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Etats-Unis

Trump. Une transition présidentielle marquées par des convulsions.

Lors de son discours d’adieu, Barack Obama a mis en garde sur la possibilité d’une plus forte polarisation politique si le futur président ne cherchait pas à modérer sa politique. Trump quant à lui, maintient son discours protectionniste et réaffirme ses mesures racistes.

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Il ne reste plus que quelques jours pour finaliser la transition présidentielle aux Etats-Unis, celle-ci s’étant transformée en une démonstration de l’incertitude et de la préocupation de l’establishment politique états-unien et mondial à la veille de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

Peu de temps après le très attendu discours d’adieu du président Barack Obama dans la nuit de mardi dernier, le nouveau mandataire Donald Trump a donné une conférence de presse. Si celle-ci fut sans grandes annonces novatrices sur le futur de sa gestion du pays, il y a cependant réaffirmé son discours en particulier sur le thème migratoire et celui de l’emploi.

Dans son dernier discours en tant que président, Barack Obama a cherché à revendiquer ses deux mandats et à alerter sur le futur des Etats-Unis. Un avertissement qui peut être interprété par le fait que, si la politique de Trump signifie un bouleversement de la politique nord-américaine, elle est également l’expression d’une contradiction croissante entre les intérêts des franges hégémoniques du capital et de ceux qui les défendent politiquement, et des différents secteurs sociaux victimes de décennies de mondialisation. Ce phénomène s’était déjà exprimé avec le triomphe du Brexit en Angleterre ou à travers la montée de l’extrême-droite en Europe. Aux Etats-Unis la campagne et l’élection de Trump a été l’expression d’une réponse par la droite aux demandes politiques de ces franges sociales avec un discours protectionniste et nationaliste. Mais ces contradictions se retrouvent aussi à travers la campagne de Bernie Sanders qui, avec un discours de gauche a réussi à exprimer une alternative pour ces secteurs mais qui a terminé en se diluant par le soutien à la candidature de Clinton.

Conscient que ces tendances ont amené à l’inespéré triomphe de Trump et à son discours dirigé vers un plus grand protectionnisme et nationalisme, Obama s’est exprimé dans le but de charger la majorité de l’élite politique de Washington de modérer et discipliner le futur président. Cependant, Trump n’a pour l’instant démontré aucun changement dans son discours et ses propositions, bien au contraire il a maintenu une offensive de déclarations centrées sur le cas des cyberattaques de hackers russes.

Durant sa conférence de presse, Donald Trump est revenu sur le cas des cyberattaques russes durant les élections qui lui auraient bénéficiées. Si celui-ci n’exclut pas que la Russie « aurait pu être » derrière ses attaques informatiques, ils ne s’est pas privé de l’opportunité de revenir à la charge contre ceux qui, selon lui, ont monté une manœuvre pour le destituer.

Cette affaire est devenue l’un des thèmes central de la transition présidentielle. Accusations venant de toute part, rapport et demande de sanctions envers la Russie par une partie des membres du Congrès et filtration de documents de intelligentsia. Ce qui apparaît comme le scénario d’un roman policier prend racine dans la bataille qui se mène entre différents secteurs de l’establishment politique et le nouveau président afin de définir les lignes de la politique du gouvernement des Etats-Unis.

En réalité, la préoccupation des démocrates et des républicains n’a rien a voir avec une défense de la souveraineté des Etat-unis de manière générale, eux qui n’ont aucun problème à violer systématiquement celle des autres pays lorsque c’est nécessaire. Ce n’est pas non plus tellement les cyberattaques de hackers qui les tracassent, surtout quand les Etats-unis sont les principaux hackers du monde, recueillant les données de millions de personnes, organisations, entreprises, gouvernements dans le monde entier (ainsi que les propres citoyens américains bien évidemment).

L’expulsion de fonctionnaires russes aux Etats-Unis, les sanctions contre la Russie ainsi que d’autres mesures ont réchauffé le climat politique avant l’ascension de Trump sans que l’impact recherché à savoir affirmer les thèmes sensibles du gouvernement, n’ai eu aucun effet.

Le mur, le protectionnisme. Les principales puissances se préparent à des transformations de la situation géopolitique

Trump a réaffirmé durant sa conférence de presse une bonne partie de son discours protectionniste et assure que le mur à la frontière avec le Mexique sera construit et payé par les mexicains. Cependant si ces déclarations confirment les menaces exprimées par le futur président durant la semaine, en particulier contre les principales entreprises de l’industrie automobile, une partie de ses réponses paraissaient dirigées contre le discours donné par Obama la veille.

Barack Obama a affirmé que les Etats-Unis devaient se maintenir « vigilants mais pas appeurés » sur le plan international. « Des rivaux comme la Russie ou la Chine ne peuvent supplanter notre influence mondiale, sauf si nous décidions de renoncer à ce que nous défendons et que nous nous devenions un autre pays, qui abuserait de ses voisins plus petits », en une claire référence aux dires de Trump sur la politique extérieur que celui-ci compte mener.

Trump, comme un écho au discours d’Obama, a affirmé que « la Russie et la Chine respecteront plus notre pays avec un président comme moi », cherchant à montrer qu’il voulait maintenir son discours sur la nécessité que les Etats Unis « soient grands à nouveau », après des années de recul dans les dernières années, ce qui impliquerait un changement dans la politique extérieure du pays.

Cependant, si rien n’est encore clair entre ce qu’il pourra réellement appliquer et ce qui demeurera de la pure rhétorique, les mouvements de Trump ont été suffisants pour provoquer des inquiétudes et des changements sur plusieurs zones de la planète.

L’un des pays les plus touché a été le Mexique, qui à chaque nouvelle déclaration du futur présidenti des Etats Unis voit le risque de la remise en cause de son économie. Mais ce qu’on appelle « l’effet Trump » va plus loin que ça. La Chine s’inquiète des agissements du futur président envers Taiwan, et donc sa zone d’influence en Asie. La sympathie de Trump pour Poutine a servi au président russe pour avancer dans son soutien au gouvernement syrien Al Assad qui, à force de bombardements et de massacre, a pu avancer sur Alep pour changer le rapport de force dans la guerre de la région.

En conclusion, si la transition présidentielle n’a pas permise d’éclairer sur ce que seront finalement les grandes lignes du futur gouvernement de Trump, ce qu’elle a en tout cas révélé c’est que la prochaine période connaîtra une plus grande polarisation et de nombreuses convulsions comme on n’en voit déjà. Il est donc nécessaire de préparer les réponses qui pourront s’élever contre les politiques droitières de Trump, et d’intervenir dans les processus progressistes en menant une orientation de classe, anticapitaliste et anti-impérialiste.


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