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La Izquierda Diario
19 de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Derrière le blackface
Scandale suite à la photo raciste d’Antoine Griezmann en blackface
Léa Luca

Le tweet d’Antoine Griezmann, footballeur français, joueur de l’Atlético Madrid et de l’équipe de France, a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, suite à la publication le 17 décembre d’une photo de lui en blackface, pratique historiquement raciste. « Déguisé » en basketteur noir : le visage et le corps couvert de maquillage sombre imitant une peau noire, et arborant une perruque afro. La photo était sous-titrée de la mention : « un joueur des Harlem Globetrotters des années 1980 ».

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Le blackface : une longue tradition de racisme

Le blackface existe en Europe, comme aux Etats-Unis depuis le XIXème siècle : est alors très populaire la pratique théâtrale raciste des Minstrel Shows. Dans ces spectacles, des blancs se grimaient en personnes noires, représentant des personnages, stupides, paresseuses et ridicules. « Ces spectacles visaient à donner la race en spectacle et s’adressaient d’ailleurs aux blancs. Il s’agissait de faire rire aux dépens des noirs », explique le professeur de sociologie, Eric Fassin. Le plus connu de ces personnages est le clown Jim Crow, dont le nom finira par être une manière de nommer les afro-américains, et sera utilisé pour nommer les lois de ségrégation raciale aux Etats-Unis, instaurées en 1876. Dans ces spectacles qui se tiennent devant un public blanc hilare, les noirs sont rabaissés et déshumanisés, ce, in fine, légitimant leur soi-disant infériorité et donc leur domination.

… à la pratique encore bien courante

Si cette pratique est dénoncée pour son racisme depuis les années 60 et le mouvement pour les « civil rights » aux Etats-Unis, elle existe en France depuis le XVIIIème siècle, et reste pratiquée largement aujourd’hui. En effet ces dernières années de nombreux scandales ont vu le jour, suite à des cas de black face. Pour n’en citer que quelques-uns, on peut penser à la journaliste du magazine Elle, Jeanne Deroo, déguisée en Solange Knowles en 2013 pour une soirée, ou à la « soirée négro » tenue par des policiers au Kremlin-Bicêtre , ou encore ces étudiants de l’Ecole des hautes études commerciales de Lille, Qu’aujourd’hui encore il ne semble pas problématique d’afficher ce type de « déguisement » objectivant le corps des noirs, – qui plus est par une personnalité connue – et de le poster sur les réseaux sociaux, quand des polémiques éclatent très régulièrement sur des cas de blackface, en dit long sur le niveau de racisme qui peut exister en France aujourd’hui.

Les médias : antiracistes à bon compte

Depuis dimanche les médias, qu’on voit rarement si prompts à dénoncer le racisme, se sont saisi de l’affaire et profitent du buzz pour se racheter un vernis progressiste. Dans ces mêmes grands médias jamais on n’a lu une ligne sur les violences policières que subissent les personnes racisées dans les quartiers populaires, la répression qui touche depuis plus d’un an la famille d’Adama Traoré, qui se bat contre le racisme d’Etat. Jamais non plus on ne les a étonnement entendu dénoncer le caractère colonial de l’Etat français, qu’illustrait si bien le discours de Macron à Ouagadougou il y a quelques semaines.

 
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