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Après les tests et les masques

Stratégie de vaccination : un scandale sanitaire majeur, Macron le premier responsable !

Alors qu’une « reprise incontrôlée » de l’épidémie de Covid-19 fait partie des hypothèses, la stratégie vaccinale sur laquelle le gouvernement a misé gros du fait de son incapacité à briser les chaînes de contamination est déterminante quant à la résolution de crise sanitaire. Le problème cependant, c’est que là encore, après les tests et les masques, Macron et son gouvernement ont encore une fois échoué plus que lamentablement à mettre en œuvre une réelle campagne de vaccination, ouvrant un nouveau scandale sanitaire majeur pour débuter 2021. Définitivement, il n’y a aucune confiance à avoir en ce gouvernement : prenons nos affaires en mains !

Irène Karalis

5 janvier 2021

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Crédits photo : Gints Ivuskans - AFP

Alors que le nombre de décès depuis le début de la pandémie a dépassé la barre des 65 000 ce dimanche, la situation sanitaire démontre des signes très inquiétants alors même que ne sont pas encore comptabilisés les impacts de Noël et du nouvel an dans les courbes d’hospitalisations.

Face à cette épidémie qui paraît n’en plus finir depuis maintenant un an, l’arrivée du vaccin - dont on sait qu’il a été élaboré en un temps record mais dont les différentes phases de tests ont fini par conclure une importante efficacité malgré des inconnues sur le long terme, apparaît de fait comme un volet essentiel de toute stratégie sanitaire efficace.

Dès lors, le gouvernement a mis la question du vaccin au cœur de sa stratégie sanitaire pour 2021, abandonnant dans les faits la stratégie « tester-alerter-protéger » dont l’objectif était de briser les chaînes de contamination et lui préférant par défaut une gestion autoritaire via une alternance entre semi-confinement et couvre-feu pour empêcher le débordement des hôpitaux tout en évitant un effondrement de l’économie.

En ce sens, sur le plan sanitaire, le gouvernement est passé dans une stratégie du « tout-vaccin », mettant l’ensemble de sa communication dans l’objectif de convaincre la population de se vacciner sans « obligation ». Une stratégie qui comportait trois phases : en janvier, vacciner les résidents des Ehpad et les personnels de ces établissements ; en février, les personnes fragiles du fait de pathologies ou de leur âge ; et au printemps, le reste de la population. Une stratégie du « proche de la population » qui a volé en éclat, révélant l’impréparation totale du gouvernement. Après les masques et les tests, l’année 2021 s’ouvre ainsi sur fond de scandale sanitaire majeur autour de la stratégie vaccinale.

Au 1er janvier, seules 516 personnes avaient en effet été vaccinées. En comparaison avec d’autres pays européens, la France a calé au démarrage. S’il ne s’agit pas d’ériger en exemple les autres pays dont la gestion sanitaire révèle aussi son lot de catastrophe, force est de constater que la France est en retard sur tous les tableaux : en Italie, 85 000 personnes se sont vues se faire administrer le vaccin, chiffre qui monte à 200 000 pour l’Allemagne et même à un million pour le Royaume-Uni. Si la stratégie britannique démontre l’écueil inverse tant elle brille par une gestion aventuriste ne prenant pas en compte les recommandations des laboratoires comme la durée recommandée entre la première dose et la seconde dose (rien ne garantit l’efficacité du vaccin avec cette modalité d’administration), celle du gouvernement français démontre de manière graphique son incapacité à mener une campagne vaccinale efficace, avec son lot de problèmes de logistique et de procédures, comme le relatent de nombreux éditorialistes

Alors que 500 000 doses de vaccins Pfizer ont été livrés, le nombre de doses délivrées est ridiculement bas, ce qui semble extrêmement grave au au regard de la gravité de la situation sanitaire. Pour justifier ce nouveau scandale sanitaire, le monsieur vaccin Alain Fischer déclarait il y a quelques jours que contrairement à l’Allemagne où des “vaccinodromes” ont été mis en place, la stratégie du gouvernement français était “d’amener le vaccin auprès des personnes”, ce qui “prend du temps” et est “compliqué”. Et si Macron a essayé, lors de ses voeux pour 2021, de se dédouaner de toute responsabilité et de se poser comme celui qui allait reprendre les choses en main en affirmant qu’il ne laisserait "aucune lenteur injustifiée s’installer pour de mauvaises raisons", c’est bien le chef de l’Etat au cœur du Conseil de Défense qui est le premier responsable dans cette mise en œuvre chaotique de la stratégie vaccinale.

Après des mois d’effets d’annonce, de beaux discours annonçant avoir commandé 2 millions de doses, il a manqué la mise en œuvre de la campagne de vaccination, et ce aussi bien en terme de logistique mais aussi et surtout en termes de procédure : « Ce qui pèche d’abord, ce sont les procédures, et jusqu’à cette semaine, l’impulsion politique », explique notamment le journal Les Echos. Le gouvernement n’a pas jugé bon de prévoir la logistique du transport et de la conservation des vaccins, et c’est seulement ce lundi par exemple que les boîtes d’emballage du groupe Sofrigam ont été homologuées. Pourtant, le gouvernement savait depuis longtemps que les vaccins Pfizer, comportant la molécule ARN messager, nécessitent d’être conservés dans des contenants à moins 70°C, mais ce n’est qu’une semaine après le début des vaccinations que les “frigos ambulants” de Sofrigam ont été validés. Deux types de contenants vont donc être mis à disposition : d’une part, des boîtes capables de contenir une centaine de vaccins à moins 70°C pendant 48h : et, d’autre part, qui permettront de conserver le vaccin dans les Ehpad ou les hôpitaux pendant 5 jours à 5°C, le vaccin pouvant être conservé plusieurs jours à cette température sans périmer une fois “décongelé”.

Mais cette lenteur dans la mise en place de la logistique et notamment dans la mise à disposition de boîtes réfrigérantes pour les vaccins risque de coûter cher à l’exécutif. Ainsi, selon Le Figaro, un conseiller de Jean Castex déclarait il y a quelques jours que 25 à 30% des doses pourraient être perdues, faute d’avoir prévu assez de contenants pour les stocker. Un gaspillage qui paraît bien cruel au regard du fait que certains pays pauvres pourraient bien être capables de ne vacciner que 20% de leur population.

La lenteur de la campagne de dépistage apparaît d’autant plus inquiétante que le variant britannique a été à nouveau détecté dans l’Hexagone. Comme le rappelait Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, au micro de Radiofrance, “L’inquiétude du moment, c’est de savoir si ce variant va se répandre et à quelle vitesse, sachant qu’en Grande-Bretagne, ce variant a une transmissibilité qui est de 50% supérieure aux autres variants du virus et que, dès lors, il peut vraiment nous précipiter dans une situation extrêmement complexe”. Dans un contexte où le variant britannique peut se multiplier à tout moment, la question du vaccin devient d’autant plus essentielle.

Face au risque de crise politique, le gouvernement tente d’accélérer la campagne

Essuyant des critiques de toutes parts, le gouvernement a ainsi annoncé l’accélération de la campagne. Après avoir tenté de justifier la lenteur de la campagne, en expliquant qu’on avait “choisi un chemin différent” de celui des autres pays européens, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a ainsi déclaré au Parisien que “l’accélération demandée par le président était déjà engagée”.

Dans la même veine, Olivier Véran a déclaré ce lundi, devant l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Paris : “d’ores et déjà je peux vous dire qu’aujourd’hui nous aurons réalisé plusieurs milliers de vaccination dans tout le pays. Ça va monter en puissance et ça va monter encore plus en puissance à partir de mercredi, jeudi, vendredi, la fin de semaine. Quant aux EHPAD, la vaccination se poursuit”. Le nombre de centres de vaccination, actuellement de l’ordre de 27, devrait par ailleurs être multiplié par 4. Le ministre de la santé a par ailleurs annoncé la mise en place de “centres de vaccination en ville”, la création de “vaccinodromes” comme ceux existant en Allemagne n’étant aucunement privilégiée sans autre raison donnée que le froid. Par ailleurs, le gouvernement a décidé de sauter les étapes de son plan d’origine, et de vacciner dès maintenant des soignants de plus de 50 ans. 140 d’entre eux se sont ainsi faits vacciner ce week-end à l’Hôtel-Dieu.

Cette accélération de dernière minute illustre l’impréparation totale du gouvernement prévenu depuis plusieurs mois des contraintes liés à ce type de vaccination. On se rappelle du scandale des masques, quand les ministres défilaient un à un pour tantôt nous dire qu’ils étaient inutiles, tantôt nous expliquer qu’ils étaient indispensables. Et si l’exécutif nous fait aujourd’hui de belles promesses, rappelons-nous de celles concernant les tests, et des objectifs numériques fixés mais jamais atteints pendant la première vague. Aujourd’hui, à un an du début de l’épidémie, le gouvernement continue de nous montrer son incapacité à gérer la crise à la hauteur de nos vies. Encore récemment, Jean-Paul Djebbari, ministre des transports, montrait le flou de la stratégie du gouvernement, affirmant que l’objectif était de vacciner 26 millions de personnes d’ici l’été, quand jusqu’à maintenant, l’objectif affiché était de 15 millions.

Aucune confiance en ce gouvernement qui a géré la crise de manière chaotique !

Quoiqu’il en soit, force est de constater que le gouvernement, qui avait fait du vaccin une stratégie à part entière, se retrouve bien en difficulté pour l’appliquer, mettant une fois de plus nos vies et nos santés sur le fil du rasoir. Alors qu’il misait depuis plusieurs mois sur la stratégie du tout vaccin, mettant la question du “tester, alerter, protéger” aux oubliettes et renonçant au fait de mettre en place un véritable plan sanitaire d’ensemble, Macron et sa clique n’ont même pas été capables de mettre en place une véritable stratégie coordonnée à l’échelle de l’ensemble de la population qui soit cohérente et fonctionnelle.

Mais derrière cette gestion catastrophique et erratique, c’est Macron lui-même qui alimente une défiance par rapport aux vaccins au sein de la population, le dernier sondage Odoxa révélant en effet que 58% de la population était réticente à se faire vacciner. Une défiance que le gouvernement alimente concrètement de par sa gestion sanitaire mais aussi par sa gestion autoritaire. En tentant de le rendre obligatoire à la veille de Noël au travers du projet de loi autoritaire et liberticide “instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires” qui prévoyait de permettre au premier ministre de rendre obligatoire la vaccination, le gouvernement a joué un jeu dangereux et accentué la défiance déjà existante. Par ailleurs, si Véran a annoncé qu’il était convaincu “qu’on atteindra un bon taux d’immunité collective sans passer par l’obligation vaccinale”, il n’est pas exclu que ce projet de loi liberticide ressorte des placards dans le but de donner davantage de prérogatives à l’exécutif, dans la continuité du tournant autoritaire effectué par le gouvernement Macron depuis maintenant plusieurs mois.

Si les vaccins constituent effectivement une partie de la solution à la crise (s’il n’y a pas de mutation d’ici la du Covid19), il n’y a donc aucune illusion à placer en ce gouvernement, qui, depuis qu’il parle des vaccins comme du nouveau Graal, n’a même pas mis en place de centres de vaccination dans les Ehpad jusqu’à maintenant, ou prévu assez de contenants pour les stocker.

En ce sens, il ne faut pas se leurrer sur la nature du “collectif de citoyens” annoncé par le gouvernement, qui sera composé de 35 personnes tirées au sort ayant pour mission de suivre la stratégie gouvernementale pour le vaccin. La création d’une telle commission a pour unique objectif de redorer le blason du gouvernement et ne constitue en réalité qu’un coup de com’, à l’image de la convention citoyenne sur le climat. Contrairement à Yannick Jadot qui dénonçait “un mélange d’amateurisme, d’arrogance, d’incompétence et d’arrogance", il ne faut pas croire que cette commission aura les mains libres pour mettre en place ce qu’elle veut et qu’elle aura un quelconque pouvoir d’agir. On se rappelle des trois vétos déposés par Macron sur les propositions de la convention citoyenne sur le climat, vétos qui portaient sur les trois propositions les plus importantes, et notamment la proposition d’une taxe de 4% sur les dividendes des entreprises supérieurs à 10 millions d’euros.

Montrant une fois de plus son impréparation, le gouvernement prouve plus que jamais qu’il est incapable de protéger nos vies et nos santés. Depuis le début de la crise, il va de mensonge en échecs, que ce soit quant à la question des masques ou celle des tests. Aujourd’hui, alors même que les vaccins devaient être son heure de gloire, il montre une fois de plus son inconséquence, mettant en danger toute la population. Il devient ainsi de plus en plus urgent de mettre en place un vrai plan sanitaire, à la hauteur des enjeux, dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les transports et dans les entreprises, afin que la vie et la santé de la population ne soit plus sacrifiée. Un véritable plan sanitaire qui mettrait au centre la question des embauches, des embauches massives de personnels soignants ou éducatifs, afin de désengorger les hôpitaux ou encore les écoles.

Plus encore, au-delà de la responsabilité du gouvernement, la question du vaccin a montré l’impossibilité de résoudre des crises de l’ampleur de celle du coronavirus sous le système capitaliste. En amont de l’impréparation du gouvernement pour la mise en oeuvre des vaccinations, c’est l’élaboration même du vaccin qui est à remettre en cause, les capitalistes à la tête des entreprises pharmaceutiques refusant la mutualisation des recherches scientifiques ainsi que la transparence sur l’avancée des travaux. En ce sens, il est impératif d’exiger que les brevets des vaccins soient distribués à toutes et tous et ce gratuitement, afin que les pays sous domination y aient également accès. La responsabilité étant celle des grandes entreprises pharmaceutiques qui organisent la pénurie, ce ne peut être qu’aux travailleurs de cette industrie, et aux soignants à la base dans les hôpitaux, de reprendre en main la gestion de la crise sanitaire.


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