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Vague de suicides en fac de médecine, un appel à se mobiliser

Camilla Ernst {{}} On déplore deux suicides parmi les étudiants en médecine depuis le début du mois de mars. Deux drames de trop qui, au-delà de l'émotion légitime devant pareil témoignage de souffrance psychologique, ne sont pas sans rappeler la violence de la pression permanente qui s'exerce sur les étudiants et jeunes professionnels de ce genre de filière ultra-élitiste. Des conditions d'apprentissage qui sont à dénoncer comme le fruit d'un système qui, quel que soit le secteur concerné, impose la soumission de tous les travailleurs, dénonciation qui par là-même s'inscrit dans le mouvement contre l'avant-projet de loi El Khomri.

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Des morts toujours plus nombreux

C’est avec stupeur qu’on apprenait, il y a deux semaines, le suicide d’un interne en chirurgie à Marseille. Brillant élève depuis toujours, ayant obtenu des classements à faire pâlir d’envie aux concours de fin de première année de médecine puis de l’internat, il a cédé face à la pression d’un internat de chirurgie plus qu’exigeant et de ses chefs, alors qu’il menait en parallèle un master 2 afin de pouvoir plus tard prétendre à une carrière hospitalo-universitaire.

Cette semaine, c’est l’annonce de la mort d’un étudiant -décrit comme brillant lui aussi- en 5ème année à Nice qui nous frappe. Si le doyen de la faculté de médecine de Nice et les autorités laissent planer le doute quant à l’hypothèse du suicide, celle-ci est fortement suspectée. Et un étudiant présent au rassemblement qui avait lieu en son hommage de rappeler avec colère : « On nous pousse à être des robots, à ne pas penser à nous. Tout est déshumanisé. En première année, on nous sélectionne par QCM, sans nous demander pourquoi nous voulons devenir médecin. Et après, nous devons nous effacer face aux problèmes des autres. ».

Tristes histoires, qui viennent s’ajouter à tant d’autres. On pensera à la vague de suicide qui avait secoué au printemps dernier les étudiants en médecine partis poursuivre leur cursus en Roumanie, reflet de l’insécurité psychologique créée par l’échec dans une filière régie par un système de concours.

Par-delà médecine, c’est l’ensemble des filières élitistes, où pèse lourd le poids de l’injonction à la réussite et à l’excellence, qui est concerné. Fin février-début mars, on déplorait à l’école Polytechnique, temple sacré de la formation des ingénieurs-militaires, deux suicides d’étudiants qui se sont jetés sur les rails du RER B, à la même gare de Lozère. En novembre, c’était un étudiant en dentaire de Paris V qui avait mis fin à ses jours au sein même de son université, face aux difficultés rencontrés en stage, entre précarité imposée et poids de la hiérarchie. {}

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Derrière la tristesse, colère et dénonciation !

C’est bien une colère forte qu’il nous faut exprimer face à tous ces scandales. À l’heure où se profile une université à deux vitesses, opposant des filières d’élite ultra-compétitives mais avec un boulot sûr à la clé à des « filières poubelles » qui seraient destinées aux plus feignant d’entre nous, à nous de bien nous rendre compte que tout ça fait partie d’un même système.

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L’exemple des études de médecine est probant : une compétition féroce qui dure tout au long des études universitaires, sanctionnées par deux concours, et que l’on retrouve ensuite à l’hôpital, créant de fortes tensions entre étudiants, internes puis médecins, une pression permanente à la réussite et à l’excellence, un rythme de travail forcené, auxquels viennent s’ajouter un sexisme ambiant ajoutant une double peine pour les étudiantes... Mais au fond, ces conditions d’apprentissage exécrables sont faites habituer les étudiants et étudiantes aux conditions de travail tout aussi dures, tout en freinant les velléités de revendications en donnant accès à une reconnaissance et un statut social ainsi qu’à un salaire attractif. Le tout en maintenant, comme pour tous les étudiants, une précarité le temps des études, par des stages sous-payés, excluant de fait les jeunes issus de milieux défavorisés ne pouvant mener des études aussi exigeantes tout en gagnant leur vie à côté.

Ainsi, la différenciation créée de toute pièce par l’État entre les « filières d’élite » et les autres cursus scolaires ne doit pas créer de division entre nous car au bout du compte, la précarité au cours des études, l’austérité sur les lieux de travail, les conditions de travail toujours plus dures, nous sont à tous imposées, et amènent au même résultat : insécurité psychologique, mal-être profond, jusqu’au suicide. Un climat en passe d’être renforcé avec l’avant-projet de loi sur le travail et ses attaques sans précédent contre les droits des travailleurs. Après deux journées de mobilisation réussies les 9 et 17 mars, à nous de faire grossir le mouvement dans la rue lors des prochaines échéances annoncées les 24 et 31 mars car nous sommes tous concernés : nos vies valent plus que leurs profits !


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