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La Izquierda Diario
11 de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Hallyday : malgré l’émotion des fans, des obsèques à l’image du « président des riches »
Georges Camac

C’est fait. Johnny Hallyday a donc été enterré ce lundi au cimetière de Saint-Barthélémy. Une cérémonie qui aura été marquée par un battage médiatique et politique particulièrement intense et une tentative de récupération de la part de Macron moins fructueuse que ce qu’il n’espérait.

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Comme Macron l’avait annoncé quelques jours auparavant, et malgré les oppositions qu’y avait opposé le chanteur de son vivant, l’hommage national pour Johnny Hallyday a bien eu lieu. Il a suscité une surenchère dans la classe politique et médiatique particulièrement intense, même au regard de la popularité incontestable du chanteur, une surenchère qui a dépassé plus d’une fois le stade de l’indécence.

Dans la presse écrite et audiovisuelle tout d’abord, le flot médiatique ininterrompu commentant chaque détail de l’affaire est venu éclipser toute autre forme d’actualité. Du côté politique aussi, chacun a voulu y aller de sa petite phrase sur les réseaux sociaux et montrer son visage au premier rang de la cérémonie, devant les camarades de la télévision. Espérant surfer sur le choc provoqué par la mort de l’idole, il était de bon ton de montrer sa tristesse et son émotion, quitte à dépasser quelque peu le sens des proportions et de la décence.

A ce titre, deux commentaires ont particulièrement fait réagir. Le premier a été celui d’Aurore Bergé, la porte-parole du groupe La République en marche à l’Assemblée, qui a osé la comparaison avec Victor Hugo : « Je ne sais pas combien de personnes il y aura dans la rue pour accompagner son départ. Je pense que c’est peut-être comparable à ce que la France avait connu pour Victor Hugo, par exemple. » Mais le « mur du çon » a carrément été franchi par Alain Finkielkraut, toujours prêt à utiliser n’importe quel prétexte pour déverser sa haine xénophobe, en écrivant ces lignes : « les petits Blancs sont descendus dans la rue mais les non-souchiens brillaient par leur absence ».

La cérémonie officielle organisée pour l’occasion était dans la même veine avec son déchaînement de faste et de bling-bling, et notamment cette parade en grande pompe sur les Champs Elysées. Il faut dire que Macron comptait sur l’occasion pour rattraper sa côte de popularité en chute libre, notamment dans les catégories populaires qui constituaient une large partie du public du chanteur. Une entreprise de récupération morbide qui n’a cependant pas été la hauteur de ce qu’espérait le « président des riches ».

L’argument du « deuil » et de « l’unité nationale » sur lesquels celui-ci comptait s’appuyer n’ont pas suffi à compenser les symboles lourds de sens de la cérémonie. D’abord, ce sont les sommes engagées pour la cérémonie qui ont fait jaser, au moment même où Macron, sous prétexte de la dette de l’Etat, engage une sévère cure d’austérité. Un constat renforcé par la mise en avant du président qui aura été omniprésent à l’écran. De plus, le casting soigneusement sélectionné pour l’occasion (dont a été par exemple exclu Marine Le Pen), à l’intérieur de l’église de la Madeleine, contrastait avec la foule populaire constituée de centaines de milliers de personnes et massées derrière les barrières, loin du corps du chanteur. Enfin, certains détails sont venus rappeler la politique du gouvernement : comme ces couvertures distribuées aux gens qui veillaient pour le chanteur par les autorités, et qui rappellent celles que n’ont pas les sans-domiciles qui s’entassent toujours plus nombreux dans les rues de la capitale.

Fin du périple, Johnny Halliday a finalement été enterré dans le cimetière de Saint-Barthélémy lundi soir. Un choix de lieu de sépulture qui a également suscité de nombreuses désapprobations, de par son éloignement des fans, géographique mais aussi symbolique pour cette petite île française surtout connue pour son statut de paradis fiscal et les nombreux milliardaires qui la peuple.

L’organisation des obsèques de Hallyday aura donc symbolisé de bout en bout l’image que le « président des riches » se faisait du rockeur. Une image certes plutôt fidèle de ce qu’était le chanteur français, figure de la jet-set, exilé fiscal condamné plusieurs fois pour avoir tenté de frauder les impôts. Mais bien éloignée surement de l’image que s’en faisait les nombreux fans du chanteur, qui voyaient dans la star du rock une personne proche du peuple. Un décalage à l’image du fossé existant entre Macron et les classes populaires, trop grand pour que l’entreprise de récupération de ces derniers jours puisse fonctionner.

 
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