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Au nom du populisme xénophobe

Sur RMC, Marine Le Pen ressort les vieilles recettes de l’extrême droite décomplexée

Sarah Macna Après quelques semaines de silence pour se « rapprocher du peuple », Marine Le Pen a relancé sa campagne à drapeau déployé dès les premières heures de 2017. Vœux de bonne année aux Français, interview sur BFM, et entretien dans Causeur, le journal libéral, la candidate du Front national, qui n’hésite pas à prédire avec assurance sa victoire prochaine, nous annonce la couleur d’un programme d’une extrême droite démagogique et raciste à l’offensive. Retour sur les principaux éléments de son passage dans l’émission de Bourdin sur BFM/RMC.

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Quand Le Pen se présente comme l’héroïne de la démocratie…

Son nouveau slogan, « Au nom du peuple », aurait de quoi faire sourire quand on connaît les héritages et les luxes dans lesquels la candidate frontiste a baigné depuis sa naissance. Pour rendre moins visible cette réalité, celle-ci s’appuie désormais sur ces récentes visites dans les DOM-TOM Mayotte et la Guyane, mais aussi sur les critiques qui existent contre le système politique vieillissant de la Ve République. Sur BFM, elle affirme en effet vouloir renforcer la « souveraineté populaire », en premier lieu en allégeant les « six strates administratives » pour n’en garder que trois : l’État, le département et les communes, pour « revenir aux racines de la démocratie » dans laquelle « le peuple est souverain », contre l’Union européenne, les régions et l’inter-communalité. Dans le même ordre d’esprit, elle souhaite instaurer la proportionnelle intégrale pour l’élection des députés et soutenir la limitation du cumul des mandats. Un programme offensif qui ne peut que détonner face à l’austérité d’un Fillon et l’usure du Parti socialiste, et ce même si sa position sur l’Union européenne semble se faire de plus en plus mesurée, ne souhaitant aujourd’hui plus que « réformer » la présence de la France dans l’UE concernant sa monnaie et le contrôle de ses frontières.

Mais la « souveraineté populaire » de « Marine 2017 » a décidément une couleur bien particulière : la couleur du 49.3, de l’immunité présidentielle, de la diminution du nombre d’élus au Parlement (abaissé jusqu’à 300 députés (577 aujourd’hui) et 200 sénateurs (348 aujourd’hui)) ou encore du maintien mais aussi de la valorisation de l’institution anti-démocratique qu’est le Sénat (non élu directement)… Autant de mesures qu’elle défend sur BFM et qui maintiennent ou renforcent l’autoritarisme de la Ve République. Il s’agit d’ailleurs certainement de la même couleur que celle de sa volonté d’interdire toutes manifestations au printemps, pendant la mobilisation contre la loi travail…. En définitive, une fois de plus, le programme de Marine Le Pen consiste à s’inspirer de la colère populaire pour mieux la faire taire, en instillant le poison du nationalisme et du racisme le plus rance.

…Pour mieux réaffirmer sa logique raciste

Car si l’Union européenne et « la classe politique » en prennent pour leur grade, il n’en reste pas moins que l’ennemi principal, la cause de tous les maux, le problème à régler pour Marine Le Pen est le même que celui désigné par son père et par tous les politiciens d’extrême droite avant eux : l’immigré, le clandestin. Et si Marine Le Pen se défend de « ne pas s’attaquer de manière individuelle aux immigrés », son analyse, son programme et ses méthodes sont claires : pour le renforcement des frontières qui « sont une richesse inouïe », contre le droit du sol et contre les « faux demandeurs d’asile ». Loin de s’attaquer aux politiques néolibérales mises en place par la troïka et défendues par le gouvernement français, c’est sur la question des frontières que se concentre d’ailleurs ses principales critiques à l’Union européenne.

Sa manière d’attaquer celui qu’elle considère comme son principal concurrent, François Fillon, est d’ailleurs symptomatique de sa politique. Ainsi, si elle s’oppose à ses projets sur la Sécurité sociale, c’est parce que d’après elle ceux-ci conduiraient à ce que les seuls ayant accès à la santé seraient « les riches et les clandestins », comme si les étrangers bénéficiant de l’Aide Médicale d’État étaient les responsables de la dette publique. C’est d’ailleurs en tirant sur cette même corde raciste que ses supporters ont lancé le sobriquet de « Farid Fillon » contre leur adversaire.

Le « peuple » au nom duquel Marine Le Pen prétend parler, nous l’aurons compris, est ainsi décidément du bon sang et de la bonne religion et d’après elle, il s’opposerait ou devrait s’opposer aux « faux demandeurs d’asile » qui viendraient le ruiner. Les élans de solidarité envers les migrants, fuyant la guerre et la misère, que nous avons vus naître ces dernières années sont un démenti à cette logique nationaliste et xénophobe, qui assimile l’immigré au clandestin, le clandestin au musulman et le musulman au terroriste. Après le coup d’arrêt subit par le FN suite à l’élection de Fillon, Marine Le Pen est résolument à l’offensive en ce début d’année. Pourtant, alors que Fillon peine à enclencher la seconde vitesse, le danger pourrait bien être ailleurs, notamment du côté de Macron.


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