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Égalité dans loi, inégalités dans la vie

Suisse. Grève des femmes contre les inégalités de genre le 14 juin

Le 14 juin est une journée de grève féministe historique en Suisse. Débutée en 1991 et commémorée depuis, la grève a pour but de porter des revendications égalitaires pour les femmes, qu’elles soient salariales ou domestiques.

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Une journée historique pour les femmes suisse

Ce vendredi 14 juin, dans toute la Suisse, toutes les femmes sont appelées à faire grève, quelle que soit leur activité : « Nous toutes, femmes* (*toute personne qui n’est pas un homme cisgenre — soit un homme qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance) avec ou sans partenaire, en collectivité, avec ou sans enfants, avec ou sans emploi, et quelle que soit la nature de l’emploi, en bonne santé ou malades, avec ou sans handicap, hétéro, LBTIQ, des plus jeunes aux plus âgées, nées ici ou ailleurs, avec des cultures et origines différentes, nous appelons à une Grève féministe et des femmes le 14 juin 2019. »

Cette journée est ancrée dans l’historique du pays. Le 14 juin 1991, une grève massive a eu lieu, lancée par l’Union Syndicale Suisse, réunissant plus de 500 000 femmes à travers le pays. Le mouvement a pris forme afin de faire appliquer l’article constitutionnel concernant l’égalité homme-femme, inscrit 10 ans avant, le 14 juin 1981. Cette grève a notamment permis d’accélérer le processus d’application de l’article, qui fut concrétisé en 1996.

Depuis, le 14 juin est marqué par la grève des femmes en Suisse, non seulement sur les lieux de travail, mais également au niveau domestique, scolaire,… chaque femme est appelée à se mobiliser, à son échelle et selon ses capacités. Soutenu par de nombreux syndicats, le mouvement prendra la forme de manifestations, mais aussi d’actions sur les lieux de travail, lieux qui seront quittés à 15h30 selon le site officiel de la grève.

Leurs revendications sont multiples, et ne se cantonnent pas au domaine salarial. En effet, bien que réclamant la fin de l’inégalité salariale et la discrimination dans le monde du travail, le manifeste de cette grève aborde d’autres points, tel que le partage et la reconnaissance du travail domestique et éducatif afin de mettre fin au travail gratuit et quotidien exercé majoritairement par les femmes ; mais également la mise en place par l’État de structures d’accueil pour les enfants et pour les personnes âgées ou dépendantes, pour faire de l’éducation et des soins une préoccupation collective et non plus réservées aux femmes.

De plus, le manifeste revendique la liberté sexuelle et de choix de genre, le refus de la violence sexiste, mais aussi le changement du système éducatif et institutionnel, reflets de la société patriarcal, dans lesquels les femmes occupent une place minime.
Aussi, cette grève revendique non seulement la prise en charge de la question de l’oppression des femmes, mais également de toutes les oppressions spécifiques : « Nous exigeons que des mesures concrètes soient prises pour lutter contre ces oppressions spécifiques et que soient développées des données précises sur les effets du racisme, du sexisme et de l’homophobie en Suisse. Nous voulons que nos différences soient reconnues et que l’égalité soit garantie pour toutes. »

Lier lutte contre le patriarcat et lutte contre le capitalisme

A Genève, l’Union Patronale a critiqué le recours à la grève comme moyen de lutte, en expliquant que les revendications ne concernaient pas seulement les conditions de travail, et que la grève n’avait donc pas lieu d’être, dévoilant leur visage réactionnaire et anti-féministe. Bien que peu étonnante, leur position est totalement faussée. Les femmes représentent désormais près de 50 % de la masse salariale mondiale, et sont en majorité la main d’œuvre la plus exploitée. L’entrée des femmes sur le marché du travail n’a abouti qu’à une précarisation plus grande de celles-ci, devant jongler entre le travail salarié et le travail invisibilisé.

Historiquement utilisé par le mouvement ouvrier dans sa lutte contre le capitalisme, la grève est donc un moyen de lutte qui a toute sa place dans les mobilisations féministes.

De plus, cette grève s’inscrit dans la nouvelle vague féministe, qui cherche à lutter à la fois contre l’exploitation du capitalisme et contre l’oppression patriarcale. Une articulation des combats nécessaire afin de créer un rapport de force suffisant pour détruire le système existant, qui exploite et opprime des millions de personnes.

Crédit photo : Keystone/Salvatore di Nolfi.


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