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Suppression d'emploi

Suppressions de postes chez le leader mondial de matériel son pour le spectacle vivant

En cette période de fêtes de fin d’année, L-Acoustics, le leader mondial en matériel de sonorisation pour le spectacle, a annoncé 35 suppressions de postes. Dans l’Essonne, des salariés ripostent en débrayant le 24 décembre.

Camille Lupo

28 décembre 2020

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Crédit photo : Le Parisien / Gérald Moruzzi

Des fêtes de fin d’année sous le signe de la perte de leur emploi, c’est la réalité de nombre d’ouvriers : les Cauquil et les AAA à Toulouse, les Gargill à Haubourdin… Que viennent maintenant rejoindre les salariés de L-Acoustics dans l’Essonne. Le leader mondial en matière de matériel de sonorisation pour le spectacle vivant a annoncé fin décembre la suppression de 35 emplois, à l’échelle d’environ 200 dans l’entreprise entière. « Je m’attendais à fêter Noël tranquillement en famille et je me retrouve à faire ma première grève un 24 décembre » a confié au Parisien un des ouvriers de l’unité de production qui a débrayé le 24.

La direction de L-Acoustics tente de justifier ces suppressions de postes par une baisse de leur chiffre d’affaire de 50% depuis le début de la crise du coronavirus, avec l’arrêt brutal des concerts et des activités de tout le spectacle vivant. Ce qui n’empêche pas l’entreprise, une des 10 sociétés indépendantes les plus rentables de France, de finir l’année avec « une trésorerie florissante de 20 millions d’euros fin septembre », comme le rapporte le délégué CGT Hamet Drame toujours au Parisien. C’est également sans compter les aides qui lui ont été octroyées, comme un prêt garanti par l’Etat de 35 millions d’euros…

C’est contre ce mépris que les salariés de l’unité de production à Marcoussis dans l’Essonne ont débrayé le 24 décembre. A l’usine Cauquill en grève plus tôt ce mois-ci, une pancarte donnait le ton : « Cette année, une guirlande pour se pendre ». Ce qui prime, de Cauquill à L-Acoustics, c’est l’amertume et le mépris que reflète la perte de l’emploi ou la menace du couperet en cette période de fêtes de fin d’année.

A l’heure de la crise économique qui suit la crise sanitaire du coronavirus, les attaques frontales du patronat sur les emplois ne font pas de trêve pendant les fêtes. Dans le spectacle vivant, l’arrêt brutal de l’activité depuis mars dernier et l’incertitude de la reprise décuplent les effets de la crise. Le secteur décompte 72% de perte de chiffre d’affaire pour l’année 2020 selon les chiffres du gouvernement, passant de 5,6 milliards d’euros en 2019 à 1,6 milliard cette année. Des pertes colossales qui affectent tous les maillons de la chaîne de l’économie du spectacle : des salles de spectacles elles-même jusqu’aux entreprises prestataires (qui louent du matériel et sous-traitent du personnel pour les événements), et même jusqu’aux constructeurs de matériels comme L-Acoustics.

Et à chaque maillon de la chaîne, le patronat compte bien faire payer les pertes et la crise aux travailleurs. Depuis le début de la crise sanitaire, et même en l’absence de plan social ou de suppressions de postes, ce sont les travailleurs précaires indépendants qui ont joué le rôle de variable d’ajustement pour les patrons du secteur. Ce sont les intermittents, les vacataires et tous ceux qui relèvent de l’emploi occasionnel qui ont vu leurs emplois et leurs revenus menacés avec une crise qui a mis en relief le manque crucial de protection sociale de ces travailleurs.

Après les annulations de CDD chez Magnum et d’autres entreprises prestataires, les suppressions de poste à L-Acoustics sont la première attaque frontale du patronat liée au domaine du spectacle vivant. Cette attaque chez le leader mondial de matériel de la sonorisation semble donner la note pour 2021 : dans le spectacle vivant comme pour les autres secteurs, le patronat est bien déterminé à faire payer la crise aux travailleurs.

A la suite de la manifestation massive ce 15 décembre qui a mobilisé plusieurs dizaines de milliers de travailleurs de la culture en France, des freelance aux titulaires de structures culturelles en passant par les intermittents, il est urgent que les travailleurs de la culture et leurs organisations syndicales proposent un plan de bataille à la hauteur face à la crise économique et aux attaques du patronat. Il s’agit de revendiquer non seulement un plan d’aide d’urgence à la hauteur pour les travailleurs occasionnels privés de leurs revenus et de leurs emplois, mais aussi de construire avec les travailleurs des autres secteurs un rapport de force pour que ça ne soit pas à nous de payer leur crise, comme le montrent les travailleurs de Grandpuits dont le combat pour imposer 0 licenciements et 0 suppressions de postes a déjà connu une première victoire.


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