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Marche des Fiertés à Londres

Une « London Pride » aux couleurs de la lutte des classes

Marah Macna Refusant de se plier au chantage de la cooptation, 30 ans après leur soutien exemplaire aux mineurs en grève ainsi que la participation massive des mineurs à la Marche des fiertés, les « Lesbians and Gays Support the Miners » (LGSM) ont décidé de ne pas défiler en tête de cortège aux côtés des grandes entreprises qui financent de plus en plus la Marche et font de celle-ci une opportunité pour se faire de la publicité, pour tenter se rallier aux cortèges de ceux qui luttent au quotidien contre le système.

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La sortie du film « Pride » et son succès de part et d’autre de La Manche ont conduit à un regain d’enthousiasme pour cet épisode marquant de la lutte des mineurs contre le gouvernement Thatcher dans les années 80. A l’époque, et bien avant que les Marches des Fiertés ne soient transformées en manifestations commerciales et publicitaires par les grandes entreprises prétendument « Gay Friendly », un secteur du mouvement LGBT londonien, regroupé sous le nom « Lesbians and Gays Support the Miners » (LGSM) avait décidé de prendre le parti des mineurs, qui luttaient contre la fermeture des mines et s’affrontaient à la politique brutalement néolibérale de Thatcher et sa police réactionnaire. En faisant tourner des caisses de solidarité dans les bars gays et lesbiens, en participant aux actions des mineurs, ils avaient donné un exemple éclatant de convergence des luttes et de solidarité de classe, ce que les mineurs leur avaient bien rendu en défilant à leurs côtés lors de la Pride de 1985.

Trente ans plus tard, et en s’appuyant sur la notoriété du film, les LGSM proposaient cette année de reprendre ce flambeau de lutte, et de défiler pour la Marche des Fiertés londonienne. Le thème de la Marche des fiertés 2015 à Londres étant « les héros », les grandes entreprises comme Starbucks ou Citibank ont profité de celui-ci pour instrumentaliser le succès du film et se placer en tant que principaux supporteurs voire représentants des « héros de Pride » au même titre que les LGSM.Cherchent-ils ainsi à nous faire croire qu’ils étaient à l’époque du côté des mineurs en lutte ? Cherchent-ils à nous faire croire qu’ils sont solidaires des travailleurs exploités, licenciés, opprimés, réprimés par la police ? S’ils veulent transformer cette lutte et alliance exemplaires, en publicité sur papier glacé ou en icônes à mettre dans des musées, grand bien leur en fasse ! Pour nous cependant, les LGSM ne sont pas des « héros », car nous n’avons pas l’habitude d’idolâtrer des militants. Ils ne sont pas non plus « hors du temps », et leur lutte possède une actualité brûlante, contre toutes les attaques austéritaires que nous subissons de plein fouet. En revanche, les LGSM sont nos camarades et ils le prouvent une nouvelle fois cette année dans leur attitude face à l’instrumentalisation de la Marche des Fiertés.

En effet, si le comité d’organisation de la « Pride » à Londres, avait accepté qu’ils défilent en tête de cortège avec les syndicats de mineurs, il a par la suite informé que ça ne pourrait se faire qu’en petit comité, « par manque de place ». Cet argument n’a cependant pas empêché de donner un espace privilégié aux grandes entreprises qui souhaitent faire de la Marche leur vitrine publicitaire, et avec lesquelles le comité d’organisation voulait faire marcher les LGSM. En quelque sorte, on leur proposait de se faire les cautions de gauche de nos exploiteurs, principaux responsables de la crise entraînant de graves conséquences pour la communauté LGBTI et qui par ailleurs font tout pour écraser la syndicalisation de ses travailleurs et travailleuses. Découvrant, le 21 mai dernier, que l’ordre des cortèges devait les faire défiler, en plus, à l’autre bout de celui des organisations de travailleurs et d’étudiants, les LGSM ont refusé ce « deal », réaffirmant ainsi ce qu’ils comptaient faire de cette manifestation : « Nous tenons à préciser que nous nous efforçons à faire en sorte que les questions de libération LGBT, de politique de classe, de syndicalisme, de solidarité, de la lutte anti-austérité et plus largement de toutes les autres luttes seront soient portées au sein de la Marche et que nous restons déterminés à apporter un caractère différent à la « Pride » de cette année." [1] Mike Jackson, co-fondateur des LGSM, a ajouté dans une interview : “Cela aurait été un plaisir d’être en tête de la manifestation (« on the front line »), mais ce n’est pas important si nous ne le sommes pas. Il est plus important pour nous d’avoir été sur les piquets de grèves (« picket lines ») ».

Cette décision de rester fidèle à l’origine des LGSM, au cœur des luttes contre le système capitaliste et indépendants de tout ceux qui ne cherchent qu’à faire du profit sur notre dos, est tout à leur honneur : il doit nous inspirer pour toutes nos Marches des Fiertés !


[1Déclaration des LGSM concernant la Marche des Fiertés 2015, publiée le 6 juin sur leur page facebook



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