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Un cheminot en colère

Témoignage : « La SNCF refusant mes congés, j’ai dû faire grève pour passer les fêtes en famille »

Aurélien, agent de conduite à Trappes, militant CGT mandaté au CHSCT Les conditions de travail et de vie privée se dégradent à la SNCF. En particulier en région parisienne, où le sous-effectif abyssal ne permet pas d’accorder tous les congés payés auxquels les cheminots ont droit. En effet, chaque cheminot à temps plein a le droit à 28 congés annuels, à prendre entre le 1erjanvier et le 31 décembre de l’année en cours, et non 60 jours comme a osé l’affirmer l’indécent Jean-Pierre Pernaut ou encore 164 jours comme vu sur la chaîne de désinformation BFM TV. Lorsqu’il s’agit de mener une cabale contre une classe ouvrière en lutte, comme les cheminots en 2014 (loi du 4 août portant sur la réforme ferroviaire) et en 2016 (décret socle, accords de branche et accords d’entreprise), les médias donnent dans la surenchère, et c’est à qui s’enfoncera le plus profond dans le lisier. A ce petit jeu, les deux précités arrivent en tête, et il convient de compléter le podium par la direction de la SNCF et son silence complice (aucun démenti).

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Seulement, voilà : même 28 malheureux congés annuels à accorder à chaque agent, c’est trop pour la SNCF. De l’aveu même de la direction, il manque à l’échelle nationale 1000 conducteurs, à embaucher en 2017, puis à former (10 mois à un an la formation). La lutte menée en 2016 contre la direction et ses chiens-chiens-syndicats-de-collaboration a été fructueuse, puisque la direction, qui prévoyait de faire travailler plus les cheminots (entre 10 et 30 jours de plus par an suivant les postes), gratuitement bien entendu, et avait donc restreint les embauches en conséquent depuis plusieurs années, a subit un camouflet et devra embaucher en masse des conducteurs. A noter que la SNCF prévoit 1000 suppressions de poste pour 2017, donc mis en parallèle avec les 1000 conducteurs à embaucher en 2017, il faut comprendre qu’ils supprimeront au moins 2000 postes dans les autres services, afin de « compenser ». Si le règlement prévoit une dérogation à l’attribution des congés annuels au cours de l’année civile et un débordement sur le premier trimestre de l’année suivante (« par suite des nécessités du service ou d’impossibilité dûment constatée »), cela doit rester exceptionnel, comme toute dérogation. Or, à titre personnel, depuis 2002 que je suis cheminot, ayant travaillé à 3 postes et affectations différents, je n’ai jamais pu prendre mes 28 congés annuels avant le 31 décembre de l’année en cours. Pire, la situation s’est largement dégradée au cours des dernières années, en particulier sur Paris Rive Gauche, plus grand établissement traction de France en nombre de conducteurs, qui regroupe Paris-Austerlitz, Juvisy, Brétigny, Etampes, Dourdan, Versailles-Chantiers, Paris-Montparnasse, Trappes, Rambouillet et Chartres. En effet, cette année, j’ai demandé la bagatelle de 60 congés annuels. Le nombre de refus extravagant auquel j’ai dû faire face fait qu’il me reste encore 7 congés ½ de 2016 à prendre en 2017 (sur 28 à accorder, je le rappelle). J’aurais pu prendre ça pour de l’acharnement antisyndical, vu mon engagement au sein de la CGT, si je n’étais pas certain que la quasi-totalité de l’effectif est dans le même cas que moi. Y compris dans d’autres secteurs, comme dans l’Infra-Circulation ou encore le Fret, et dans d’autres régions, de nombreux cheminots se voient également refuser leurs congés. Une honte pour une entreprise de la taille de la SNCF, et de nombreuses interrogations à avoir quant à la compétence et/ou la volonté des chargés de recrutement pour combler leur sous-effectif qui pourrit nos conditions de travail et de vie privée. J’ai fait le choix, comme d’autres, cette année de partir en congés sans être payé (4 jours de grève) entre Noël et le jour de l’an, afin de passer les fêtes avec ma famille, dont je n’avais pas vu certains depuis plus de 6 mois. Le malaise est tel que de plus en plus d’agents sacrifient des jours de salaire pour sauver leur vie de famille. L’ironie dans cette histoire, c’est que non seulement je ne suis pas allé travailler mes jours de congés refusés (sans être payé, quand même), mais que la direction me devra 4 jours de congés de plus en 2017 que si elle m’avait accordé ce que je demandais au début. Je perds donc 4 jours de salaire, mais la SNCF perd des jours de travail alors qu’elle ne devrait pas pouvoir se le permettre avec un tel sous-effectif, confirmant qu’elle possède de très mauvais décisionnaires, à tous les niveaux.

A noter aussi que Paris Rive Gauche est toujours à la pointe de l’innovation, puisque cette année, la direction a promis des « chèques cadeaux de 75€ » à tous les conducteurs qui acceptaient de venir travailler sur une des deux fêtes de fin d’année alors qu’ils étaient prévus en repos. Ce n’est pas la première fois : les autres années, il y a eu des « récompenses » comme des batteries de smartphone externes solaires ou autres objets dans le but d’acheter la vie de famille des cheminots. Vu que l’argent utilisé par l’établissement traction de Paris Rive Gauche provient du contribuable et donc nous appartient (rappelons que c’est le STIF, donc la région IDF qui paie pour faire rouler les trains de banlieue), on peut légitimement se demander de quelle caisse noire est issu ce budget corruption et leur demander de rendre des comptes au contribuable et aux usagers.


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