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Toulouse. Le suicide d’un infirmier qualifié par la direction du CHU d’accident du travail

Léonie Piscator Lundi 13 juin, un infirmier avait mis fin à ses jours sur son lieu de travail, au CHU de Rangueil. Lundi 20 juin, soit une semaine plus tard jour pour jour, s’était tenu un rassemblement devant l’Hôtel Dieu de Toulouse, pour dénoncer les conditions de travail des hospitaliers. Ce lundi 28 juin, au cours du CHSCT (Comité d’hygiène et de sécurité) exceptionnel qui s’est tenu au CHU de Toulouse, la direction a reconnu son suicide comme étant un accident du travail*.

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La direction du CHU de Toulouse a reconnu, au cours du CHSCT exceptionnel de ce lundi 28, le suicide d’un infirmier sur son lieu de travail comme accident du travail, actant le lien qui existe entre les conditions de travail de cet homme et le fait qu’il ait mis fin à ses jours. Alors que la plupart du temps les suicides sont rabattus sur des problèmes purement personnels ou « psychologiques », avec une logique de culpabilisation et d’individualisation totalement scandaleuses, que les entreprises ou les administrations sont totalement déresponsabilisées et laissées libres d’agir en toute impunité, cette décision est un première victoire importante de la lutte menée, notamment, par la CGT Purpan. Au cours de cette même réunion, les membres du CHSCT ont également voté une expertise menée par un cabinet indépendant pour risques graves sur le secteur où travaillait cet infirmier (le pôle de cardiologie). Outre celle ouverte par le CHSCT, plusieurs enquêtes sont encore en cours, notamment celle conduite par l’Inspection du Travail et une enquête interne ouverte par la direction.

Le nombre de suicides dans le milieu de la santé va grandissant, alors qu’ils restent encore le plus souvent invisibilisés et déconnectés des conditions de travail qui en sont le terreau. Même si le qualificatif « d’accident » est loin de dépeindre la réalité engendrant ces actes dramatiques (par définition le suicide d’un travailleur sur son lieu de travail n’est que la dernière manifestation d’une souffrance de longue durée, qui n’a rien de soudaine, et qui aurait pu être évitée) des avancées de ce type sont des points d’appui pour élargir la lutte contre la casse de l’hôpital.

De même pour l’expertise pour risques graves dans le service dans lequel travaillait l’infirmier, même si la souffrance au travail est évidemment subie par tous les travailleurs de la santé, quel que soit leur service : elle constitue un premier pas vers la reconnaissance du lien structurel existant entre les restructurations violentes, les privatisations, les suppressions de postes, le management agressif qui en découle et le genre de drames qui a eu lieu au CHU de Rangueil.

Concernant l’enquête interne ouverte par la direction, l’avenir dira ses résultats, en lien avec les autres enquêtes prévues. Mais rappelons que la véritable indépendance de ce type de commission d’enquête diligentée au sein d’une entreprise ou une institution supposerait qu’elle soit le plus possible menée directement par les pairs des victimes : ce sont les travailleurs qui subissent la pression au quotidien, qui savent ce qu’est la souffrance au travail et sont les plus directement intéressés à déterminer les véritables circonstances de ces drames.

Notons enfin qu’au cours de ce même CHSCT, la direction de l’hôpital a refusé le moratoire pour bloquer les restructurations engagées au CHU. Cela revient à fermer les yeux sur la surcharge de travail énorme que connaissent les hospitaliers, les conditions de travail qui se dégradent sans cesse au fil des ans, la pression constante qu’ils subissent au quotidien. Et donc cela revient à valider la logique patronale et gouvernementale qui vise à rentabiliser l’hôpital public en y appliquant les logiques managériales du privé, aux antipodes évidemment, en dernière instance, des besoins des patients.

A l’heure où des grèves se multiplient dans le milieu hospitalier comme à l’APHP contre le plan Hirsch, il est donc primordial que les hospitaliers, leurs équipes syndicales combatives, soient soutenus par les usagers et les travailleurs d’autres secteurs, dans la perspective d’une mobilisation massive au plan national contre la casse de l’hôpital, incarnée notamment aujourd’hui par le plan « avenir » et les GHT (groupements hospitaliers de territoires).

* En raison de certaines imprécisions qui nous ont été signalées, la première version de l’article a été corrigée.


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