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Il n’y aura pas de raccourci

Suspension du Plan Hirsch : première victoire. Vraiment ?

Daniela Cobet Après l’annulation de la mobilisation prévue pour le 17 novembre suite aux attentats de Paris et le décret de l’état d’urgence avec interdiction de manifester, une réunion convoquée par Martin Hirsch le 30 novembre dernier avec les membres du CHSCT et les représentants syndicaux a débouché sur une suspension de la mise en place de la réorganisation du travail le temps qu’une expertise demandée par le CHSCT soit faite.

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A l’occasion de cette réunion, une occupation d’une partie des locaux centraux de l’AP-HP par les délégués du personnel et syndicaux a eu lieu, et la suspension de la mise en place du plan Hirsch a été présentée comme une « première victoire pour les personnels », obtenue par « la mobilisation de vos élus ». Est-ce réellement le cas ?

La direction de l’AP-HP pour sa part a indiqué que « le CHSCT s’est déroulé tout à fait normalement dans la matinée du 30 novembre » et « a donc voté, comme le code du travail le prévoit, une expertise ». Pas question de croire Martin Hirsch sur parole, mais il semblerait effectivement que cette expertise serait de droit et qu’elle suspendrait automatiquement la mise en place de la réorganisation jusqu’à une prochaine réunion du CHSCT.

Une part de mise en scène ?

L’occupation des lieux aurait-elle donc une part de mise en scène ? C’est en tout cas une hypothèse à prendre en compte dans un contexte où l’Intersyndicale de l’AP-HP a subi un certain nombre de critiques de la part de salariés qui considéraient qu’elle manquait de cohésion et de fermeté dans le combat affiché pour le retrait définitif du Plan Hirsch. L’occupation des locaux de l’AP-HP servirait à redonner une image de « radicalité » aux yeux du personnel.

Cette hypothèse est corroborée par le fait que suite à cette suspension, qui est en soi une bonne chose dans la mesure où elle permet aux hospitaliers de « gagner du temps », l’Intersyndicale n’a toujours pas proposé la moindre action pour précisément utiliser ce temps pour relancer une mobilisation capable d’imposer un rapport de forces à la direction de l’AP-HP. Car c’est bien la force du nombre, des 15 000 hospitaliers en grève et dans la rue en mai-juin dernier qui a pu faire trembler Martin Hirsch et son projet. Et c’est cette même force du nombre, et pas seulement des élus, qu’il faudra mettre en mouvement si on veut songer à voir ce projet retiré.

Leur urgence et la nôtre


Au lieu d’appeler à une reprise de la mobilisation, l’Intersyndicale réitère sa demande de « suspension de la mise en œuvre de la réforme durant la période d’état d’urgence », sans tenir compte du fait que l’interdiction de manifester est déjà partiellement levée, et en acceptant de fait le chantage à la « trêve sociale » du gouvernement. La suspension du Plan Hirsch a une durée d’un mois, l’état d’urgence de trois, minimum. Pas besoin d’avoir un Bac+5 pour comprendre que si une mobilisation ne se met pas en route, état d’urgence ou pas, la « première victoire » affichée par l’Intersyndicale risque de se terminer par une grosse défaite d’ici quelques semaines avec l’application d’une réorganisation du temps de travail dont le personnel hospitalier ne veut toujours pas et qu’il est encore possible d’empêcher, à condition de reprendre le chemin de la grève et de la rue.


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