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La Izquierda Diario
10 de janvier de 2018 Twitter Faceboock

Ruptures Conventionnelles Collectives : une « première victoire » ?
Pimkie : la CGT, FO et la CFDT refusent la RCC mais négocient… les 208 suppressions d’emploi !
Yano Lesage

Hier, la CGT, FO et la CFDT rejetaient à la majorité syndicale le projet de Rupture Conventionnelle Collective (RCC), disposition ouverte par les ordonnances Macron, proposé par l’entreprise Pimkie pour licencier 208 salariés. Aujourd’hui, la CGT et la CFDT viennent de valider le plan de départs volontaires de la direction, autre modalité de licenciement des 208 salariés concernés. Du pareil au même qui est, contrairement à ce que défendent la CGT et la CFDT, loin d’être une « victoire » si cela consiste à négocier les termes des 208 licenciements.

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L’affaire a fait grand bruit dans la presse. Avec PSA et le Figaro, l’entreprise de prêt-à-porter Pimkie a été la première à proposer la mise en place de Ruptures Conventionnelles Collectives, nouvelle modalité de licenciement ouverte par les ordonnances Macron, pour licencier 208 salariés. Il faut dire que l’encre de la loi Travail est à peine sécher et déjà les patrons des grandes entreprises françaises se saisissent de l’aubaine pour licencier plus facilement. Le dispositif des Ruptures Conventionnelles Collectives, dernière duperie rajoutée à la hâte dans le contenu des ordonnances, permet de licencier de manière groupée les effectifs, sans devoir justifier de difficultés économiques pour l’entreprise, et sans avoir à accompagner le reclassement des salariés, ni à payer d’indemnités de licenciement. Avec les RCC, les salariés licenciés ont seulement la possibilité de toucher leurs droits au chômage, payés par les caisses de l’Unedic, sur deux ans maximum.

Un rejet du projet de Ruptures Collectives Volontaires…

Une abomination, que les organisations syndicales majoritaires CGT, FO et CFDT, qui doivent donner leur accord au plan pour que celui-ci soit validé, ont refusé ce mardi 9 janvier. En effet, y compris les élus CFDT de l’entreprise ont annoncé qu’ils ne signeraient pas l’accord nécessaire à la mise en place d’un RCC, tout comme la CGT et Force Ouvrière, soit une large majorité des représentants du personnel. Comme le fait savoir la CFDT dans un communiqué « la direction [de Pimkie] a du faire face à une situation de blocage de trois organisations syndicales et abandonner son projet de rupture conventionnelle collective »… mais pas son projet de licenciement.

Mais l’acceptation d’un plan de départs volontaires et toujours 208 licenciements !

En effet, la direction de Pimkie, face au blocage, a été contrainte d’abandonner le projet de RCC pour proposer un « plan de départs volontaires », autre forme juridique d’un plan de licenciements, mais qui impose davantage de contraintes à l’employeur du point de vue de la justification des difficultés économiques, du reclassement et des indemnités. « C’est une première victoire » clament la CFDT tout comme la CGT Pimkie dans leurs communiqués respectifs. « Une première victoire » qui va avoir un goût très amer pour les 208 salariés qui perdront malgré tout leurs emplois, quelque soit la hauteur des indemnités, et viendront faire grossir un peu plus les chiffres du chômage.

On attend encore la réaction de Force ouvrière qui disait, dans les colonnes du Parisien, au sujet du projet de RCC, refuser « d’être la cheville ouvrière d’un plan social déguisé ». Sans trop y croire. Les conceptions syndicales de Force Ouvrière autant que l’attitude de la centrale quant aux ordonnances Macron sont toujours plus ancrées dans une logique de négociations et de collaboration avec le patronat, et de moins en moins dans la construction d’un rapport de force comme l’a souligné, sur RTL, Pascal Pavageau, en déclarant que « le syndicalisme ne se résume pas aux grèves ». Ainsi l’attitude des organisations syndicales majoritaires – la CFDT comme la CGT ont annoncé d’ors et déjà leur participation à la réunion de négociation sur le plan de départs volontaires – présage du pire. L’entrain avec lequel CFDT et CGT ont qualifié de « victoire » la requalification du plan de licenciements de 208 salariés est clairement le signe qu’elles acceptent les nouvelles modalités de licenciements et sont loin d’être prêtes à organiser à Pimkie la lutte pour maintenir les 208 emplois menacés.

Lutter pour les indemnités ou pour le maintien des emplois ?

Contrairement à ce qu’elles prétendent, le plan de départs volontaires ne change pas grand-chose à la donne par rapport à la Rupture Conventionnelle Collective : le licenciement et le chômage n’y est toujours pas plus volontaire, ni plus avantageux que le fait de préserver son emploi. Plutôt que d’aller négocier les conditions de licenciements, c’est contre ces derniers que les organisations syndicales, à Pimkie comme à PSA où un projet de RCC est prévu, doivent s’opposer.

Dans le cas de Pimkie, les organisations syndicales clament leur rejet du RCC, « première victoire », qui a eu les titres de la presse ce mardi. Une attitude qui permet de redonner les couleurs de la combattivité à des organisations qui ont accompagné les réformes du marché du travail – c’est le cas de la CFDT et de Force Ouvrière – et qui ont été vivement contestées pour cette stratégie. Mais cette prétendue bataille n’est que l’arbre qui cache la forêt de la désertion du terrain de la lutte pour la préservation des emplois en la remplaçant par une lutte juridique sur la question des modalités de licenciements. Aller négocier les termes d’un licenciement n’est pas une victoire, en particulier pour les 208 salariés concernés par les menaces de licenciements sur le dos desquels la CFDT et FO se refont une santé, sans résoudre en rien la question centrale qu’est la lutte pour l’emploi et contre le chômage.

Cet échec, « c’est un parfait exemple de l’équilibre entre flexibilité et protection des salariés souhaité par la réforme du Code du Travail » a déclaré le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui n’a manqué, lui aussi, de se saisir de l’occasion pour flatter le « dialogue social » et la collaboration toujours plus grande des organisations syndicales aux plans du patronat, sous couvert de « modération » et de « négociation ».

 
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