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#BlackLivesMatter

Un an après le meurtre de Georges Floyd : la police raciste tue toujours

Un an après le meurtre de George Floyd, la police américaine tue toujours autant et les minorités sont toujours autant visées par ces meurtres. Face à ce racisme et à cette violence, la perspective de la réforme de la police montre toute son insuffisance. Plus que jamais, il est urgent de dissoudre les forces de répression.

Seb Nanzhel

24 mai 2021

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Il y a un an, George Floyd était tué par la police américaine. La vidéo choquante de son agonie, sous le genou du policier blanc Derek Chauvin, avait fait le tour du monde, entrainant une vague d’indignation et un combat international contre les violences policières et le racisme d’État. Ce dimanche, 1500 personnes se sont réunies à Minneapolis pour commémorer sa mort et réaffirmer leur détermination dans la lutte contre ces violences.

Cherchant à canaliser la colère, l’institutin policière a notamment nommé un Africain-américain à la tête de la police municipale de Minneapolis. Le Monde rapporte également de « timides avancées », telles qu’une facilitation d’accès aux images de meurtres des caméras piétons des policiers ou encore le changement de tutelle potentiel de la police de Minneapolis.

Marcia Howard, militante occupant le croisement où George Floyd a été tué, affirme ainsi à propos de la nomination du chef de la police africain-américain : « Ce n’est qu’un sparadrap, pas de la justice ! ». Ces mesures ne peuvent en effet absolument pas être qualifiées d’avancées, même timides. Elles sont un crachat au visage des victimes, de leurs familles et plus généralement des personnes racisées.

Depuis la mort de Georges Floyd, la police a continué ses meurtres racistes. Andrew Brown, père de famille de 42 ans, a ainsi été tué de cinq tirs dont un dans la nuque par un policier blanc, tirs estimés « justifiés » par le procureur. Mario Gonzalez, 26 ans a été asphyxié par un policier blanc lors d’un contrôle d’identité. Adam Toledo, 13 ans, est mort d’une balle en pleine poitrine alors qu’il se tenait mains vides, en l’air, face à la police. Isaiah Brown a essuyé dix tirs de la police, le laissant entre la vie et la mort alors qu’il tenait son téléphone à la main. Daunte Wright a été tué à bout portant par une policière lors d’un contrôle routier pour une vignette automobile expirée. Cette liste pourrait se poursuivre ad nauseam, pour énumérer les 146 personnes identifiées comme racisées tuées jusqu’ici par la police en 2021 ou les 480 tuées en 2020.

Si la revendication d’une réforme de la police a trouvé un large écho au sein de la jeunesse, témoignant d’une radicalité interrogeant les structures mêmes de l’État, la fin des violences policières et du racisme d’État ne peut advenir dans un tel système. « Cela va prendre énormément de temps car tout a été construit par une Amérique blanche-blanche-blanche, Derek Chauvin est le premier policier blanc de l’histoire du Minnesota à être condamné. Le seul autre policier dans ce cas était… noir ! », rapporte ainsi une personne présente à un hommage à George Floyd. Aux États-Unis, les Africains-américains sont statistiquement trois fois plus tués par la police que les personnes blanches. Ainsi, bien qu’ils ne représentent que 13% de la population, ils représentent 28 % des personnes tuées par la police, police qui continue de tuer à un rythme similaire aux années précédentes et dans la même impunité malgré la forte médiatisation du procès de Derek Chauvin. Plus profondément, ce racisme s’exprime sur le terrain économique : à titre d’exemple, selon une enquête du Pew Research Center de 2016, les familles blanches disposent d’une richesse en moyenne treize fois supérieure à celle dont disposent les foyers noirs. Le racisme est ainsi profondément ancré dans la police, et plus largement dans le fonctionnement de l’État capitaliste américain. Or, demander à ceux-là même qui orchestrent et profitent du racisme et de l’exploitation de réformer leur principale force de coercition qu’est la police contre tous leurs intérêts ne peut mener qu’à des mesures hypocrites, visant à calmer la colère exprimée par le mouvement #BlackLivesMatter.

Si, chez les Africains-américains de Minneapolis, la revendication de l’abolition de la police semble être la plus répandue, il n’existe pas aujourd’hui d’organisation à même de l’incarner sur le terrain politique. Pourtant, le caractère massif et déterminé des mobilisations internationales autour du mot d’ordre #BlackLivesMatter montre qu’il existe des perspectives importantes. Il est urgent de donner une continuité à ces mobilisations via des organisations indépendantes des États et de leurs institutions, résolues à s’attaquer directement aux racines de ces oppressions. Face aux violences policières et racistes, les moyens d’action ne peuvent être que révolutionnaires, derrière les mots d’ordres de l’abolition de la police et de la création d’une société sans exploitation ni oppression.


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