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Manif Pour Tous, hors de nos vies !

Toulouse. La Manif Pour Tous défile en toute impunité, la contre-manif féministe réprimée !

Ce samedi, la Manif Pour Tous manifestait dans toute la France contre l'ouverture de la PMA aux couples lesbiens et célibataires, une occasion de mettre en avant son idéologie réactionnaire, homophobe et transphobe en toute impunité. Pendant ce temps, les contres-manifestations féministes organisées par la communauté LGBTQI+ ont été durement réprimées par la police.

Correspondant-e Toulouse

12 octobre 2020

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Ce samedi 10 octobre, des manifestations étaient organisées dans toute la France par La Manif Pour Tous (LMPT), organisation ultra-réactionnaire qui, après avoir tenté de faire pression contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, a décidé de faire de l’opposition à l’ouverture de la PMA aux couples lesbiens et célibataires son nouveau cheval de bataille. Revendiquant « Pas de PMA sans père » et « Liberté, Egalité, Paternité », les manifestants de LMPT réaffirment leur discours homophobe et transphobe, qui oppose un prétendu bien-être des enfants aux droits des couples homosexuels et revendique la préservation l’institution patriarcale de la famille.

Des contres-manifestations ont été appelées nationalement pour contrer cette offensive des secteurs les plus conservateurs de la droite et de l’extrême-droite, mais également pour revendiquer les droits des personnes LBGTQI+ à exister et à vivre dans cette société, en insistant sur le caractère transphobe de cette loi puisque les hommes trans sont exclus du droit à la PMA.

À Toulouse, un rassemblement suivi d’une contre-manifestation appelés à 13h a rapidement réuni plusieurs centaines de personnes sous le slogan : « Manif Pour Tous, hors de nos vies !" et "Fièr·es, vener·es, pas prêt·es à se taire !". Des prises de paroles ont donné lieu à des discours politiques contre l’oppression des femmes et des minorités de genre, générée et entretenue par l’État et sa police, ainsi qu’à des témoignages forts quant au vécu des personnes issues des secteurs LGBTQI+ les plus opprimés de la société.

Mais les forces de répression sont elles aussi venues en nombre, déployant un dispositif de plus de 13 camions de CRS pour s’assurer que LMPT puisse défiler en toute impunité et bloquant chaque tentative des manifestant·es féministes de rejoindre le centre-ville. Ces dernier·es se sont donc « dispersé·es » pour rejoindre par groupes la manifestation de LMPT. La police n’a alors pas hésité à tirer des gaz lacrymogènes pour les repousser, témoignant une fois de plus du camp qui est le sien : celui qui laisse libre cours à la manifestation des franges les plus réactionnaires de la population dans une complaisance totale et qui réprime les secteurs les plus opprimés de la population revendiquant leur droit à exister. Le cortège féministe, radical, a réussi à se reformer et à défiler dans le centre-ville tout l’après midi en faisant face à la répression, affirmant que l’extrême-droite ne défilera pas dans la rue en toute impunité et que son idéologie homophobe et transphobe ne sera jamais tolérée.

Si LMPT cherche à se dissocier de l’extrême-droite, toute son hypocrisie s’incarne dans la présence en tête de cortège de Robert Ménard, le maire de Béziers connu pour ses prises de positions sexistes et racistes des plus extrêmes, ou encore dans le fait que le service d’ordre de la manifestation soit composé de membres groupuscules ouvertement fascisants. À Toulouse, ces derniers ont directement attaqué un groupe de manifestant·es féministes en marge des deux rassemblements et non loin de la police, qui les a alors simplement renvoyés vers LMPT sans les inquiéter, témoignant une fois de plus de sa complicité avec l’extrême-droite. Peu après, des membres de LMPT ont été photographiés en train de faire des saluts nazis.

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Des membres de @lamanifpourtousofficiel ont été photographiés hier en train de faire le salut nazi à Toulouse. Ces personnes ne peuvent pas ignorer que notre communauté a été déportée puis exterminée dans les camps nazis ! Crédit : @jonatan_dr9. #lecoindeslgbtFrance #lecoindeslgbt #lecoindeslgbtnews

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Si LMPT connait un certain renouveau, avec une résurgence à l’échelle nationale et bien que ses manifestations restent marginales, c’est bien parce que cette mobilisation contre la PMA s’inscrit dans le tournant réactionnaire du gouvernement qui marche sur les plates-bandes de l’extrême-droite – étant même ouvertement appuyé par Marine Le Pen, ce qui donne une légitimité aux groupes d’extrême-droite pour s’imposer dans la rue avec la complaisance de la police.

Alors que Marlène Schiappa affirmait au micro de France Inter le 03 octobre : « Un gouvernement qui allonge le congé paternité, ouvre la PMA à toutes les femmes, crée 4000 places d’hébergement en plus pour les demandeurs d’asile, je ne crois pas que ce soit un gouvernement de droite dure », le gouvernement nous a au contraire prouvé à multiples reprises qu’il n’a rien de progressiste et qu’il est loin de défendre les droits des personnes les plus opprimées. Très récemment, Castex aurait dit à propos du projet de loi de l’allongement du délai légal de l’IVG que : « Le président est furieux, il ne voit pas pourquoi on rouvre ce sujet, alors qu’il y en a déjà tant d’autres. Ça ne sert à rien de diviser encore la société », et ce alors même que le confinement a montré dans la plus grande violence que nos droits reproductifs sont loin d’être assurés, avec de nombreux centres de planification et d’établissements hospitaliers qui ont dû suspendre les interventions d’IVG notamment en raison de manque de moyens pour répondre à la crise sanitaire.

Face à un gouvernement qui a mené une politique sanitaire criminelle et un confinement répressif, ce sont les femmes, les LGBTQI+ et les personnes racisées qui ont subi de plein fouet la crise et qui font face aujourd’hui à des situations de précarité extrêmes sur fond de crise économique d’ampleur, comme en témoigne tragiquement l’exemple de Doona, une jeune femme trans qui s’est donné la mort face à la précarité et la transphobie auxquelles elle était confrontée. Face à la violence du système, il s’agit de resserrer nos rangs pour combattre l’extrême-droite, ce gouvernement et son bras armé qui ne dénient nos droits les plus élémentaires, et d’ imposer notre propre réponse à face à la crise dont ils sont responsables.


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