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Interview

Une aide-soignante réagit aux annonces de Macron : « Nous sommes pris pour cible, sans considération »

« Nous ne sommes même pas prioritaires en tant que soignants. », une aide-soignante répond aux annonces de Macron de ce lundi soir. Chantage et attaques à coup de réformes des retraites, le gouvernement confirme son mépris pour les soignants.

13 juillet 2021

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Crédits photo : Alain JOCARD / AFP

RP : Salut Isalyne, tu es aide-soignante dans le 94. Hier Macron a annoncé sur un ton très offensif la mise en place d’une obligation de vaccination pour les soignants. A partir du 15 septembre ceux qui ne seront pas vaccinés verront leur paye suspendue. Comment perçois-tu ce changement de ton envers les soignants, héros d’hier, pointés du doigt aujourd’hui ?

Je perçois cela comme de l’ingratitude de l’Etat à notre égard ! Il y a un an on nous obligeait à être sur le terrain même si nous étions positifs au Covid tant que nous étions asymptomatiques. Et nous le faisions avec des sacs poubelles en guise de sur-blouse ! Cette première vague a été très dure physiquement et psychologiquement.

Durant cette période nous étions considérés comme des héros et le gouvernement n’arrêtait pas de nous faire des éloges. Un an plus tard on voit à quel point tout cela n’était qu’hypocrisie et fausses promesses. Nous en sommes au même stade qu’il y a un an et nous travaillons toujours dans des conditions précaires. Or, avec le nouveau variant Delta nous voyons la 4ème vague qui arrive de plein fouet et nous allons de nouveau être confrontés au manque de moyen humains et matériel. Nous retournons dans une spirale infernale.

RP : En mars dernier nous avions déjà échangés sur la question de la vaccination des soignants. Tu soulignais les difficultés à se faire vacciner mais aussi le problème du jour de carence, qui décourageait les soignants de se faire vacciner. Est-ce que tu considères que les choses ont avancé sur ce plan ? Comment expliques-tu le retard de la vaccination chez une partie des aides-soignants comme toi ?

Pas vraiment. Nous sommes toujours contraints par des critères qui nous empêchent de prendre des rendez-vous : nous ne sommes même pas prioritaires en tant que soignants. Par ailleurs nous devons faire nos vaccins de préférence la veille de nos repos pour éviter l’arrêt maladie.

Du coup mes collègues et moi sommes épuisés mentalement, pris d’incompréhension et de dégoût. Nous ne comprenons pas ce retournement de situation à notre égard. Il ne s’agit pas d’être anti-vaccin, d’ailleurs bon nombre de mes collègues et moi-même sommes vaccinés : ce que nous rejetons c’est cet autoritarisme dont fait preuve le gouvernement. Depuis plusieurs mois beaucoup de mes collègues galèrent pour obtenir un rendez-vous afin de se faire vacciner car, comme je l’ai déjà énoncé ils ne rentrent pas dans les critères de la vaccination. Pourquoi le gouvernement ne nous a pas placé dans les critères prioritaires de vaccination au lieu, aujourd’hui, de nous imposer la vaccination et nous menacer de licenciement si nous refusons la vaccination ?

RP : Cette obligation de vaccination est par ailleurs mise en place par un gouvernement qui a géré de façon catastrophique la crise sanitaire, générant énormément de colère chez les travailleurs et travailleuses de la santé. Est-ce que cette colère joue dans la défiance envers les ordres du gouvernement ?

Oui la colère est tellement forte que beaucoup de soignants veulent défier le gouvernement. Ce gouvernement gère cette crise sanitaire de façon catastrophique depuis 1 an et aujourd’hui ne sachant plus comment se sortir de cette crise il ne trouve rien de mieux à faire que de prendre les soignants pour cible afin de se donner bonne conscience et faire un semblant d’action.

Jusque-là le gouvernement n’a su prendre aucunes mesures s’avérant être bonnes et il veut nous faire croire que s’attaquer aux soignants est la solution ultime. Nous avons le sentiment d’être pris pour cible et ce sans considération aucune ! La défiance des soignants envers le gouvernement est grande et ne s’atténuera pas de si tôt. Utiliser la menace pour faire plier les soignants non vaccinés est aberrant, certains soignants pensent même à démissionner. C’est écœurant !

RP : Macron a non seulement annoncé des fortes contraintes sur le terrain de la vaccination, mais également réaffirmé la mise en place de la réforme de l‘assurance-chômage et la volonté de faire une réforme des retraites. Comment vois-tu ces attaques sociales en pleine pandémie ?

Je trouve ses agissements déplorables. Il se sert d’une période difficile et dramatique pour beaucoup d’entre nous pour faire passer des réformes qu’il voulait en vérité faire passer depuis longtemps. Il utilise la faiblesse de la population.


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