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Situation sanitaire

Taux de contaminations records, hôpitaux débordés : derrière les discours rassuristes, une crise loin d’être dépassée

« Il y a des raisons d’être optimiste », voilà le discours du gouvernement à propos de la situation sanitaire. Pourtant, malgré les signes encourageants quant à un probable prochain pic de l’épidémie, de nombreuses incertitudes et inquiétudes demeurent, actualisant plus que jamais la nécessité d’investir massivement dans la santé.

Irène Karalis

19 janvier 2022

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Crédits photo : AFP/ALAIN JOCART

Ce mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal affirmait sur CNews à propos de la situation sanitaire : « il y a des raisons d’être optimiste ». De fait, le Conseil scientifique explique dans son avis du 13 janvier que le « pic de contaminations devrait être atteint à court terme ». Dans certaines régions, le nombre de cas détectés est en reflux, comme en région parisienne, où le taux d’incidence qui était de 4044 pour 100 000 habitants la semaine du 3 au 9 janvier est retombé à 3727 la semaine du 10 au 16 janvier.

Dans les hôpitaux, on observe une baisse du nombre d’entrées en soins critiques de 2% la semaine dernière, qui pourrait être due au fait que le variant Omicron soit probablement moins dangereux que Delta et à la vaccination qui protège des formes graves. En effet, Santé Publique France note que « le ratio du nombre de cas hospitalisés, par rapport au nombre de cas symptomatiques, a fortement diminué en décembre 2021 ». La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques note, elle, que les durées d’hospitalisation « semblent plus courtes pour le variant omicron que pour le variant delta ».

En outre, selon Le Monde, au Royaume-Uni, pays qui a deux semaines d’avance sur la France, le nombre de décès quotidiens commence à descendre, avec 287 décès quotidiens en moyenne contre 392 le 12 janvier, permettant de faire une telle hypothèse pour la situation en France. Néanmoins, malgré les discours rassuristes du gouvernement, la situation comporte bon nombre d’éléments d’incertitude et d’inquiétude.

De nombreuses incertitudes et inquiétudes

D’une part, les chiffres épidémiques sont loin d’être en baisse fulgurante, bien au contraire. Selon Santé Publique France, ce mardi, 464 769 nouveaux cas ont été détectés en 24h, un nouveau record depuis le début de l’épidémie, alors que les chiffres étaient à la baisse depuis quelques jours. À l’hôpital, on observe une augmentation des nouvelles hospitalisations de 11%, avec 2407 nouvelles admissions en moyenne par jour. Le nombre de décès à l’hôpital, lui, a augmenté de 5% pour une moyenne de 215 décès quotidiens. Des données qui appellent à la prudence, la tension hospitalière restant très forte.

D’autre part, il reste des incertitudes quant à la dangerosité d’Omicron. La Drees précise ainsi dans son rapport que les résultats concernant les durées d’hospitalisation « sont préliminaires. Ils gagneront à être complétés par de nouvelles données dans les semaines à venir ». En revanche, une chose est sûre : le variant Omicron provoque une hausse des cas graves chez les enfants, comme aux États-Unis où, la semaine de Noël, 800 enfants étaient hospitalisés quotidiennement pour cause de Covid grave.

Cette hausse semble également s’observer en France et pose des incertitudes quant à la dangerosité inférieure d’Omicron à celle de Delta : cette hausse des cas grave pourrait en effet être due au fait que les enfants ne soient pas vaccinés. Cela pourrait ainsi expliquer pourquoi le variant Omicron provoque moins de formes graves, ce dernier touchant une population majoritairement vaccinée.

Par ailleurs, une remontée du variant Delta n’est pas à exclure. Arnaud Fontanet, directeur de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur de Paris, expliquait ainsi sur France Inter ce lundi : « On est dans cette phase, qui était attendue, où le variant Omicron allait prendre le dessus sur Delta qui était le variant prédominant partout dans le monde. Il n’est pas dit que cet équilibre va rester là où il s’est installé aujourd’hui avec une très forte prédominance d’Omicron. Il n’est pas exclu que Delta remonte dans les semaines qui viennent. »

Dans ce contexte, le gouvernement joue la politique du laisser circuler le virus, pariant sur le l’hypothèse selon laquelle Omicron pourrait nous apporter l’immunité collective. Pourtant, pour Florence Débarre, chercheuse en biologie évolutive au CNRS, cette immunité « est possiblement inatteignable, notamment parce que les vaccins ne sont pas parfaits - même s’ils diminuent la probabilité d’être infectés et réduisent aussi la transmission », mais aussi parce que le variant Omicron a la capacité de réinfecter des personnes déjà infectées et/ou vaccinées. En définitive, l’immunité collective ne devrait pas constituer un scénario qui conditionne les mesures prises face à l’épidémie.

D’autant plus qu’un autre risque n’est pas à exclure, celui de l’émergence de nouveaux variants. « Plus Omicron circule et se réplique plus de nouveaux variants risquent d’apparaître », explique ainsi Étienne Simon-Lorière, responsable du groupe génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur. Or, le virus continue de circuler, particulièrement dans les pays faiblement vaccinés. En tout, dans le monde, quatre milliards de personnes ne sont pas vaccinées. En Afrique, seule 7% de la population l’est. En Chine, la situation est fragile puisque du fait de la politique zéro Covid, la population n’a aucune immunité par l’infection et les vaccins qu’elle a reçu sont moins efficaces contre Omicron.

Déjà on observe un nouveau variant, la souche BA.2, repérée en Inde, à Singapour et au Danemark, où il « pourrait même être devenu majoritaire » selon Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de Santé global à l’université de Genève. Ce variant d’Omicron, aussi appelé « Omicron furtif », parvient à échapper aux outils de séquençage, et constitue une inquiétude en ce qui concerne l’évolution de l’épidémie.

La crise n’est pas derrière nous : il faut des moyens pour la santé et l’éducation !

« On n’est pas dans une situation très favorable en France pour parler de décrue épidémique », affirme Antoine Flahault. Ce mardi, l’OMS elle-même avertissait : « la pandémie est loin d’être terminée ». Mais pour le gouvernement, il y a une nécessité à avoir un discours rassuriste à deux mois des élections. Et pour cause : selon un sondage mené par le site de recherche d’emploi Qapa.fr, 67% des personnes ne supportent pas les protocoles sanitaires et 88% ne supportent pas les annonces du gouvernement. Pour la macronie, l’urgence est donc de rassurer la population et à continuer de tirer un bilan positif de la crise sanitaire en vue des élections.

Mais en dehors de la stratégie du laisser-aller, rien n’est fait pour sortir de la crise. Dans ce contexte, il est urgent de revendiquer des moyens dans la santé et dans l’éducation. En ce sens, la mobilisation dans la santé mardi dernier et dans l’éducation jeudi dernier est salutaire et progressiste : il s’agit d’affronter le gouvernement et ses protocoles sanitaires ridicules et de se battre pour imposer nos propres protocoles sanitaires.

Les soignants ont tout intérêt à s’allier avec les enseignants et les personnels de l’éducation en lutte depuis une semaine pour des protocoles à la hauteur de la situation dans les écoles, mais aussi avec les secteurs de la seconde ligne qui se sont battus ces derniers mois notamment sur la question des salaires, comme à LeRoy Merlin par exemple. En ce sens, il sera important de pousser à cette convergence pour la date du 27 janvier afin d’exprimer dans les rues toute la colère accumulée depuis des années, et, au-delà, d’étendre et d’amplifier la mobilisation à l’ensemble des secteurs !


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