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Après la guerre, la misère

Suisse : Sept tentatives de suicides dans un centre d’accueil pour mineurs isolés

Dans un article paru ce vendredi, le quotidien suisse la Tribune de Genève témoigne des conditions de vie intenables que connaissent les demandeurs d'asile mineurs dans les centres d'accueil, et notamment dans un foyer de Lausanne. Sept jeunes adolescents ont tenté d’y mettre fin à leurs jours. A. Bronstein

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Dans un foyer de l’EVAM - Établissement vaudois d’accueil des migrants, qui compte cinq foyers au total – sept jeunes ont tenté de se suicider, dont trois le même soir. Ces adolescents arrivés en Suisse sans leurs parents, et dont la plupart ne parlent ni français, ni allemand ni anglais, ont presque tous été confrontés à des situations abominables en tentant de rallier l’Europe, pour fuir la guerre et la misère. Parmi les personnes interrogées par le quotidien suisse, une femme intervenant auprès d’eux raconte notamment que « ceux qui remontent d’Érythrée ont forcément passé par la Libye, l’enfer sur terre, où ils sont enfermés dans ce que l’on ne peut nommer autrement que des camps de concentration. Jusqu’à ce que leur famille paie, qu’ils s’échappent ou soient vendus ». Une autre femme explique que « pour payer les passeurs en Grèce, certains ont dû se prostituer pour 10 euros ».

Mais l’enfer continue dans les foyers d’accueil. En un peu plus d’un an, l’EVAM est passé de l’accueil de 45 mineurs à 207 aujourd’hui. Alors que dans les foyers accueillant des jeunes domiciliés en Suisse, la proportion d’éducateurs est en moyenne d’un pour quatre, dans les foyers de l’EVAM un éducateur gère une vingtaine d’enfants. Ils doivent gérer les tâches administratives et les cas urgents, et n’ont absolument pas le temps d’accompagner les jeunes au quotidien, de tisser des liens plus profonds, de les aider à apprendre la langue, à faire leurs devoirs, ou simplement passer du temps avec eux. La situation est telle qu’au foyer de Chamby-sur-Montreux, il n’y a aucun éducateur le week-end, pour rester avec les 36 mineurs accueillis. Ce sont des agents de sécurité qui assurent la surveillance pendant la fin de semaine.

De fait, la situation est souvent très tendue dans ces centres, où les personnes accueillies, qui ont été confrontées à la violence de la guerre, de la traversée pour venir en Europe, et désormais à la violence et à la misère sociale des centres d’accueil, reproduisent eux-mêmes des gestes violents pour résoudre les conflits. Certaines bagarres se terminent parfois à coups de couteaux. Parmi les travailleurs sociaux, surmenés et en sous-effectif criant, nombreux sont ceux qui finissent par démissionner ou poser des congés maladies prolongés.

Ces conditions de travail sont très similaires à celles que connaissent les travailleurs sociaux en France et ailleurs, travaillant toujours plus à flux tendus, avec toujours moins de moyens pour toujours plus de tâches. Alors que de nombreux pays européens ont pris part de façon plus ou moins active aux conflits qui aujourd’hui ensanglantent le Moyen-Orient, la politique vis-à-vis des victimes de ces guerres est plus qu’intolérable : le manque de moyens, loin d’être dû à un quelconque problème budgétaire, est surtout une façon pour les gouvernements de rendre l’arrivée en Europe intenable et insupportable pour les victimes des guerres qu’ils ont pourtant déclenchées.


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