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La Izquierda Diario
21 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

Après les accords du 12 octobre
Les principaux partis Palestiniens se rencontrent au Caire pour poser les bases d’un rapprochement
Sadek Basnacki

Après la signature de l’accord de réconciliation du 12 octobre entre le Hamas et l’Autorité palestinienne (AP), plus d’une dizaine de partis palestiniens se rencontrent au Caire pendant trois jours afin de poser les futures bases politiques de ce rapprochement, alors que l’État israélien et les USA font tout pour stopper ce processus.

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Depuis les accords du 12 octobre, rien n’a changé

Le premier geste de rapprochement entre le Hamas et l’AP a été de céder le passage de Rafah entre Gaza et l’Égypte qui est fermé depuis 2007 au gouvernement de Mahmoud Abbas. Pourtant comme on pouvait s’y attendre et au grand désespoir de la population gazaouïe, le point de passage n’a été ouvert que trois jours à compter du 18 novembre, pour permettre aux délégations de rejoindre l’Égypte. Le porte parole du Hamas a expliqué que c’était parce qu’ « Il n’y a pas de discipline, d’organisation, d’accord clair sur la transition, mais ces erreurs ne mettront pas la réconciliation en danger, même si elles augmentent la frustration populaire. ». Il faut rajouter à cela le fait que pour l’instant et malgré les accords du 12 octobre, Abbas n’a pas levé les sanctions financières infligées en 2017 pour forcer le Hamas à passer la main. L’AP se cache derrière l’excuse Hamas car selon elle, ce dernier ne lui aurait pas concédé un contrôle total des frontières. Qu’importe les souffrances gazaouïes, tant que l’AP n’a pas entièrement la main mise sur la bande de Gaza, le peuple palestinien devra attendre... Les paiements complets de l’électricité à l’État israélien n’ont pas été rétablis par l’AP, ce qui fait que la consommation d’électricité se limite à une poignée d’heures quotidiennes. De même, en attendant que le périmètre et la composition des administrations soient revus par un comité technique, d’ici à février, les salaires des employés demeurent amputés de 30 % par Ramallah. Une situation intenable que le Hamas et l’AP continuent de faire subir au dépend de la gravité de la situation de Gaza, la région la plus densément peuplée au monde et qui subit un blocus israélien et égyptien soutenu par l’AP.

Vers une avancée dans les discussions ?

L’ordre du jour est vague. Différents experts s’attendent à ce que les participants contournent les motifs de discorde pour garder la réconciliation sur les rails. La rencontre des 21 et 22 novembre doit notamment permettre d’évoquer la constitution d’un gouvernement d’union nationale. D’hypothétiques élections générales doivent aussi être discutées, ainsi que l’intégration du Hamas au sein de l’Organisation de Libération de la Palestine, la formation d’un nouveau gouvernement d’union et même la tenue d’élections, qui seraient les premières communes à la Cisjordanie et Gaza depuis 2006.
Malgré tout, des divergences de fond persistent, notamment la reconnaissance de l’État israélien. « Le Jihad islamique considère que toute réconciliation basée sur les accords d’Oslo est problématique. Pour lui, la réconciliation doit servir à unir tous les Palestiniens pour faire face à l’occupation. », souligne Amer Abu Shebab, un politologue spécialiste des mouvements islamistes.
Autre problème, l’intégration, dans la nouvelle administration, de dizaines de milliers de fonctionnaires recrutés par le Hamas.

Mais le premier point de blocage se situe sur la question des forces de sécurité. Composées de cinq corps, regroupant de 19 000 à 25 000 personnes, elles représentent un enjeu de souveraineté et de finances important. Tandis que l’Égypte espérait repousser à plus tard les détails d’une transition afin de continuer à occuper une place diplomatique prépondérante dans la région, l’Autorité palestinienne a relevé ses exigences au cours des semaines écoulées.
L’AP et son président excluent d’assumer les responsabilités civiles gazaouies sans tenir les leviers sécuritaires. Les responsables gouvernementaux à Ramallah martèlent qu’il ne doit y avoir qu’« une autorité, une arme, une loi ». Ors le Hamas, qui veut garder sa place de pseudo « champion » de la résistance contre l’État israélien n’est pas prêt d’assouvir de telles exigences. « Nous sommes d’accord, mais il doit d’abord répondre à cette question : comment nous défendons-nous ? Ce discours de l’Autorité palestinienne vise à mettre de réels obstacles sur le chemin de la réconciliation. » explique Daoud Shehab.

Il est vrai que l’État israélien s’appuie depuis quelques années sur l’AP pour faire le sale boulot et réprimer le peuple palestinien. Mais pour autant le palestinien n’a pas à sa disposition des armes pouvant lui permettre de lutter efficacement contre le colonisateurs et lorsque dans un acte désespéré il attaque les troupes de Tsahal, il le fait à coup de couteau, ou bien lorsque la colère gronde et que les jeunes descendent s’affronter aux occupants ils le font à coup de pierres. Les armes et les roquettes sont dans les mains du Hamas. C’est une question qui est d’autant plus problématique lorsque l’on sait que l’État israélien et les États-Unis enchaînent les provocations.

L’État israélien et les États-Unis jouent la provocation

Alors que le point de passage de Rafah a été transféré sous l’autorité du gouvernement palestinien, Tsahal, sous prétexte de craindre une attaque, a fait exploser fin octobre un tunnel partant de Gaza. Douze membres de groupes armés palestiniens ont été tués, faisant craindre des représailles qui torpilleraient le processus. C’est une méthode bien connue. A chaque fois la même, une provocation israélienne et en réponse le Hamas envoie une ou deux roquettes qui ont une efficacité toute relative. Cette tactique arrange l’état israélien pour qui le rapprochement des groupes palestiniens compliquerait la politique dès lors qu’il ne pourra plus s’appuyer sur la division des palestiniens. Pourtant, cette fois aucune réponse pour l’instant du Hamas qui, acculé à Gaza, doit changer totalement sa politique et aller à marche forcée vers un rapprochement avec l’AP.

L’État israélien et son grand allié américain ont énoncé leurs conditions pour traiter avec un gouvernement d’union : reconnaissance d’Israël, renoncement à la violence et désarmement du Hamas. Autant dire que ce sont des conditions loin d’être acceptables.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit clairement ce qu’il pensait de la réconciliation : elle ne fait « que compliquer encore davantage la recherche de la paix ». On se demande quand est ce que Netanyahu et son gouvernement a déjà cherché la paix avec la Palestine. Lui qui a ordonné la construction de plusieurs colonies, enchaîne provocations sur provocations et est responsable de la mort de plusieurs milliers de palestiniens.

Quant aux États-Unis, ils viennent de porter un rude coup à l’AP, en menaçant de fermer sa représentation à Washington. Selon l’administration Trump, les bureaux pourraient rouvrir dans les trois mois suivants si les Palestiniens s’engagent sans ambiguïté dans des négociations de paix avec l’État israélien.

Une pression publique contre-productive, qui a raidi les officiels palestiniens. Ces derniers se disent prêts à suspendre tout contact avec les USA si la fermeture était mise à exécution. Mais ils mesurent aussi à quel point ils sont dépendants, financièrement, des donations internationales, notamment américaines. Dimanche, Ahmed Aboul Gheit, le secrétaire général de la Ligue arabe, s’est mis en contact avec Washington pour essayer de calmer la situation.

Les USA travaillent dans le plus grand secret depuis des mois sur un projet de relance des négociations entre l’État israélien et l’Autorité palestinienne. Plusieurs fuites douteuses ont déjà alimenté les colonnes de journaux arabes et israéliens. A l’heure actuelle, aucune certitude n’existe sur le contenu de ce plan, qui pourrait être présenté à la fin 2017, ou au début 2018. Mais visiblement ce plan, si on se base sur les déclarations de Trump qui rompt avec la politique de Barack Obama, sera totalement en accord avec la politique israélienne comme le montre d’ailleurs la déclaration de Nétanyahou dimanche dernier, « ma position vis-à-vis de ce plan sera déterminée par les intérêts sécuritaires et nationaux de l’État d’Israël. Et cela a été clairement exprimé à nos amis américains. »

Une fois encore le peuple palestinien se voit écarté des discussions sur son avenir. Ce sont le Hamas et l’AP, qui n’hésitent pas à réprimer eux mêmes le peuple palestinien, qui sont entrain de discuter d’un rapprochement et de la reconnaissance de l’État israélien, de la fin de la lutte armée, etc... pendant que lui subit toujours le régime d’apartheid israélien, est condamné à vivre dans la misère, entassé dans la bande de Gaza et doit faire face à la trahison des partis qui revendiquent les représenter. Ces derniers sont poussés par les « démocraties » du monde entier à aller vers l’ultime trahison. Pour porter ses propres intérêts, le peuple palestinien devra s’émanciper de ces partis et groupes qui continuent à négocier avec l’État israélien.

Crédits photo : reseauinternational

 
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