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La Izquierda Diario
14 de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Jugée coupable "d’homicide"
Salvador : 30 ans de prison pour une fausse couche
Damien Bernard

Un tribunal du Salvador a confirmé mercredi la condamnation à 30 ans de prison de Teodora Vasquez, victime d’une fausse couche pour laquelle elle a été jugée coupable d’homicide.

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Le verdict est tombé. La peine d’un premier procès en 2008 a été confirmée. Teodora Vasquez, aujourd’hui âgée de 34 ans, avait écopé de 30 ans de prison. « Le tribunal a estimé que la (première) condamnation devait être confirmée », a déclaré l’un des juges, qui avait déjà siégé en 2008. La représentante du parquet, qui a requis la confirmation de la peine, a estimé que l’accusée avait « caché » sa grossesse et « qu’elle ne voulait pas d’un bébé » et rentre donc sous l’accusation d’ « homicide aggravé ».

Teodora Vasquez était enceinte de près de neuf mois quand elle avait appelé les urgences le 14 juillet 2007, depuis les toilettes du collège de San Salvador où elle était employée. N’obtenant pas de réponse des urgences, elle avait été victime d’une grave hémorragie et son bébé était mort-né. En découvrant le cadavre de ce dernier, un autre employé du collège avait prévenu la police et la jeune femme, encore inconsciente, avait été arrêtée.

Teodora Vasquez rejoint ainsi la liste de la vingtaine de femmes salvadoriennes condamnées à de lourdes peines pour avoir avorté ou fait des fausses couches. On se rappelle notamment d’Evelyn Beatriz Hernández Cruz, violée par un gang à 17 ans, qui a fait un déni de grossesse puis une fausse couche qui a été est accusée d’homicide aggravé à l’encontre du fœtus puis écopé de 30 ans de prison. La condamnation de Théodora Vasquez est une nouvelle illustration de cette loi mortifère qui condamne les femmes à une double peine lorsqu’elles tombent enceinte sans l’avoir désiré.

Quatre des cinq pays qui interdisent l’avortement, ou les fausses couches, en toutes circonstances se trouvent en Amérique latine. Le Salvador est un cas extrême où les femmes qui font des fausses couches sont immédiatement suspectées d’homicide avec circonstances aggravantes. Le code pénal prévoit une peine de deux à huit ans de prison pour les cas d’avortement, mais dans les faits, les juges salvadoriens considèrent l’avortement ou la perte du bébé comme un "homicide aggravé", un délit puni de 30 à 50 ans de réclusion.

Le Salvador est un pays parmi d’autres, où le fœtus a plus de valeur que la vie d’une femme. Le Nicaragua, le Chili et le Honduras interdisent également l’avortement, quelles que soient les circonstances. Ailleurs dans la région, l’avortement est autorisé seulement si la grossesse est issue d’un viol et/ou si la vie de la femme est menacée. Dans une majorité de pays, une IVG requiert l’autorisation d’un tiers – le père, le mari… le violeur parfois. C’est par exemple le cas dans la plupart des États-Unis.

L’histoire de Teodora Vasquez choque par sa violence, mais elle est surtout révélatrice de la condition des femmes à travers le monde, victimes de crimes sexuels, torturées et persécutées par des lois patriarcales et meurtrières. Car les assassins ne sont pas les femmes, mais ceux qui interdisent l’IVG et condamnent une femme à mourir des suites d’un avortement clandestin toutes les neuf minutes dans le monde.

 
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