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Cinq cent signatures contre le débat démocratique

Sur les routes, à la recherche des parrainages pour Philippe Poutou : échos de territoires sinistrés

À chaque élection présidentielle, il faut réunir 500 parrainages parmi les trente mille maires du pays pour pouvoir se présenter. Une épreuve de longue haleine que le NPA doit aussi relever, à défaut d’avoir, comme les partis qui soutiennent la stabilité du régime, des élus pouvant fournir celles-ci sur demande. Une course éreintante face à cette mesure anti-démocratique par excellence, qui permet aussi de mesurer l’écart grandissant entre celles et ceux qui veulent diriger un État au service du Medef et les petit-e-s élu-e-s confronté-e-s aux réels problèmes des « petites gens ». Correspondants

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Les 500 signatures, un verrou de plus de la démocratie pour les riches

Réussir à permettre à un candidat ouvrier de se présenter à l’élection présidentielle est tout sauf facile. Parmi les innombrables « garde-fous » qui protègent l’entre soi de la caste politique dominante, il en est un qui est particulièrement dur à franchir : il faut pouvoir rassembler 500 parrainages d’élus (maires, conseillers généraux et régionaux, députés…). Et ces 500 gribouillages qu’il faut envoyer au Conseil Constitutionnel signifient pour nous autres, militants de la campagne de l’ouvrier de Ford Blanquefort, que l’on passe nos week-end et nos jours de semaines libres à ratisser les mairies de France à la recherche de ces précieuses promesses. Une mesure qui sert avant tout à empêcher la pluralité du débat démocratique, et ce, même pendant ce que d’aucuns aiment appeler la « grand-messe de la démocratie » qu’est l’élection présidentielle : reproduire les inégalités d’accès à la politique par tous les moyens, telle est l’essence de cette mesure qu’il s’agit pour nous de surmonter.

Les maires ruraux, eux, estiment à juste titre dans leur grande majorité que ce ne devrait pas être à eux de choisir qui se présente ou non. D’autant que donner sa signature, qui n’est qu’un geste démocratique permettant d’assurer la pluralité du débat, les expose souvent à des reproches des administrés de tel ou tel bord politique. Voilà pourquoi nous sillonnons les route, pour éviter que le seul ouvrier candidat à cette présidentielle soit mis au ban.

Quatre jours dans l’Aisne et l’Aube (A., étudiant à Paris 1)

Mes quatre premiers jours de vacances, je les ai passés dans l’Aisne et l’Aube à rencontrer des maires de villages qui ne font guère plus de 200 habitants, tentant de convaincre chacun d’entre eux de nous permettre de faire entendre notre voix. Loin d’être une procédure administrative, cette recherche permet aussi de voir l’écart grandissant entre les Macron, Fillon, Gattaz, Bolloré et consorts et celles et ceux qui tentent de régler les problèmes du quotidien. Beaucoup de maires refusent de donner leur parrainage ; parmi eux, nombreux sont les « blasés de la politique » : «  quel que soit leur parti, ils font toujours la même chose, ils sont de plus en plus riches et de plus en plus au-dessus des lois » nous confie un maire d’un village de Champagne. Quelques kilomètres plus loin, un discours semblable nous est tenu « j’ai commencé à être maire il y a 21 ans, pour régler les petits problèmes de la commune, pour aider les gens. Là-haut, c’est le cadet de leurs soucis ! Ils veulent qu’on soit « rentables », qu’on coûte le moins possible. Au bout du compte, on n’a plus de poste, plus de médecin, la pharmacie est à 30km, l’hôpital à 60km  ».

La réforme territoriale, qui vise à enlever de plus en plus de prérogatives aux maires au profit des communautés de communes et d’agglomération interroge beaucoup : «  les pouvoirs publics vont moins s’intéresser aux vrais problèmes des gens : la communauté de commune de Troyes s’intéressera-t-elle à ma voisine qui n’a plus de revenu ? On a pu, à la base, lui trouver les moyens d’avoir du chauffage, à manger. Les politiciens, tout ça, ils s’en foutent !  ». Très souvent, les maires que nous rencontrons dénoncent l’éloignement de plus en plus important entre les élus du palais Bourbon, du gouvernement et les problèmes de leurs administrés, qu’ils décrivent humblement comme « les petites gens » : « il y a deux France : la leur et la nôtre » concluait un maire.

Des ressentiments et une lassitude qui ne permettent pas cependant de faciliter le travail pour une voix anticapitaliste, contre la Vème République et les divers avatars que certains voudraient lui substituer : pour beaucoup, rien ne sert de parrainer un candidat « qui n’a aucune chance », ou « qui ne s’exprime pas assez dans les médias » alors même que nous ne cessons de dénoncer l’accès restreint aux médias des voix alternatives. À cela, nous répondons toujours que ce n’est qu’avec des candidats qui connaissent réellement la réalité du chômage, de la lutte contre les licenciements, de la nécessité de la Sécurité Sociale, que l’on pourra changer les choses une fois pour toute. Et que ne pas permettre à quelqu’un comme Philippe Poutou de se présenter, c’est laisser se reproduire sans cesse les mêmes débats de dupes, avec les mêmes politiciens professionnels.


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