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Corée du Nord/USA

Trump promet « le feu et la colère » à la Corée du Nord

La tension ne cesse de croître entre la Corée du Nord et les USA. Ces derniers jours, Pyongyang a réalisé de nouveaux essais de tirs balistiques lui permettant d'atteindre au moins la côte ouest des USA avec des missiles à tête nucléaire. Le régime menace d'attaquer l'île de Guam et Trump promet de leur faire subir « le feu et la colère » des États-Unis.

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Les spécialistes pensaient que cela prendrait encore une dizaine d’années avant que la Corée du Nord ne puisse réduire suffisamment la taille de ses têtes nucléaires pour pouvoir les embarquer sur ses missiles intercontinentaux, visiblement, ils s’étaient trompés. D’après un rapport confidentiel achevé le mois dernier par l’agence américaine de renseignement militaire, la Corée du Nord est en capacité d’envoyer des têtes nucléaires via ses nouveaux missiles. Le régime en aurait actuellement une soixantaine. Cette capacité marquerait une avancée significative pour le régime de Pyongyang, qui deviendrait ainsi une puissance nucléaire à part entière. En plus de cette démonstration militaire, la Corée du Nord a proféré des menaces envers les USA et Trump n’a fait que surenchérir. « La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les États-Unis », avait déclaré le président américain depuis le green du golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe ses vacances. Il a également promis au régime nord-coréen « le feu et la colère ».

« Ils se heurteront au feu et à la fureur comme le monde ne l’a jamais vu »

La Corée du Nord montre les dents

Pyongyang, plutôt que de faire le dos rond, s’est dite déterminée à administrer une « sévère leçon » aux États-Unis qu’ils accusent de préparer une « guerre préventive » et se dit prête à recourir à son arsenal nucléaire si Washington entreprenait une quelconque opération militaire.
Le régime a promis de faire payer « un millier de fois » aux États-Unis « le prix de leurs crimes ». Un porte-parole de l’Armée populaire de Corée (APC), cité par l’agence officielle KCNA, a déclaré que « la force stratégique de l’APC examine désormais avec soin un plan opérationnel en vue d’un feu enveloppant sur les zones autour de Guam, avec des fusées balistiques de moyenne à longue portée Hwasong-12, afin de contenir les principales bases militaires américaines sur Guam et notamment la base aérienne d’Anderson ». Ce plan sera finalisé et pourrait être mis en œuvre « à tout moment, dès que Kim Jong-Un, le commandant suprême de la force nucléaire de la DPRK (Corée du Nord) le décidera », a ajouté l’agence. Selon un autre-parole, dans un second communiqué, la mise à exécution de ce plan déclencherait « une guerre totale effaçant tous les fiefs des ennemis, notamment le territoire américain ».

Les Etats-Unis soufflent le chaud et le froid

Ce mercredi matin, Trump en a rajouté une couche, assurant que l’arsenal nucléaire américain était « plus puissant que jamais ».
Le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a estimé que le président américain avait envoyé un « message fort », que le leader nord-coréen Kim Jong-Un pouvait comprendre avant d’essayer de calmer le jeu en ajoutant qu’il ne pensait « pas qu’il y ait une quelconque menace imminente ». Rex Tillerson est allé sur l’île de Guam en rentrant d’une visite en Asie notamment en Thaïlande, une première pour un secrétaire d’État américain depuis le coup d’État de 2014, afin de tenter de convaincre Bangkok d’isoler Pyongyang. Il a expliqué que « rien de ce que j’ai vu, ni rien de ce que je sais n’indique que la situation a évolué de façon dramatique au cours des 24 dernières heures ». Selon lui, l’intervention de Trump avait pour but « d’amener les autorités nord-coréennes à éviter toute erreur de jugement dans le contexte de tensions croissantes autour de leurs programmes nucléaires et balistiques ». Pas sûr que Pyongyang l’interprète ainsi. Les deux gouvernements continuent à montrer les muscles à tel point que le gouverneur de l’île de Guam s’est vu obligé de faire un discours télévisé afin de rassurer la population. « Je veux rassurer la population de Guam qu’actuellement, aucune menace ne pèse sur notre île ni sur les îles Mariannes. J’ai parlé à la commandante interarmées de la région des Mariannes, la contre-amirale Shoshana Chatfield, qui me l’a confirmé. »

Pour autant les USA prennent la menace au sérieux. Suite au dernier essai concluant de tir balistique nord-coréen, les États-Unis et la Corée du Sud ont immédiatement réagi et dénoncé un acte grave et provocateur et ont mené une fois encore un exercice conjoint ce samedi et affirment étudier des options militaires. Ils tiendront une réunion ministérielle sur les questions de sécurité le 17 août à Washington.

L’île de Guam symbole de la présence états-unienne dans le Pacifique

La menace de frapper sur l’île de Guam n’est pas anodine, c’est un symbole de la présence américaine dans le Pacifique. Cédée par l’Espagne à l’issue de la guerre hispano-américaine de 1898, l’île n’a plus connu d’autre administrateur que les États-Unis, hormis une brève occupation par les Japonais entre 1941 et 1944 achevée par une bataille sanglante (près de 20 000 tués dont 18 000 soldats nippons). Depuis 1950, Guam est officiellement rattachée à Washington en tant que territoire non incorporé et organisé.

Sous ce statut, l’île n’est pas un État américain mais son système de gouvernement est déterminé par un « Organic Act » par le Congrès des États-Unis. Île reculée du Pacifique faisant 550 km2, Guam est un avant-poste clé pour les forces américaines. L’île est stratégiquement située entre la péninsule coréenne et la mer de Chine méridionale. Environ 6 000 soldats y sont déployés. Située sur la côte Est de l’île, la base navale d’Apra Harbor sert de port d’attaque à la 15e escadrille sousmarine, composée de quatre sous-marins nucléaires d’attaque, et à la Task Force, responsable des opérations côtières dans la zone. Au nord de l’île, la base aérienne Andersen accueille la 36e escadre des Pacific Air Force. Elle a donc une importance stratégique indispensable, aux côtés des bases américaines sur les territoires du Japon et de la Corée du Sud. Le gouverneur a déclaré que l’île était préparée « à toute éventualité » et que « Guam est un sol américain ... Nous ne sommes pas seulement une base militaire ». Il a également annoncé qu’il allait convoquer une réunion avec le commandant militaire de Guam pour discuter de leur état de préparation. En plus d’être militairement stratégique, l’île de Guam est un lieu hautement touristique. Depuis le début de l’année 2017, l’île a accueilli 774 355 visiteurs, dont 42,5% de Japonais et 41,2% de Sud-Coréens. Une provenance géographique qui n’est pas anodine pour Pyongyang : en ciblant Guam, le régime de Kim Jong-un peut aussi frapper indirectement ses deux ennemis les plus immédiats, le Japon et la Corée du Sud, tous deux alliés aux États-Unis.

L’évolution de la crise entre la Corée du Nord et les USA est une défaite pour Trump qui avait assuré qu’il ne laisserait pas le régime nord-coréen développer des capacités militaires pouvant toucher le sol états-unien. Les deux régimes sont entrés dans une rhétorique guerrière plus qu’inquiétante dans une région où la conquête d’influence a une haute portée stratégique.


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