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Entre manoeuvres de la mairie de Toulouse et acceptations par l'Université

Université du Mirail : la "crèche étudiante" (presque) pas pour les étudiants

G.Gorritxo Depuis plus de 20 ans, existe la revendication, entre autres, d’une crèche accessible aux parents étudiants, à l'université. La présidence de l’Université du Mirail à Toulouse avait annoncé en 2015 le projet d’une crèche étudiante dès la rentrée 2016. Il n'en reste presque rien aujourd’hui…

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Pour permettre aux étudiants parents, et notamment aux mères sur qui repose encore trop souvent la garde des enfants, de pouvoir réellement étudier, les étudiants ont depuis longtemps porté la revendication d’une crèche répondant à ce besoin. Besoin réel, quand on voit aujourd’hui le nombre de mamans devant s’inscrire aux cours à distance pour ces raisons, et le plus souvent se limiter aux deux ou trois premières années, la suite étant trop concurrentielle étant donné leurs conditions.

En mai 2015, l’Université du Mirail à Toulouse (UTM) avait annoncé l’ouverture d’une crèche étudiante pour la rentrée 2016. En 2008, l’Université Paul-Sabatier avait ouvert "Upsimômes", une crèche pour les étudiants et le personnel, de 60 places.

L’UTM prévoyait 60 places aussi, réparties entre étudiants, personnels et habitants du quartier. Un projet déjà bien en deçà des besoins réels, pour une université accueillant 27.000 étudiants. Mais la suite allait empirer les choses… En effet, en mars 2016, le projet se voyait repoussé à janvier 2017, et réduit à 40 places !

Enfin, les modalités d’attribution ont été connues récemment, et se répartiront en 30 places pour les habitants du quartier, et 10 places à se répartir entre le personnel et les étudiants. On attend de voir comment seront choisis les 5 ou 6 heureux élus, qui pourront étudier en bénéficiant de ce mode de garde…
L’explication de ce changement ? Le déménagement de la crèche du quartier, la “Baleine Bleue”, dont les 30 bébés seront placés d’office dans cette nouvelle crèche. Un excellent moyen de faire des économies pour la Ville de Toulouse, puisqu’elle ne participera qu’à hauteur de 24% dans le financement de cette nouvelle crèche, soit 170.000€/an, quand le budget de la “Baleine Bleue” était bien supérieur.

Contrairement à l’association corporatiste locale, Apiem (“Association pour les initiatives étudiantes du Mirail”), il ne s’agit pas ici de dénoncer la répartition des 40 places, jugée trop favorable aux habitants du quartier, et de revendiquer une répartition bénéficiant plutôt aux étudiants. Ou même de s’effrayer que les 10 places restantes puissent être attribuées aux habitants du Mirail d’ici 2 ans. Une telle position corporatiste est nocive, et tend à jouer le jeu de la mise en concurrence, de se battre dans la répartition de miettes pour que les étudiants obtiennent 3 miettes de plus que les habitants.

Le problème de manque de places en crèche est un problème global. Un vide qui frappe en premier lieu les femmes, qui sont encore celles qui, dans le couple, en grande majorité, doivent s’adapter aux défaillances et absences des modes de garde, en adaptant leurs horaires, en prenant des congés maternité, voire en abandonnant leur emploi. Les crèches collectives, moins chères que des assistantes maternelles ou des crèches privées, sont presque inaccessibles ou présentent des listes d’attente de plusieurs années. Ce sont donc les familles les plus précaires qui sont les premières touchées. Et la dynamique de privatisation des crèches, et de désengagement des financements publics, ne va faire que renforcer cela. Quand on connait la précarité des quartiers comme le Mirail, avec des taux de chômage deux fois plus importants que la moyenne par exemple, et une sur-représentation des travailleurs les plus précarisés, on imagine bien le problème que constitue la garde d’enfants.

Plutôt que par la concurrence entre habitants et étudiants, c’est par des investissements dans les modes de garde collectifs qu’il sera possible de régler ce problème. Que les deux lieux de garde (La Baleine Bleue et la crèche « étudiante ») soient fusionnés, pourquoi pas, mais sans perdre une seule place existante ! Et que la mairie revendique sa manœuvre par le fait que le projet va “créer de la mixité”, cela nous semble bien ironique…

Au contraire d’une fac repliée sur elle-même (qui est allée jusqu’à changer son nom pour s’appeler “Jean-Jaurès”, pour “rayonner d’avantage”), fermée aux habitants du quartier, ce serait l’occasion d’avancer vers une fac ouverte, contre la sélection et l’élitisme qui sont chaque année un peu plus forts. Les moyens existent plus que largement. Et ce n’est certainement pas à la Mairie de Moudenc (LR) ou au Conseil Départemental (PS), habitués à la politique d’austérité dans les services publics, d’estimer nos besoins en termes d’éducation et de santé !


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