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La Izquierda Diario
4 de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Les raisons de la solidarité avec un combat exemplaire
Enseignante dans le 93, pourquoi je soutiens les grévistes de ONET
Elise Lecoq, enseignante

Je suis passée, hier soir, à nouveau, au local des grévistes de ONet, à la Gare de Sain-Denis. Mais cette fois-ci, j’y suis passée avec des collègues, profs eux-aussi. Nous avons échangé avec les travailleurs en lutte, discuté de leur grève, et nous leur avons remis une enveloppe pour leur caisse de grève. Parce que leur combat est exemplaire et touche en réalité tou-te-s les salariés du 93, à commencer par les profs.

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La grève que sont en train de mener depuis un mois les travailleurs d’ONet du réseau Pars-Nord, avec des piquets sur les gares de Saint-Denis, Ermont-Eaubonne et Garges Sarcelles est une lutte pour la dignité : contre l’arbitraire patronal, qui souhaite déplacer les salariés où il souhaite ; pour des conditions de travail où un panier repas, pour la pause, ne sera plus évalué à 1 euro et quelque ; contre la toute-puissance d’un groupe qui emploie 70.000 salariés en France et qui pense pouvoir licencier, comme bon lui semble, des travailleurs qui ont parfois plus de 50 ans et 25 ans de métier derrière eux, ou les faire passer en CDD.

Parce que je travaille dans le 93

Combien de fois n’avons-nous pas été confronté à une maman ou à un papa qui nous demande de déplacer un rendez-vous parent-prof parce que travaillant en horaire décalé ? Et puis parfois le croiser sur le quai de la gare, avant d’aller au boulot. Une gare où il-elle travaille : ces salariés invisibilisés qui, dans le métro, les gares SNCF, nettoient constamment, pour nous autres, les usagers.

Je travaille à Stains, dans le 93, et dans mes classes, les élèves ont souvent quelqu’un de leur famille, ou un voisin, qui travaille dans le nettoyage industriel. Un gréviste, même, parfois, dans deux cas. C’est pour ces raisons notamment que si cette grève pour la dignité gagne, c’est la dignité de l’ensemble des travailleurs, des habitants et des jeunes du département, qui ont suivi cette lutte, qui sera consolidée. C’est un autre rapport que nous pourrions y compris tisser avec nos propres élèves. Démontrer qu’entre les grévistes et nous, les travailleurs solidaires, c’est une communauté de vie que nous avons : que loin d’être en terrain hostile, nous autres, les enseignants, avec eux, nous avons les mêmes intérêts. Une démonstration et une estime de soi et des autres retrouvée qui vaut toutes les leçons de morale et d’éducation civique.

Parce que je suis usagère des transports en commun

Je travaille à Stains et je suis usagère des transports en commun qui sont encore, aujourd’hui, publics. Le gouvernement et les médias à sa botte, eux, poursuivent leur travail de démolition des services publics. La dernière panne à Montparnasse a été l’occasion d’en remettre une couche au niveau des transports en général et du rail en particulier. Si les travailleurs de ONet, de la sous-traitance de la SNCF, qui assurent au quotidien le nettoyage des gares, gagnent, c’est nous tous, les usagers, qui avons à y gagner.

En tant que femme et salariée

Je travaille à Stains, où je suis enseignante, en collège. En tant que femme et en tant que travailleuse, je ne peux rester insensible à la lutte d’autres femmes qui, depuis un mois, relèvent un triple défi, consistant à assurer une triple journée : en tant que mères de famille, le plus souvent, avec un foyer à charge, en tant que salariées en lutte mais également sur les piquets, où des permanences sont assurées nuit et jour, pour éviter que la grève ne soit brisée.

Elles, agentes d’entretien d’une entreprise sous-traitante de la SNCF, brisent la chaîne habituelle du commandement de l’organisation du travail, celle composée du chef et du sous-chef, en devenant actrices de leur lutte, aux côtés de leurs collègues hommes. Si elles gagnent, c’est nous toutes qui gagnons, dans le privé, comme dans le public. C’est nous toutes qui démontrons que les femmes en lutte, dans le 93 comme ailleurs, peuvent imposer le respect auxquelles elles ont droit et combattre les oppressions qu’elles subissent, à commencer par le lieu de travail.

Vive la grève !

C’est pour toutes ces raisons qu’il faut inciter les structures syndicales du 93, à commencer par les structures des personnels de l’Education, les militant-e-s, les salarié-e-s en général et les jeunes à manifester leur solidarité vis-à-vis des grévistes, à verser à leur caisse de grève et à participer aux actions qui seront prévues cette semaine culminant, samedi, avec une manifestation à Saint-Denis, depuis la gare, à 14h.

 
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