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Pause avec un nouveau round

Trump temporise et veut « reprendre » les discussions avec la Chine

Dans sa lancée offensive, Trump n'attaque pas inconsciemment. Après une longue escalade dans la guerre commerciale entre la Chine et les USA, et qui a touché les entreprises américaines elles-mêmes, Trump opte désormais pour le temps « des discussions » : une pause avant un nouveau round ?

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Steven Mnuchin, le secrétaire américain au Trésor, a demandé au gouvernement chinois de reprendre les discussions. En réponse, le ministère chinois du Commerce a salué, jeudi, la proposition américaine. C’est donc après une guerre commerciale généralisée menée par Trump, qui touche aussi bien ses adversaires que ses alliés proches – et des entreprises américaines elles-mêmes - que l’hypothèse des négociations, déjà ouvertes et avortées plusieurs fois au cours des derniers mois, reprend de nouveau.

Il y a encore peu Trump annonçait, à la suite d’une taxe de 200 milliards sur les importations de produits chinois, qu’il voulait maintenant taxer l’intégralité des produits chinois importés aux USA. Ainsi, loin d’être un revirement majeur, Trump se laisse du temps, et veut mettre à l’épreuve le rapport de force qu’il s’efforce de construire avec la Chine comme à l’échelle globale. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cela arrive : déjà le 21 mai dernier Trump avait annoncé une diminution du droit de douane sur les produits chinois. Il n’y a rien d’exceptionnel dans ce choix qui apparaît plus comme une manœuvre tactique que comme un tournant stratégique.

Pour expliquer cette temporisation, il faut noter que cette guerre commerciale a des conséquences négatives pour une partie de la bourgeoisie américaine. Il y a une lutte interne à la bourgeoisie sur des conception différentes de la réponse à apporter au problème de la Chine. Comme le note Le Washington Post : « Il n’était pas clair non plus si l’administration de Trump était unifiée sur la nouvelle approche de la Chine. Les Chinois ont tenté de traiter avec les États-Unis par l’intermédiaire de M. Mnuchin, mais le secrétaire au Trésor s’est parfois trouvé en désaccord avec M. Trump et Robert Lighthizer, le représentant commercial américain, qui, avec Peter Navarro, le conseiller commercial de la Maison Blanche, ont adopté des positions beaucoup plus sévères sur la Chine. »

En ce qui concerne la Chine, elle ne peut pas riposter en taxant les produits provenant des USA au même niveau que Trump le fait dans l’autre sens ; sa balance commerciale ne lui permettant pas (elle n’importe pas assez de produits américains en comparaison de ce qu’elle exporte aux USA). La Chine n’est pas pour autant impuissante, et peut survivre à une guerre commerciale même si cette dernière aurait un impact négatif sur sa croissance.

Cette pause dans la guerre commerciale, n’est pas non plus anodine pour Trump quand on prend en compte les futures élections de mi-mandats le 6 novembre prochain. Ces dernières sont même qualifiées par le journal Le Monde de « référendum à risques pour Trump ». Il ne peut donc qu’afficher un visage encore plus offensif dans sa guerre commerciale, au risque d’exacerber les divisions au sein de son propre camp. Sa base sociale étant très fragile, il se doit de jouer sur les deux plans pour concilier des intérêts contradictoires. De plus, le contenu des négociations avec la Chine permettra de juger concrètement de sa capacité à affirmer la domination mondiale des États-Unis sur le marché international. Ce dernier élément semble donc décisif pour les élections de mi-mandat.

Les USA comme la Chine ne sont pas sur le chemin d’une réconciliation mais plutôt sur celui d’une temporisation, leurs intérêts stratégiques et économiques respectifs étant trop contradictoires pour être réellement conciliés. D’une part les USA, par la politique de Trump, cherchent à réaffirmer leur hégémonie passée par la puissance du dollar et l’intervention militaire ; d’autre part, la Chine nourrit l’ambition de devenir une réelle puissance géopolitique et se heurte à la domination mondiale du dollar américain et de ses propres limites internes. Les États-Unis et la Chine sont aussi dans une situation d’interdépendance économique. Ils n’ont aucuns intérêts économiques directs l’un comme l’autre à une guerre commerciale. C’est la forme du conflit qui change mais ce n’est en aucun cas l’annonce de sa fin.

Crédits : (AFP/JIM WATSON)


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