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La Izquierda Diario
5 de janvier de 2018 Twitter Faceboock

Macron, Facebook, Google et Cie
Derrière la chasse aux « fake news » , les médias indépendants visés
Maly Drazkami

L’affaire fait grand bruit et a de quoi : Macron lors de ses vœux à la presse a annoncé vouloir amplifier la lutte contre les « fake news » sur internet et sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, avec la mise en place d’un contrôle et des sanctions judiciaires accrus. Mais contrôle de quoi exactement ?

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Macron annonçait mercredi lors de ses vœux à la presse vouloir endiguer sur internet la propagation de fausses nouvelles, et ce notamment, durant les périodes électorales. « Si nous devons protéger notre démocratie libérale, nous devons être forts et avoir des règles claires » a-t-il ainsi déclaré. Alors même que la défiance est croissante envers les institutions, les hommes et les femmes politiques et ses chiens de garde, l’annonce fait mouche.

Car si Macron met en avant la question de l’ingérence russe lors des élections présidentielles américaines arguant donc la nécessité de protéger « notre » (ou leur) démocratie, et celle de la grande « neutralité journalistique », qui se ressent fortement quand on voit les actionnaires des grands médias, le dessous de l’affaire est surtout de se donner les moyens d’imposer sa version des faits, libérale-compatible.

Homogénéiser l’opinion et faire taire les médias indépendants

Macron l’a dit lui-même, il faut museler les dissidents : « Il y a là une stratégie financée visant à entretenir le doute, à forger des vérités alternatives, à laisser penser que ceux que disent les médias et les politiques est toujours plus ou moins mensonger. ». Le mot est lancé, il va maintenant falloir contrôler la vérité de l’information, et être certain que ce soit celle des classes dominantes qui soient diffusées, et gare à ceux qui oseraient la dénoncer. À l’heure où le gouvernement protège l’Etat israélien et fait passer l’antisionisme pour de l’antisémitisme, on imagine les conséquences que cela pourrait avoir.

Il n’est pas anodin que la question du contrôle de l’information soit mise sur le devant de la scène au moment même où le pouvoir des bourgeoisies est de plus en plus remise en question. Critique de la démocratie représentative, de la non-légitimité du président, des avantages de la caste politicienne, du lien plus qu’étroit qui lie Dassault, Arnaud, Bouygues et cie avec la presse, etc. Leur système perd en légitimité, leur idéologie perd peu à peu en crédibilité, alors quoi de mieux que de s’assurer d’avoir les outils nécessaires pour la promulguer.

Si la loi de 1881 acte déjà l’interdiction de la publication de fausses nouvelles, c’est plus le partage de celle-ci qui pose problème à Macron. De quoi donc tendre la main aux réseaux sociaux.

Facebook déjà en marche vers la sélection de l’information

Les algorithmes de Facebook qui font notre fil d’actualité restent un grand secret. Comment est sélectionné le contenu mis en avant, on ne le sait pas, ou pas entièrement. Par contre, force est de constater que les réseaux sociaux deviennent le premier informateur de la population, et que c’est donc le bon vouloir de Facebook qui sélectionne l’information, qui accepte de les mettre en avant ou non.

Mark Zuckerberg a lui-même annoncé dans ses vœux qu’un de ses grands défis de l’année serait de renforcer la chasse aux fake news : « Nous n’empêcherons pas toutes les erreurs et tous les détournements [de Facebook] mais nous faisons à l’heure actuelle trop d’erreurs pour ce qui est de faire respecter nos règles d’utilisation et d’empêcher les mauvais usages de nos outils  ».

Dans le cas de Facebook, celui-ci a déjà à sa botte une myriade de journalistes travaillant pour les grands noms de médias (Libé, Le Monde, l’AFP, BFM, etc) devant surveiller les contenus signalés et trancher sur leur véritable vérité. Ses portes sont ouvertes pour ces mêmes grands titres qui, s’ils ne publient pas de « fausses informations » publient toujours le même type d’information, et sont financés par les mêmes grands pontes de l’économie. De quelle neutralité nous parle-t-on ?

Et ces journalistes sont ainsi rémunérés par Facebook pour débusquer ces fake news. Les médias financés par les réseaux sociaux qui diffusent par la suite leur contenu. Des médias qui sont grassement payés pour leur partage de vidéo. Des liens donc très forts qui s’établissent entre les producteurs et les diffuseurs d’information. Il faut avoir les ficelles pour s’intégrer à la toile.

Chez les gouvernements comme chez les gérants des réseaux, la même logique, concentrer la diffusion de l’information de certains médias « validés », se transformant eux-mêmes en experts de la vérité, pour museler toute alternative à leur voie imposée.

 
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