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Répression colonialiste

Symbole de la résistance palestinienne, Ahed Tamimi, 16 ans, risque 7 ans de prison

Ahed Tamimi, 16 ans, est une militante palestinienne depuis son enfance. Elle a été arrêtée à son domicile dans la nuit du 18 au 19 décembre par 30 militaires israéliens. Les raisons ? Avoir donné un coup de pied à un soldat israélien. La vidéo vue plus de 2 millions de fois, a déclenché la haine de l'extrême droite israélienne. Elle sera jugée par un tribunal militaire et risque 7 ans de prison.

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Crédits photo :Ahmad Gharabli / AFP

Quatre jours après avoir été filmée en train de bousculer un soldat israélien, Ahed Tamimi, 16 ans, a été emmenée menottée sous l’œil des caméras de l’armée israélienne.

Ahed Tamimi a un sérieux bagage militant malgré son jeune âge, elle a participé à de nombreuses actions contre les colons et soldats israéliens près de sa ville, Nabi Saleh, au nord de Ramallah, en Cisjordanie occupée. Ses actes de militantisme souvent filmés ne lui avaient, jusqu’ici, jamais valu d’être arrêtée par l’armée.

Sur la vidéo, filmée le 15 décembre à Nabi Saleh, on voit Ahed Tamini avec sa cousine, portable à la main, faire face à deux soldats israéliens. Alors qu’Ahed pousse légèrement les soldats l’un d’entre eux écarte son bras, elle commence alors à les invectiver, leur donner quelques coups de pied et des gifles. Le premier soldat s’énerve un peu, Narimane, sa mère, s’interpose et le deuxième soldat calme rapidement son collègue. Mais dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 décembre, des soldats israéliens ont fait irruption dans la maison familiale pour l’emmener. Voilà le triste quotidien de la population palestinienne.

Elle a comparu le 20 décembre devant un tribunal militaire israélien. Elle est poursuivie pour avoir agressé un soldat et risque jusqu’à sept ans de prison. Sa cousine Nor Naji Tamimi, et sa mère, Narimane, ont été également arrêtées. En 2015, cette dernière avait déjà été arrêtée 5 fois au cours de sa lutte contre l’occupation israélienne.

Une colère légitime

Selon Bassem Tamimi, père d’Ahed et activiste connu, la vidéo a été filmée juste après que des soldats ont tiré du gaz lacrymogène dans leur maison, à Nabi Saleh.« Ahed leur disait de partir. Elle essayait d’empêcher les soldats de faire mal à d’autres personnes. »

Il explique la passivité des soldats par le fait qu’une des balles en plastique, tirées par l’armée israélienne, avait auparavant atteint au visage Mohammad Tamimi, 14 ans et cousin d’Ahed. Tsahal justifie les tirs de gaz par la présence « d’émeutiers » lanceurs de pierres dans la maison des Tamimi.

La famille Tamini milite pour la libération de leur pays, comme beaucoup d’autres familles palestiniennes. Depuis qu’elle a 11-12 ans, Ahed s’est fait connaître grâce à des vidéos la montrant faire face aux forces d’occupations. Ces images très émouvantes sont le symboles d’une jeunesse qui relève la tête face à la barbarie de la colonisation israélienne. Tout le monde a encore les images en tête de cette jeune fille criant sa rage face aux soldats israéliens qui la méprisaient, sans se douter qu’elle deviendrait l’un des symboles de la résistance palestinienne et que ses vidéos deviendraient une arme contre l’occupation, dévoilant aux yeux de tous les pires travers de l’occupation en Palestine.

Le clip est devenu viral sur les réseaux sociaux grâce à des comptes pro-palestiniens, mais surtout pro-israéliens. Sur Facebook, deux des versions les plus vues atteignent à elles seules presque 3 millions de vues. Lundi soir, les chaînes de télévision israéliennes et, le lendemain les tabloïds se sont emparés de la vidéo ce qui a créé la polémique. En effet, une partie de la société israélienne a été autant choquée par l’attitude d’Ahed Tamimi que par celles des soldats.

Ahed Tamimi victime de la vindicte réactionnaire israélienne

Si plusieurs hommes politiques et commentateurs de gauche ont défendu la retenue, toute relative, des militaires, une partie de la société israélienne et de la droite dure au pouvoir ont critiqué leur passivité. Un déferlement de haine s’est abattu sur la jeune fille, à l’image du ministre de l’éducation Naftali Bennett, représentant du camp national religieux, qui a espéré qu’elle « [finisse] ses jours en prison ». Beaucoup on mit en relation cette scène avec le fait que soldat Elor Azaria ait été condamné pour avoir abattu un palestinien de sang froid alors que celui-ci gisait à terre grièvement blessé.

C’est dans ce contexte ultra réactionnaire que Tsahal a décidé d’arrêter Ahed Tamimi, quatre jours après les faits. L’arrestation a été filmée par l’armée et a fourni les images aux médias pour montrer à la société israélienne que le gouvernement entendait durcir encore un peu plus le ton en Palestine. Un porte parole de la police israélienne estime que « C’est très grave, des Palestiniennes ont attaqué un soldat et essayé d’utiliser les réseaux sociaux comme une plate-forme pour provoquer les soldats. ». De fait cela justifie les méthodes utilisés par Tsahal.

Bassem Tamimi explique qu’au moment de l’arrestation de sa fille par « au moins trente soldats », sa maison a été saccagée, les Israéliens confisquant des portables, des ordinateurs et d’autres équipements électroniques.

Des vidéos qui font peur aux réactionnaires israéliens

Depuis des années les vidéos sont dénoncées par les autorités et les médias israéliens. Pour eux, Ahed Tamimi est une provocatrice et une manipulatrice. Elle et sa famille provoqueraient les soldats et diffuseraient des montages vidéos pour discréditer l’armée israélienne. L’extrême droite israélienne nomme cela « Pallywood », une contraction de Palestine et de Hollywood pour désigner la mise en scène des vidéos des militants palestiniens. Ahed Tamimi est surnommée « Shirley Temper » pour son tempérament colérique et sa ressemblance avec l’enfant-star américaine des années 1930, Shirley Temple. Ils essayent ainsi de discréditer ces vidéos qui font le buzz et sensibilisent grandement à la question palestinienne, comme celle où on voit un soldat israélien arrêter le petit frère d’Ahed. Alors qu’il a un bras dans le plâtre, il est accusé d’avoir jeté une pierre. Le soldat étrangle l’enfant et pèse de tout son poids sur lui, sa famille et donc Ahed viennent à son secours et lutte pour que le garçon soit, avec succès, relâché.

Une femme, une adolescente qui ose se révolter et lutter contre la colonisation est à la fois une lueur d’espoir pour la jeunesse palestinienne, et le pire cauchemar des réactionnaires israéliens. Il faudra plus qu’un tribunal militaire pour faire taire la rage de liberté d’Ahed, de sa famille et de l’ensemble du peuple palestinien.


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