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Trois activistes kurdes assassinées par la police en Turquie

Trois activistes politiques kurdes, Seve Demir, Pakize Nayır et Fatma Uyar, ont été assassinées par la police turque lundi dernier. Cet assassinat fait partie de l'offensive militaire du régime d'Erdogan contre le peuple kurde. La députée du HDP (Parti Démocratique du Peuple), Aycan Irmez, a décrit l'assassinat des trois activistes kurdes, visant aussi d'autres personnes encore non identifiées, comme une action délibérée des forces répressives de Turquie. Josephina L. Martinez, traduit par Sarah Carah

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Les trois femmes étaient des militantes politiques kurdes reconnues. Seve Demir était membre du Parlement au nom du DBP, Pakize Nayir membre de l’Assemblée du Peuple de Silopi, et Fatma Uya était une militante du Congrès des femmes (KJA).Lundi, dans la nuit, elles ont été assassinées avec d’autres personnes dans le district de Silopi, lorsque les forces de police ont ouvert le feu pendant plusieurs heures sur la population du quartier de Karsiyaka, à Silopi.

Selon les membres du HDP, la police n’a pas seulement ouvert le feu sur la population, elle a aussi bloqué toute possibilité de sortie. D’après la députée du HDP Leyla Birlik, ils ont reçu un appel de la part d’une victime disant « Nous sommes blessés et en sang, sauvez-nous de là ».

« Nous avons cherché à la rejoindre, mais nous n’avons pas pu. Nous avons ensuite appelé les urgences, mais ils n’ont pas pu aider non plus », raconte un autre témoignage.

Aycan Irmez a raconté avoir appelé personnellement l’hôpital public de Silopi, le Ministère de la Santé ainsi que l’association Medica, mais personne n’a répondu. Les fonctionnaires turques lui ont répondu que personne n’enverrait d’ambulance dans une telle zone réservée aux « gens armés ». Pour le HDP, le gouvernement lui-même a empêché l’arrivée d’une ambulance, prétextant qu’il y avait des troubles dans la zone.

« Leurs visages étaient brisées »

Lorsqu’ils sont arrivés à l’hôpital, les corps de Demir, Nayri et Uyar n’ont pu être reconnu que grâce à leurs cheveux, car leurs visages avaient été brisés, a expliqué Irmez. « Tout cela a été possible, alors que l’État était au courant. Nos amies ont été exécutées et torturées délibérément. C’est une barbarie. »

Offensive militaire contre le peuple kurde

La région de Silopi est sous un couvre-feu depuis le 14 décembre dernier, à partir du moment où l’État turque a intensifié son offensive militaire dans les régions kurdes de Turquie. Dans cet article de la Izquierda Diario, Baran Serhad et Suphi Toprak rendent compte de l’ampleur de cette offensive, ainsi que de la résistance du peuple kurde :

« A Farqin, Girge Amo, Nisebin, Cizire, Sur, Kerboran, la jeunesse kurde commençait depuis des mois à combattre de manière militante contre l’offensive militaire. Armé de tanks, d’hélicoptères de combat et de dix milles membres des forces spéciales de la police et de l’armée, l’État turc attaque brutalement le peuple kurde. Depuis le 7 juillet 2015 – jour des élections où l’AKP de Erdogan n’a pas pu former de gouvernement – l’état d’urgence a été proclamé 54 fois, dans 18 villes et districts, en 175 jours. Dans certaines des régions les plus touchées par la guerre, non seulement l’électricité et l’eau, mais aussi les lignes téléphoniques et les connexions Internet, ont été coupées. L’État turc s’attaque spécifiquement aux civils kurdes, pour affaiblir tout soutien au mouvement de résistance kurde. De nombreuses maisons ont été réquisitionnées par les forces armées. Les institutions publiques ont été détruites. Environ trois milles professeurs ont été licenciés et les écoles ont été fermées. Les forces spéciales turques ont utilisé les écoles comme bases militaires. Les toits ont été occupés par des tireurs. Ils ordonnent à la population de partir de la région le plus rapidement possible, ce qui a déjà été le cas pour des dizaines de milliers qui ont fuit. Des centaines de personnes, en majorité des civils, ont été assassinées pendant les derniers mois, et le nombre ne fait qu’augmenter. »

L’assassinat des trois activistes kurdes a pour but d’intimider l’ensemble de la population kurde, et tout particulièrement la jeunesse, qui est à l’avant-garde de la résistance contre le régime assassin d’Erdogan.

Il y a quelques jours, Erdogan a réaffirmé l’idée selon laquelle il n’existe pas de « question kurde » en Turquie, mais seulement un problème de « terrorisme ».

L’Union Européenne, qui ne fait que parler de la défense de la « liberté » et des « droits humains », poursuit son silence complice envers les crimes d’Erdogan, allié clé au sein de l’OTAN, et le récompense avec 3000 millions d’Euros pour contenir les réfugiés syriens à ses frontières.

Ces crimes ne doivent pas rester impunis. Les mobilisations dans les pays européens de solidarité avec le peuple kurde, comme cela a été le cas de la mobilisation massive qui a eu lieu il y a quelques jours en Allemagne, doivent se multiplier.


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