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La Izquierda Diario
24 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

L’État français arme les dictatures
En pleine crise régionale, la France va vendre 12 nouveaux Rafales au Qatar
Sadek Basnacki

Le Qatar pourrait prochainement lever l’option portant sur l’achat de douze Rafales supplémentaires. Emmanuel Macron sera d’ailleurs à Doha le 7 décembre prochain, notamment pour négocier la vente de ces rafales. L’État français profite des tensions dans la région pour se remplir les poches.

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Le Qatar renforce son arsenal militaire

Alors que les tensions dans les pays du Golfe ont atteint leur paroxysme ces derniers mois, l’État français est sur le point de vendre 12 avions de combats supplémentaires au Qatar. Emmanuel Macron, qui fera le déplacement à Doha le 7 décembre prochain, compte bien signer le contrat avec l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, qui était déjà venu le 15 septembre à Paris pour le rencontrer. Cette vente s’ajoute au contrat signé en mai 2015, dans lequel le Qatar avait fait l’acquisition de 24 avions de combat, six en version biplace et 18 en version monoplace, et qui avoisinait la coquette somme de 6,3 milliards d’euros.

En plus de ces avions, Macron espère également signer un contrat en faveur de Nexter pour la vente du Véhicule Blindé de Combat d’Infanterie, présélectionné par le Qatar. Le groupe d’armement terrestre a répondu il y a plusieurs années à une offre pour plus de 300 véhicules blindés de type VBCI, un contrat estimé à 2 milliards d’euros, pour équiper les forces terrestres qataries. Autant dire que ces contrats montrent que le Qatar accélère à grand pas la modernisation et le développement de ses forces armées, dans un contexte de fortes tensions avec ses voisins : un quatuor composé du Bahrein, de l’Arabie saoudite, des Émirats Arabes Unis et de l’Égypte. Des pays auxquels le France vent également des armes de guerre.

La coalition anti-qatar n’est pas en reste

Il est bon de noter que l’annonce du Qatar devrait précéder celle de l’Égypte qui poursuit avec assiduité les négociations avec la France. Une délégation égyptienne était encore à Paris cette semaine pour négocier la vente de rafales. Déjà, lors de visite du dictateur égyptien, Abdel Fattah al-Sissi à Paris en octobre, Emmanuel Macron avait expliqué à son hôte qu’il tenait à poursuivre la relation de confiance entre l’Égypte et la France (qui s’inscrit dans le cadre du partenariat stratégique entre les deux pays, relancé en 2015 et qui concerne bien sûr la vente d’équipement militaire) . Depuis la prise du pouvoir grâce à l’armée du maréchal al-Sissi, l’Égypte a lancé la modernisation de ses forces armées avec le soutien de la France. Paris s’est engagé à fournir de nouveaux équipements, en particulier à la force aérienne (24 Rafales, un satellite de télécoms militaires) et à la marine (quatre corvettes Gowind, une FREMM, deux BPC). Ce qui a représenté près de sept milliards d’euros (6,83 milliards) de contrats pour l’industrie d’armement française entre 2014 et 2016.

Or jusqu’à présent, la France avait bloqué les négociations car l’Égypte ne pouvait assurer financièrement. Mais voilà un changement survient suite à la découverte de la grande réserve de gaz dans la zone maritime méditerranéenne de l’Égypte, le pays devrait avoir 6% de croissance, ce qui change totalement la situation pour Paris. D’abord refusé à cause d’une demande de la part du Caire d’échelonner la facture, la France a finalement décidé de faire confiance à son allié égyptien. Les autorités d’al-Sissi pourront payer par facilité de paiement et renforcer leur arsenal guerrier. Et qu’importe si l’Egypte vit sa « pire crise des droits humains depuis des décennies », comme l’indiquaient les ONG fin octobre à Emmanuel Macron. Les vies des égyptiens et leurs libertés valent moins que les dividendes des actionnaires de Dassault et ses fournisseurs. La France est bien décidée, comme elle le fait depuis deux ans, à aider l’Egypte à moderniser son arsenal militaire et donc à armer une dictature. Et ce n’est pas tout puisque Macron, qui se déplacera aux Emirats, espère convaincre ces derniers d’acquérir le fleuron du groupe Dassault Aviation mais espère surtout vendre des corvettes de surveillance Gowind 2500 fabriquées par Naval Group (qui a commencé à en livrer à l’Egypte, proche alliée des EAU).

Ainsi, la France se remplit les poches en vendant des armes aux deux parties. Au-delà de l’aspect économique, il s’agit aussi de tenter de stabiliser la région en rendant de plus en plus coûteux un affrontement direct, qui supposerait en effet des dizaines de milliers de morts. Comme on dit pas de jaloux : Macron arme ainsi pour des milliards d’euros des pays qui étaient au bord de la guerre cet été. Dans la continuité d’un Macron chef de guerre, Macron s’affirme comme le meilleur VRP de Dassault. Qu’importe si ces pays sont des dictatures, que les homosexuels y soient persécutés, que les femmes doivent y rester soumises, que les opposants politiques soient en prison, tant qu’on peut vendre et se faire des gros sous. Si l’argent n’a pas d’odeur, il a pourtant une couleur, pas le vert du dollar mais bel et bien le rouge, le rouge du sang des milliers de vies que ces équipements militaires feront verser au noms du profit.

 
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