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La candidate du « peuple » ?

Sortie de l’Euro ou pas, Marine Le Pen compte bien mettre la misère aux travailleurs

Sortie de l’Euro ou pas ? Retour au franc ? Monnaie unique ? Les différents réajustements –on pourrait même parler de voltefaces - de Marine Le Pen introduisent un flou sur ses véritables intentions si elle était élue. Une certitude demeure cependant : les travailleurs et les classes populaires auront à souffrir de sa victoire.

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Ce n’est pas la première fois que Marine Le Pen réajuste son discours sur la question de la rupture avec l’Union Européenne et ses différents aspects. En effet, au cours de la campagne, celle-ci avait déjà relativisé un éventuel « Frexit », jusqu’ici clé de voûte de son programme, en le conditionnant à un référendum dont le résultat était loin d’être sûr. Confrontée une nouvelle fois au « plafond de verre », placée à 40% loin derrière Macron dans les sondages, celle-ci cherche à rassurer les investisseurs et le patronat français sur son projet contre lequel ils sont nombreux à avoir position ces derniers temps (à l’image de Michel Edouard-Leclerc, Tom Enders ou encore Martin Bouygues). Or, leur principal critique se fait sur la question de la sortie de l’Euro qui ouvrirait trop d’incertitudes pour eux. C’est aussi le point sur lequel achoppe une bonne partie des électeurs de droite tentés par un vote Le Pen.

L’accord surprise avec Nicolas Dupont-Aignan récemment survenu a donné l’occasion à Marine Le Pen d’infléchir de manière importante son projet, sur la question de la sortie de l’Euro et du retour au franc. Désormais, celle-ci assume l’idée, autrefois présentée comme l’une des hypothèses, d’un modèle à deux monnaies sous la forme de la coexistence d’une monnaie commune (et non plus unique comme aujourd’hui) et d’une monnaie nationale. Cependant, les contours de cette refonte de l’euro restent très flous et conditionnés à des discussions avec les partenaires européens, comme l’a déclaré récemment son nouveau partenaire, Dupont-Aignan : « Je pense avoir convaincu Marine Le Pen qu’il fallait prendre le temps de la négociation avec les partenaires européens », a-t-il déclaré sur BFMTV/RMC ce lundi. « Nous laisserons un peu de temps au temps pour le faire avec sérieux. »

Bien que son projet soit encore flou, notamment sur la question de la forme de coexistence des deux monnaies et des taux de change, Marine Le Pen revendique la référence à l’ECU, une unité d’échange autrefois utilisée en Europe, créée en 1979 dans le cadre du système monétaire européen (SME), dans l’espoir de stabiliser les taux de change entre les différentes monnaies européennes. Or, ce système, pensé pour rassurer les investisseurs et les spéculateurs reviendrait à fonder un modèle à deux vitesses, avec une monnaie spécifique pour les puissances financières et les échanges internationaux, ce qui donnerait aux spéculateurs et aux investisseurs un pouvoir important, et une monnaie pour les échanges intérieurs. Mais la monnaie nationale ne serait pas pour autant à l’abri de grandes fluctuations, d’une grande instabilité liées aux assauts spéculatifs dont elle pourrait faire l’objet de la part des puissances financières. De plus, alors qu’un système de conversion commun en Europe continuerait d’offrir aux capitalistes tous les avantages de la monnaie unique pour les échanges et les investissements, la monnaie nationale, réservée à la population, dont la valeur pourra alors être dévaluée afin d’améliorer la compétitivité des produits français, générera quant à elle de l’inflation et une baisse du pouvoir d’achat pour les classes populaires françaises.

Les derniers réajustements de Marine Le Pen viennent démontrer s’il en était encore besoin la supercherie en laquelle consiste son projet de rupture avec l’UE et/ou avec l’euro. Car, s’il est clair que l’Union Européenne est aujourd’hui le principal relais des politiques d’austérité et de casse des conditions de travail en Europe qui fait souffrir des millions de travailleurs, le projet de Marine Le Pen n’est qu’un écran de fumée. En effet, dans les conditions actuelles, sortir de l’euro reviendrait à faire exploser les dettes des ménages et de l’Etat, émises en euro, et qu’il faudra alors rembourser aux banques et aux puissances financières avec une monnaie nationale qui sera de fait dévaluée. La raison en est simple : Le Pen ne pose jamais la question de construire un rapport de forces avec les capitalistes européens, dont ceux français, une condition pourtant indispensable pour rompre avec le chantage de la dette et des marchés, pour reprendre le contrôle des capitaux et des moyens de production. On n’aura par exemple jamais entendu dans la bouche de celle-ci parler d’expropriation des banques ou d’annulation de la dette. Pire, Le Pen cherche dans cette fin de campagne à leur offrir des garanties sur le fait que même sans l’euro, ceux-ci pourront continuer à maitriser le cours de la production et des échanges économiques.

Il n’y donc aucune raison d’en douter : Marine Le Pen compte bien mettre la misère aux travailleurs et aux classes populaires. D’autant plus que le venin raciste, sexiste et homophobe que celle-ci diffuse constitue un outil puissant de division des travailleurs et des classes populaires que les patrons savent déjà bien exploiter pour éviter d’avoir à rendre des comptes. Si Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont des projets bien différents, ils ont en revanche un point commun : celui de chercher à servir au mieux les intérêts des capitalistes, grands patrons et investisseurs. C’est bien pour cela qu’il n’y aura aucune perspective, ce 7 mai, à mettre un quelconque bulletin dans l’urne. C’est sur nos propres forces, la riposte de notre classe qu’il faudra compter, dès le 8 mai, pour préparer l’affrontement avec le prochain gouvernement et la classe sociale qu’il servira.

Source Photo : VALERIYA POTAPOVA - Fotolia


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