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La Izquierda Diario
29 de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Complainte de député
Scandale selon le Figaro : Les députés sortants doivent s’abaisser à pointer à pôle emploi
Elise Morty

Pour le Figaro, il ne fait pas bon être un ancien ministre, parlementaire ou député. Après avoir mangé à la table des princes, ces derniers se retrouveraient contraints de pointer au pôle emploi. Un fait inadmissible pour ceux qui ont un jour gouverné. Dans ces temps difficiles, le Figaro leur adresse tout son soutien devant la dure réalité du chômage.

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Crédits photos : Thomas Samson / AFP

En ces périodes de fêtes, il est coutume d’avoir une pensée pour son prochain, pour les nécessiteux et pour tous ceux qui traversent des temps difficiles. Ainsi le Figaro adresse –naturellement- tous ses vœux de soutien aux anciens députés, ministres et parlementaires. Ces anciens députés, qui, ayant subi un « dégagisme » indigne de leur statut, se trouvent forcés et contraints de pointer au pôle emploi. En effet, selon le Figaro, les anciens députés et parlementaires viennent grossir les statistiques d’un chômage galopant, associé habituellement par le journal à une population qui n’y met pas du sien.

« Tu sers ton pays comme parlementaire et comme ministre, en essayant de faire de ton mieux. Tu consacres une partie de ta vie à ton pays. Il n’y a rien en retour, ni statut de l’élu, ni création de passerelles pour permettre de retrouver un emploi, Et dans le populisme ambiant, pas le droit de se plaindre. On est obligé de rester silencieux. On ne peut pas dire qu’on galère. » Cette citation attribuée à un ancien ministre de François Hollande préférant garder l’anonymat, résume assez bien les raisons pour lesquelles les députés se sentent lésés et qui sont intrinsèquement liées à un sentiment de disgrâce sociale. D’abord est évoqué sous couvert de patriotisme le fait qu’un élu ne devrait pas « s’abaisser » à la recherche d’emploi coutumière à la plèbe, après avoir consacré sa vie à la servir ou plutôt l’asservir. Au sein de ce discours résonne également la question du statut et du prestige accolé à la fonction politique.

Il est également sujet des aides financières perçues par ces élus au sortir de leur fonction, jugées insuffisantes et les condamnant ainsi à la recherche d’emploi au bout de quelques mois comme lors d’un vulgaire licenciement. Et c’est bien sur ce point que le sentiment de disgrâce vient se cristalliser : cette impression d’avoir été vulgairement licencié après avoir goûté aux fastes du pouvoir, venant s’ajouter pour certains à l’explosion de leur parti suite aux dernières élections présidentielles. Le gouvernement Macron, véritable rouleau compresseur, aurait fait de ces anciens privilégiés des citoyens parmi tant d’autres soumis à la « précarité » et à une difficile reconversion professionnelle pour certains. Les députés issus du secteur privé bénéficient du fond d’assurance mutuelle, différentielle et dégressive de retour à l’emploi. Celui-ci permet au député sortant de toucher l’intégralité de son salaire pendant les six premiers mois après son départ de l’Assemblée, soit environ 5782.66 euros nets contre 66 % pour un salarié du privé. Cette indemnité a aussi l’avantage de durer trois ans bien qu’elle soit dégressive. Alors qu’ils bénéficient de nombreux avantages en nature pendant toute la durée de leur mandat, les députés les perdent à la fin. Toutefois, ils conservent comme les sénateurs un droit d’accès régulier à l’Assemblée nationale, hormis dans l’hémicycle. « Un ancien député est aussi peut-être un futur député. Il conserve ainsi le droit d’accès aux services de l’Assemblée comme la bibliothèque, le restaurant... ». De plus, suivant l’ancienneté ils ont des avantages. Ceux ayant 18 ans d’ancienneté sont nommés à titre honorifique « Membres honoraires du parlement ». « Grâce à ce titre ils bénéficient notamment de la gratuité sur l’ensemble du réseau SNCF ». Ils peuvent également « obtenir le remboursement de 50% des dépenses afférentes à six voyages aériens aller-retour par an en métropole ». Il est à noter que beaucoup de députés sont partis à la retraite après avoir perdu leur siège. Là aussi leur retraite est plus que confortable : selon le site de l’Assemblée nationale, la pension moyenne des députés est de 2675 euros par mois.

Alors, dépeints comme « Réduits au silence », ces anciens membres du gouvernement sont conscients qu’il serait malvenu d’afficher leur désarroi à l’heure où le précariat ne cesse de croître tandis que les aides sociales tendent à s’amenuiser, ce qui ne les empêche pourtant pas de se plaindre quand même.

Ces anciens députés aujourd’hui éjectés de l’appareil d’état, sont en réalité le symbole d’une machine politique parfaitement rodée. En effet, ces anciens adjoints au pouvoir sont symptomatiques de l’élaboration d’une classe dirigeante toujours plus restreinte. Une caste politique faite d’un réseau de connaissances, déjà constituée sur les bancs de l’ENA à l’image de la fameuse « promotion voltaire ». Si le Figaro nous ferait presque pleurer du sort réservé à nos anciens élus, il nous renvoie l’image d’un outil politique renforçant à l’extrême ses liens avec la bourgeoisie. Ainsi, il faut inscrire ces politiciens désœuvrés, véritables nobles désargentés, au sein d’un système plus global reflétant les problèmes majeurs de notre système de représentation. D’abord la professionnalisation des élus (Ainsi l’ancienne député PS Françoise Descamps-Crosnier s’étonne de ne rentrer dans aucune case du formulaire) et la reproduction sociale au sein des fonctions dirigeantes. Notons que le Figaro a encore une fois parfaitement fait ce l’on attendait de lui. Au travers d’un article larmoyant sur « l’après » des élus, le figaro défend une fois de plus les siens en omettant de souligner les réels travers de notre démocratie.

Pour les anciens députés qui ont fait trois mandats législatifs, soit 15 ans d’ancienneté, ils « peuvent également obtenir le remboursement de 50 % des dépenses afférentes à six voyages aériens aller-retour, et, en ce qui concerne le train, soit une carte demi-tarif, soit le remboursement intégral de quatre voyages aller-retour en métropole ».

 
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