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Témoignage

Simon, AED : « On a fait grève contre le mépris de la direction et du gouvernement »

Une grève inédite s’est déroulée ce jeudi 13 Janvier dans l’éducation nationale contre Blanquer et la situation catastrophique à l’école en pleine vague Omicron. Dans les vies scolaires, la grève a été particulièrement suivie avec 80% de grévistes selon le SNES. Nous avons laissé la parole à un AED pour comprendre l’ampleur du phénomène.

Simon Derrerof

14 janvier 2022

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Crédits photo : AFP - THOMAS SAMSON

Je travaille dans un lycée parisien, la journée du 13 janvier a été pour nous particulière, historique même à l’échelle de notre établissement avec 100 % de grévistes dans la vie scolaire du lycée, du collège mais aussi des taux importants dans l’internat, elle suivait une journée du mardi 12 janvier où nous étions déjà plusieurs à répondre à l’appel à la grève pour les AEDs.

Il faut comprendre que si les taux de grève ont été aussi importants dans notre vie scolaire ce jeudi, c’est parce qu’il y a un ras-le-bol absolu face à la situation que nous vivons. Depuis maintenant deux ans, nous les AEDs sommes en première ligne dans les écoles face à la pandémie, depuis maintenant deux ans notre profession attend des moyens, du matériel supplémentaire pour pouvoir faire face à cette pandémie, et depuis deux ans, notre ministre ne nous apporte que mépris, mensonges et foutage de gueule. Il y a un ras le bol immense, les collègues sont nombreux à être à bout. Il faut savoir que parmi les AEDs nous sommes nombreux à être aussi étudiants à côté de nos études, à galérer pour joindre les deux bouts à la fin du mois, pour payer études, loyers et repas, si la grève a été aussi suivi et que nous avons été nombreux à perdre une partie de notre salaire, c’est que la colère est grande !

La réalité c’est que pour un salaire de misère on se retrouve à devoir aider l’infirmière de notre établissement qui est complètement dépassée par la situation sanitaire, à devoir gérer les dizaines de cas covid quotidiens par jour, à devoir prendre en charge les centaines d’absences par jour, à faire du mieux avec un protocole sanitaire au mieux complètement débile. Des élèves viennent nous voir avec leur autotest positif en nous demandant ce qu’ils doivent faire parce que personne ne comprend rien aux directives du ministère, des consignes qui ont en plus changé 3 fois en une semaine. La rentrée post fêtes de fin d’année a été la goutte de trop, Blanquer a sorti un protocole le dimanche soir un protocole à la fois impraticable et absurde sur volet sanitaire, et en plus sur un média payant. Les cas contacts vaccinés peuvent aller en cours, on passe notre temps à aller dans les classes pour annoncer des cas positifs, à devoir gérer des clusters…

Ce qui a motivé aussi les collègues à se mettre en grève, c’est la position de notre direction qui est pleine de mépris envers nous. On nous a expliqué que nous exagérions la situation sanitaire, que de toute manière le variant omicron n’était pas dangereux et que nous en faisions trop, bref nous n’avons aucune solidarité ni même soutien de leur part. De plus, ça suit une situation où en réalité les tensions sont nombreuses depuis le début de l’année et où nous sommes en désaccord avec la façon dont ils nous traitent et leur manière de gérer l’établissement. Pourtant, depuis la rentrée, il y a des clusters partout, dans les classes où parfois il existe plus d’une dizaine de cas positifs, chez les personnels aussi, par exemple à la cantine plus de la moitié du personnel était malade et ne pouvait plus travailler.

Ce qu’on peut voir en tout cas, c’est que la grève a mis en difficulté hier le gouvernement, qui a tenté rapidement d’éteindre la colère de l’éducation nationale avec des effets d’annonce et des mesurettes. Evidemment ça ne suffit pas, 5 millions de FFP2 vont être diffusés sans qu’aucune échéance ne soit donnée, mais il y a 800 000 professeurs, ça en fait 5 par personnes, de plus quid des personnels et des AEDs ? On nous dit que « le haut conseil de la santé publique ne les préconise pas » mais on voit que ce n’est pas ce ministère qui fait face dans les établissements, ils sont complètement déconnectés de la réalité que l’on vit. Blanquer a annoncé aussi l’embauche de 1500 assistants d’éducation vont être recrutés, c’est juste ridicule au niveau national. Autre point, on revendique depuis des mois des capteurs CO2, Blanquer nous répond que ça relève de la compétence des « collectivités territoriales », ils jouent au ping pong avec la santé des personnels et nous encore une fois on fait face à la situation sans moyens. Par contre ça révèle que la mobilisation massive de l’éducation nationale inquiète ce gouvernement et qu’ils ont tout fait pour éteindre les colères.

Pour nous il y a urgence à continuer le combat, on a montré jeudi qu’il y avait une énorme colère dans notre secteur, il y a urgence à avoir un vrai plan de bataille pour imposer ce dont nous avons besoin au gouvernement. Les directions syndicales se félicitent du rendez-vous hier avec le gouvernement, mais ça ne changera rien à nos conditions de travail. Nous ne voulons plus être les « pions » de ce gouvernement, trop c’est trop, nous en avons marre.


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