour les ménages les plus modestes pour… 2017. Quelle coïncidence. Macron, lui, veut soulager les plus riches. Tout un programme, que l’évêque Cauchon, celui-là même qui a brûlé la Pucelle à Rouen en échange d’une rente de mille livres, n’aurait renié.


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