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Vers une guerre commerciale ?

Trump menace de doubler les sanctions économiques à l’égard de la Chine

Nouvel épisode dans le bras de fer commercial entre la Chine et les États-Unis. Dernier en date, ce mardi, Trump a menacé de taxer 200 milliards de dollars d'importations chinoises. Un coup de pression qui pourrait aller plus loin que prévu ?

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Crédit photo : S.A Miller / The washington times

Un nouveau rebondissement dans les rapports entre la Chine et les États-Unis s’est produit ce mardi. En réponse à la réaction de Pékin menaçant une sanction de 50 milliards de dollars, Trump a demandé à Robert Lighthizer, son négociateur commercial, de préparer une nouvelle liste de 200 milliards de dollars de produits chinois importés à taxer. Le double du montant des sanctions initialement annoncées par Washington.

Donald Trump tente de faire monter la pression sur la Chine, afin que celle-ci ouvre ses marchés aux capitaux américains et, surtout, pour pouvoir profiter de la main d’œuvre abondante et pas chère que représentent les millions de travailleurs chinois, afin de palier la baisse de taux de profits de la principale puissance impérialiste mondiale.

Les tensions commerciales entre les deux pays sont l’expression des contradictions profondes entre les États-Unis, en perte de capacité d’hégémonie mondiale, et la Chine qui entend bien ne rien céder à son ambition de devenir une puissance géopolitique. Sur un terrain purement économique, elles s’expriment par l’important déficit des États-Unis vis-à-vis de la Chine, estimé à 375 milliards de dollars en 2017 par Washington.

Outre un rééquilibrage dans ces échanges bilatéraux, le gouvernement américain voudrait en finir avec les restrictions de la présence de capitaux étrangers dans les entreprises chinoises actives dans les industries automobile, navale et aéronautique. Dans ces gigantesques secteurs, le gouvernement de Xi Jinping impose aux constructeurs étrangers de s’associer avec des partenaires chinois, au grand dam capitaux américains qui les convoitent. Ce sont en grande partie les enjeux qui poussent la Maison-Blanche à renforcer la pression sur Pékin.

La bourgeoisie américaine divisée au sujet de la Chine

Deux tendances se confrontent au sein de la bourgeoisie américaine, et qui s’expriment dans la position adoptée par rapport à la Chine en visant deux objectifs antagoniques. Réduire le déficit bilatéral et freiner la montée en puissance géopolitique de la Chine d’une part ; accéder aux marchés chinois de l’autre, en facilitant les investissements – contribuant ainsi à la croissance économique du pays et à sa montée en puissance géopolitique.

La seconde représente les intérêts de la bourgeoise financière américaine, avide de l’ouverture des marchés chinois qui représentent une somme non négligeable de débouchés pour ses investissements, mais surtout et avant tout une source de main d’œuvre peu coûteuse. Le plan stratégique Made in China 2025, qui prévoit des investissements industriels massifs afin de faire de la Chine la plus grande puissance manufacturière du monde, est vu comme une manne de débouchés colossaux pour les investissements des banques américaines.

On comprend bien pourquoi les multinationales américaines cherchent à obtenir de meilleures conditions d’investissement et d’accès au marché chinois plutôt que déclencher une guerre commerciale qui leur coûterait énormément. Pourtant, ce même projet de Made In China 2025 est une concurrence directe à la puissance géo-économique américaine, ce qui déclenche une réaction acerbe de l’aile nationaliste et militaire de la bourgeoise, qui s’appuie sur la partie la plus réactionnaire de la bureaucratie de l’État américain.

Quoi qu’il en soit, pour la première fois depuis un an de négociations, la montée des tensions commerciales et les mesures et contre-mesures prises par les deux gouvernements commencent à faire peur aux investisseurs. De plus, des entreprises importantes de l’agro-business nord-américain craignent de perdre des profits importants, notamment avec une possible diminution des exportations du soja nord-américain vers la Chine.

La base sociale très fragile de Donald Trump le mène à jouer les équilibristes pour concilier des intérêts contradictoires. Or cette instabilité au sein même de la bourgeoisie américaine pourrait renforcer le bonapartisme de Trump et accentuer ses traits autoritaires, dans une tentative de résoudre les tendances contradictoires qui s’expriment au sein des classes dominantes et étouffer toute montée éventuelle de la lutte de classes.


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