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La Izquierda Diario
23 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

Néo-colonialisme et influence de la France au Liban
Qui est Michel Aoun, l’homme qui tire les ficelles derrière Hariri ?
Ali Norbert

Si le retour de Saad Hariri marque l’influence de la France sur la scène proche et moyen-orientale, il témoigne également du lien néo-colonial entre Paris et Beyrouth. Ce lien s’appuie, entre autre, sur l’actuel président de la République libanaise, Michel Aoun, homme aussi avide de pouvoir qu’il défend l’influence française au Liban.

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La porte de sortie offerte par Macron à Saad Hariri, après la rétention de ce dernier en Arabie Saoudite, a comme un air de déjà vu dans l’histoire du Liban. En octobre 1990, c’est à l’actuel président de la République libanaise, le général Michel Aoun, que Paris offrait l’asile lorsqu’il était chassé du pouvoir par l’armée syrienne. L’accession du protégé de la France à la présidence libanaise en 2014, poste vacant depuis 2 ans et demi, permet alors à Paris de renforcer son influence dans les affaires internes du Liban, pays que l’ancienne puissance mandataire a toujours considéré comme étant son terrain privilégié au Proche-Orient.

Dans l’histoire des interventions françaises dans la politique libanaise depuis l’indépendance du pays, Michel Aoun occupe sans doute l’un des premiers rôles. Le retour de Hariri au pouvoir arrange aussi bien Aoun, soucieux de maintenir le statu quo et la stabilité politique du Liban, que Macron dont l’objectif est de consolider la place de la France comme acteur central sur la scène proche et moyen-orientale. Mais ce dont cette affaire témoigne également, c’est la constance de la fidélité de Michel Aoun aux intérêts impérialistes français tout au long de sa carrière militaire et politique, qu’il entame après avoir été formé dans les hautes écoles militaires françaises et américaines.

Ayant fait ses armes contre la gauche libanaise et les milices palestiniennes, dans les années 1970, il accède, en pleine guerre civile, au poste de président du Conseil dans un pays déchiré en deux, sur la base d’une alliance avec les phalanges d’extrême droite chrétiennes des Forces libanaises (FL), avant de se retourner contre ces dernières. Pour consolider son pouvoir face à l’autre gouvernement libanais, pro-syrien, Michel Aoun offre, en 1989, une occasion à la France pour faire son retour officiel dans les affaires internes libanaises en appelant Paris à intervenir militairement pour protéger les « zones chrétiennes ». Mais la première guerre du golfe, qui voit s’aligner derrière les Etats-Unis les puissances occidentales et la plupart des Etats arabes, dont la Syrie, change la donne. En échange de son soutien à l’intervention américaine en Irak, la Syrie ne voit pas sa domination au Liban remise en cause.

Le général-président Aoun est finalement chassé du pouvoir par l’armée syrienne en 1990. Il est exfiltré du palais présidentiel par les services secrets français et part en France pour un exil qui durera 15 ans. C’est juste après le départ, appuyé notamment par la France, des troupes syriennes du Liban, en 2005, que Michel Aoun revient au pays, où il parvient à s’imposer comme le dirigeant de l’un des principaux blocs parlementaires. Ne parvenant pas à s’entendre avec ses alliés anti-syriens et isolé dans l’opposition au gouvernement Siniora, il fait volte-face et s’allie avec le Hezbollah, pro-syrien et pro-iranien. C’est à la faveur de la guerre civile syrienne, qui va polariser la vie politique libanaise entre les anti et les pro régime syrien, que Aoun parvient à s’imposer comme garant du fragile équilibre politique libanais et accède à la présidence de la République libanaise, avec la bénédiction des chancelleries occidentales, Paris en tête.

Macron, qui a promis de défendre les intérêts des entreprises françaises à l’international, ne s’est pas trompé en choisissant le président libanais comme première visite d’un chef d’Etat étranger, le 25 septembre 2017. A l’issue de cette rencontre était annoncée une conférence internationale de soutien à l’armée libanaise ainsi qu’une conférence des investisseurs au Liban. Il s’agissait, deux mois avant la dernière tentative de déstabilisation saoudienne, de compenser la suspension par Ryad du plan d’aide saoudien de trois milliards de dollars au Liban, comme sanction face à l’entrée du Hezbollah dans la coalition gouvernementale.

 
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