×

Les activités douteuses d'une structure contre la radicalisation

Seine-Saint-Denis. Les centres de déradicalisation, prévention et accompagnement ou relais des RG ?

Alors que le sénat dresse un bilan très critique de la politique de déradicalisation mise en place ces trois dernières années sous le quinquennat Hollande, une étude sur la Maison de la Prévention et des Familles (MPF), l'une des premières structures françaises de déradicalisation, donne un aperçu de l'échec de cette politique de déradicalisation et du rôle qu'elle joue dans les faits. Alors que les centres de déradicalisation ont été présentés comme un contre poids face au tout sécuritaire du quinquennat Hollande, misant sur la prévention plutôt que sur la répression, le travail fourni par l'association est particulièrement ambigu. Au-delà du cadre habituel des missions de déradicalisation, le centre sert également d'agence de renseignements pour la préfecture de police - un bel écran de fumée qui s'inscrit dans une logique de répression et de stigmatisation. Lili B

Facebook Twitter

Les documents échangés entre la Maison de Prévention et des Familles, installée dans le 93, et la préfecture de police de Paris, qui lui a accordé 35 000 euros de subventions, questionnent sur la réalité du travail fourni par cette structure de déradicalisation. La subvention montre en effet que le travail de l’association va bien au-delà d’une leçon de républicanisme, et sert des fins directement policières.

Ainsi, pendant des mois l’association a fourni des compte-rendus réguliers au cabinet du préfet, élargissant son travail d’accompagnement des personnes qui se sont signalées sur le numéro vert « Stop-djihadisme », à une collecte de données sur des familles de djihadistes en Syrie, des passeurs en Turquie, des proches de familles qui leur paraissaient suspect etc...

On peut se demander si ces renseignements relèvent d’une commande officielle, qui permettrait à la préfecture de Paris de récolter davantage d’informations via ces structures de déradicalisation, ou s’ils sont le fait d’une initiative individuelle. Même si la Préfecture de Police affirme n’avoir jamais réclamé quelconque renseignements, « respectant le secret professionnel », celle-ci y trouvait son compte et a encouragé cette pratique.

Quoi qu’il en soit, la connivence entre structure de déradicalisation et préfecture de police laisse à réfléchir. D’autant plus lorsque l’on voit l’inefficacité de ces structures en terme de prévention, d’accompagnement et de « déradicalisation ». En effet derrière les chiffres gonflés par certaines structures, cette politique de déradicalisation est bel et bien un échec. Si la responsable de la Maison des Préventions et des Familles affirme avoir traité une trentaine de cas, et déclare avoir travailler avec une dizaine de personnes aux compétences variées, un étudiant qui a travaillé en tant que stagiaire dans cette association, dément tous ces chiffres. La réalité : manque d’argent, souffrance des familles, personnel non qualifié, chiffres fantasques, surexposition aux médias : « nous recevions plus de journalistes que de familles » témoigne le jeune homme. Des mensonges qui n’ont par ailleurs jamais été démentis par les autorités. Et si la Maison de la Prévention et des Familles fait aujourd’hui l’objet d’une enquête judiciaire, le ministère de l’intérieur se garde bien de faire des vagues, car « pour eux, nous étions une vitrine médiatique bien utile » déclare le stagiaire qui « souhaite nourrir le débat en livrant l’envers du décor ».

En effet la politique de déradicalisation menée ces dernières années par le gouvernement Hollande est en réalité un bel écran de fumée. Si celle-ci est présentée comme une politique de prévention, qui permettrait d’accompagner des personnes en voie de déradicalisation et de stopper ces processus de radicalisation, dans les faits, il n’en est rien. Aujourd’hui les principaux relais de ces structures de déradicalisation sont la police et les préfectures. Les liens avec la recherche sont ténus, ce qui aboutit à une approche erronée et simpliste de la radicalisation religieuse, qui est analysée simplement comme un phénomène idéologique, un « embrigadement sectaire », dont les racines sont à chercher du côté d’internet et des réseaux sociaux. Dans ces centres de radicalisation, qui choisissent la diffusion des « valeurs républicaines » comme moyen d’éradication du djihadisme, les facteurs sociétaux, mais également géopolitiques (guerres qui créent des sentiments d’injustice comme en Syrie, et qui, en semant le chaos, renforce la montée en puissance de groupes terroristes), ne sont évidemment pas pris en compte, permettant à l’Etat français de se dédouaner de toute responsabilité.

Loin d’être une rupture avec la logique sécuritaire et répressive adoptée par l’Etat français dans sa « guerre contre le terrorisme », la politique de déradicalisation est solidaire des logiques de répression et de stigmatisation aujourd’hui à l’oeuvre à l’égard de l’islam et des musulmans et personnes assignées comme telles.

_


Facebook Twitter
Nestlé et son business criminel de l'eau et du lait en poudre

Nestlé et son business criminel de l’eau et du lait en poudre

Innocent mais sans-papiers. Blessé par le Raid à Saint-Denis, la préfecture veut expulser Ahmed

Innocent mais sans-papiers. Blessé par le Raid à Saint-Denis, la préfecture veut expulser Ahmed

ONPC. Yann Moix proche de l'extrême droite ? Nous avons enquêté

ONPC. Yann Moix proche de l’extrême droite ? Nous avons enquêté


Amende pour un chat. A la SNCF, tout est bon pour faire payer les usagers

Amende pour un chat. A la SNCF, tout est bon pour faire payer les usagers

Méga-incendie dans le Var : une nouvelle conséquence dévastatrice de la crise climatique

Méga-incendie dans le Var : une nouvelle conséquence dévastatrice de la crise climatique

#BoycottEquipeDeFrance : la droite et l’extrême droite en campagne contre la dénonciation du racisme

L'injonction (capitaliste) à être heureux

L’injonction (capitaliste) à être heureux

Crise économique. Les milliardaires français sont les plus riches d’Europe