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Dénouement de la primaire de la droite et du centre

Victoire de Fillon : la droite ultra-libérale et conservatrice, façon David Cameron, a terrassé le chiraquisme

Le second tour de la primaire de la droite et du centre a désigné François Fillon en tant que candidat du parti Les Républicains aux élections présidentielles de 2017. Il l’emporte largement avec 66,5% des voix face à Alain Juppé qui est défait lourdement avec 34,5 % des suffrages. Avec une participation toujours massive, en légère hausse, cette large victoire de Fillon est une confirmation sans détour du message clair adressé par les sympathisants de droite lors du premier tour : celui d’une droite dure. Avec les primaires, visant à relégitimer l’appareil politique des Republicains, englué dans une crise croissante des partis, la frange de l’électorat de droite a sonné avec la défaite très lourde de Juppé, la fin du chiraquisme. Il a tranché pour une droite ultra-libérale et conservatrice, à la manière de José María Aznar dans l’Etat Espagnol, ou de David Cameron au Royaume-Uni. Damien Bernard

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Plusieurs leçons sont à tirer de cette large victoire de Fillon lors de cette première primaire ouverte de la droite et du centre.

L’opération des « primaires » : une réussite pour la droite

L’une de ces premières leçons à tirer de ce scrutin est qu’au travers du mécanisme des primaires, la formation de droite traditionnelle française a réussi, bien que partiellement, son opération de « régénérescence démocratique ». Les audiences record lors des débats télévisées, ainsi que la participation massive lors des deux tours en ont été les marqueurs. Ce sont plus de 8,5 millions personnes, soit le tiers des téléspectateurs, qui avaient suivi sur France 2 et TF1 le quatrième et dernier débat. Ce sont aussi plus de 4,3 millions d’électeurs qui se sont déplacés lors du premier tour, entre 4,2 et 4,6 millions lors du second tour, réunissant bien plus que les 2,6 millions de la primaire socialiste en 2011. Le plébiscite de Fillon, candidat surprise et inattendu face aux deux grands favoris Juppé et Sarkozy, vient appuyer les illusions « démocratiques » de cette opération reconquête. Il permet y compris d’appuyer et de légitimer la droite comme une alternative à la gauche et une alternative à l’aventure Front national.

Une fin de la traversée du désert qui ne résout en rien les contradictions plus profondes

Cette réussite de l’opération primaire est enfin une bonne nouvelle pour la formation de droite qui, depuis la défaite de Sarkozy aux présidentielles de 2012, était entrée dans une longue période de trouble. Ceux-ci s’étaient notamment cristallisés autour de la bataille pour la présidence de l’UMP à l’automne 2012, entre François Fillon et Jean-François Copé. Une bataille des chefs qui avaient donné lieu à des accusations mutuelles de fraudes et une crise ouverte au sein de l’ex UMP. Celle-ci avait été partiellement résolue par un compromis qui vit Nicolas Sarkozy l’emporter au travers d’une nouvelle élection à l’UMP en 2014, en l’échange de l’organisation de cette primaire. Une réussite qui vient donc, pour le moment, clore une longue traversée du désert pour la formation de droite. Pourtant, même si cette bataille de rélégitimation est gagnée par Les Républicains, elle ne résout en rien les considérants plus généraux d’une crise organique qui place les « partis traditionnelles » et les médiations du même ordre dans une crise croissante.

Une victoire qui signe la fin du chiraquisme

Avec un tel score, le report de voix a été quasiment total pour Fillon. L’électorat de Nicolas Sarkozy s’est reporté massivement sur François Fillon. Les nouveaux sympathisants de droite l’ont aussi massivement choisi. Il a rallié des pans majoritaires du peuple de droite sur son positionnement libéral, ses mesures chocs à l’endroit des fonctionnaires, de l’Assurance-maladie, son conservatisme sur les questions de société. Ainsi, sa victoire à la primaire marque la fin du chiraquisme, qui était caractérisée par une droite post mai 1968 plus consciente et craintif du rapport de force, notamment suite à l’expérience des grèves de 1995 suite au plan Juppé. Quoiqu’il advienne aux présidentielles, même s’il a de bonnes chance de l’emporter, François Fillon endosse le costume de celui qui reconstruira la droite de demain. L’élimination de Nicolas Sarkozy au premier tour a clos une période d’une douzaine d’années de domination sur sa famille politique. Mais à la différence du chiraquisme qui semble être mort définitivement, le sarkozysme s’incarnera quand bien même dans la candidature Fillon, même si dans une note différente.

Un choix clair de l’électorat de droite : un thatchérisme à la Fillon

La crise économique mondiale, la polarisation qui en découle en France, ainsi que la délégitimation de la figure présidentielle par le hollandisme, a été tranchée par la droite. C’est plus nombreux que lors du premier tour, que la frange de l’électorat de droite a plébiscité Fillon, dans une dynamique quasi équivalente voir supérieure en terme de vote. Le choix Fillon, c’est l’ultra libéralisme au niveau économique, un choix ultraconservateur sur les questions sociétales, face à la droite « molle » de l’alliance centre-droit de Juppé. C’est le résultat d’une bataille idéologique de longue haleine auprès des sympathisants de droite, ainsi que la définition d’un programme ficelé bien amont prenant comme axe principal une réponse réactionnaire à l’une des principales préoccupations des salariés à savoir la lutte contre le chômage pour atteindre le plein emploi. Un programme articulé autour du recul sur les conquêtes qui sont liées à l’Etat providence, de la responsabilité, de la « liberté » de l’entreprise, rapide et éclair pour retrouver le statut de la France au niveau Européen, puis mondial. C’est le choix d’une nouvelle droite dure, comparable dans une autre époque à Edouard Balladur, plus récemment à José María Aznar dans l’Etat Espagnol, ou de David Cameron au Royaume-Uni, et ses attaques furieuses sur les conquêtes que Thatcher n’avait même pas remise en cause comme l’assurance ou la santé chômage, plus comme une sorte de thatchérisme à la Fillon. C’est le choix d’une remise en cause brutale des acquis du mouvement ouvrier, héritée après le compromis de l’après seconde guerre mondiale.


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